xRatonx et la bagarre HS#1
lundi 11 janvier 2021Amateur de post-musique, de breakdowns et de gelée de groseilles.
Après sept épisodes fournis qui, j'espère, vous auront plu, il est temps de vous offrir le premier hors-série de Raton et la bagarre.
Alors que l'année 2020 a confirmé un retour en force de la scène straight edge, un peu à la peine depuis la fin des 2000s et du positive hardcore qui incarnait sa troisième vague, j'ai envie de revenir avec vous sur les sorties sous le sceau du X les plus marquantes.
Comme il y en a toujours qui découvrent la scène avec ces articles, un rappel des fondamentaux s'impose. Le mouvement straight edge, abrévié sXe, s'est imposé tôt dans la scène punk hardcore comme une réponse aux comportements abusifs et excessifs qui formaient la norme. Les adeptes refusent principalement la consommation d'alcool et de drogues (la pratique du sexe hors relations stables était aussi condamnée dans les débuts). D'autres chapelles apparaîtront dans les 90s comme le vegan straight edge, ou xVx, qui y ajoute le refus de toute consommation carnée et de la maltraitance animale.
Aujourd'hui, une nouvelle génération, nourrie autant par Earth Crisis que Have Heart, vient redonner du sang neuf à la communauté straight edge et c'est l'heure de célébrer les excellentes sorties sXe de l'année avec 10 galettes inédites et 3 déjà chroniquées dans R&LB. Grand prince, je vous offre également une playlist plus exhaustive en fin d'article.
Pour cet article, je tiens à remercier chaleureusement les copain.e.s qui m'ont aidé à passer en revue un maximum de sorties. Merci donc à Fabien, Lysie et le formidable Brutal Youth.
Photo de couverture : Path of Resurgence.
Power Alone – Rather Be Alone
Metalcore / Hardcore – USA (Indecision Records)
Le classement était arrêté, mais pendant mes rattrapages 40 secondes de Power Alone ont suffi à me convaincre de leur faire une place de choix. Tout est réuni pour me faire de l’œil : une chanteuse au grain légèrement saturé, des riffs mid-tempo qui sont autant d'invitations à faire des spin kicks dans votre salon, une attitude new youth crew délicieusement groovy et des paroles engagées et intelligentes ("Fuck your objectivist notion of “progress.” / Your supremacist views have sealed our doom"). Les breaks sont malins et les riffs se livrent volontiers au "chug-chug" sans jamais tomber dans la parodie balourde. Le mix équilibré et net sert parfaitement les compositions, parfaitement audible sur le titre éponyme et son premier couplet inévitable. Pour couronner le tout, la chanteuse Eva ne s'intéresse pas qu'au quotidien de straight edge (thème éculé depuis déjà 20 ans) et évoque également la logique productiviste ("Desert"), les injonctions à la beauté ("Patriarchal beauty standards still oppress" dans "Stay True") ou la complaisance ("Listen"). Un groupe qui incarne à merveille la nouvelle garde du hardcore (inclusif, réflexif et efficace) et qui mérite bien plus de visibilité.
Drain – California Cursed
Thrash crossover – USA (Revelation Records)
[Billet issu du R&LB#4] L'album commence par le bruit des vagues qui lèchent le rivage californien, les mouettes hurlent et quelqu'un tombe dans l'eau. Surgit le premier riff, acéré et typique de la Bay Area, qui se retrouve rapidement accompagné d'un martèlement de batterie sourd et davantage emprunté au hardcore. Le décor est planté : du thrash crossover hurlé par un type en short de bain, avec pour toile de fond les plages du Golden State.
Le label nous dit que Drain reprend l'énergie contestataire de Bl'ast, originaires également de Santa Cruz. La paternité n'est pas évidente car Drain emprunte une voie plus voyou et incisive que les légendes locales avec notamment des gros breaks beatdown (celui de "Character Fraud" ne laisse pas indifférent). Dès "Feel the Pressure", le chanteur Sam Ciaramitaro fait montre d'un phrasé impressionnant et ultra rythmé, avant que "Hyper Vigilance" ne confirme le pressentiment avec un break nasty (vous savez ce terme employé par les ricains pour désigner des passages vicieux, qui s'écoutent avec les sourcils froncés et l'envie d'en découdre). Seule pause dans ce disque à l'efficacité indéniable : "Hollister Daydreamer", interlude électrique de milieu de disque qui pourrait sortir tout droit d'un disque de thrash de la grande époque de la Bay Area...
World of Pleasure – World of Pleasure
Metalcore – Canada (auto-production)
Non satisfaite de pondre des purs monuments de metalcore abrasif avec Mortality Rate (qui a d'ailleurs proposé cette année un délicieux remaster de son excellent premier album "Sleep Deprivation" qui rend vraiment justice à son contenu et notamment à son ultra tube "Sandman") Jess Nyx décide de créer un side project tout aussi acide et écorché. Cette fois le projet est ouvertement vegan straight edge et voit la chanteuse accompagnée du batteur de Serration. Batteur qui apporte une identité extrêmement forte avec des toms de batterie qui sonnent comme des bongos et dont la production est exemplaire. En résulte un EP très dense et absolument colérique qui confirme le fait que Jess est une des meilleures chanteuses de hardcore actuelles. L'EP dure 6 minutes, mais écoutez "Domination" qui est une proposition impeccable d'intensité et de nervosité.
Iron Deficiency – Vehemence
Metalcore / Hardcore – France (auto-prod / Youth Authority Records)
Impossible de ne pas placer ici au moins un groupe de la bouillonnante nouvelle scène lyonnaise. Sous la bannière du LYHC (LYon HardCore), plusieurs groupes émergent et embrassent une posture straight edge sans compromis, soutenus par la flamboyante écurie Youth Authority Records. Parmi eux, Iron Deficiency est une grosse tarte aux marrons. Avec des riffs de tempête et un chant écorché féminin de très haute volée (les frissons sur "There's no time for this shit ANYMORE"), le groupe déploie une formidable énergie aux confluents du hardcore et du metalcore avec des références au metal extrême autant qu'au youth crew. Une sortie qui fait chaud au coeur dans tout ce qu'elle entreprend et dans toute l'énergie qu'elle insuffle dans la scène nationale.
Dans la même scène Lyon Straight Edge Crew, je ne peux que vous conseiller également xBreakoutx (Mathilde, chanteuse de Iron Deficiency, fait une apparition sur le titre "Time's Up") et Spin Around (et leur hymne "Armed with an X") avec pas mal de membres en commun.
Incentive – Forged Through Passion
Metalcore – USA (auto-production)
Beaucoup de choses sentaient bon chez Incentive, avant même d'entamer le premier morceau. De la police étirée verticale classique sur le côté gauche (popularisée par Judge et le youth crew puis réutilisée par Disembodied et plus récemment Knocked Loose), au riff thrashy et crachotant sur le morceau introductif, tout refoule le metallic hardcore dissonant gonflé au touka-touka. Inévitablement, on sent les influences du metalcore 90s (Strife n'est jamais loin), mais les Américains ont insufflé un sacré groove plus moderne avec des passages plus lumineux et des arpèges électriques. Si les riffs redoutables sont le gros atout de cet EP, le chant est loin d'être à la peine avec une alternance chant scandé et saturation rêche et maîtrisée. Le dernier titre, "Rebuke", est à ce titre une leçon avec un crescendo ultra efficace pour finir sur un break sobre mais puissant. Avec les réécoutes, chaque titre bénéficie de son identité propre et il devient plus compliqué de n'en sélectionner qu'un tant les plans marquants sont légion. Un excellent EP et un groupe à suivre de près.
xRisalex – Demo 2020
Metalcore – Turquie (auto-production)
L'artiste derrière xRisalex le dit lui-même, il propose une "agression straight edge venue de nulle part". Personne n'attendait la sortie de cette première démo de metalcore sXe turc, pays peu connu pour sa scène hardcore (loin d'être inexistante, elle s'exporte en revanche très mal). Le projet est entièrement composé et interprété par Ozan Güner, dessinateur et membre du groupe de hardcore Backover. Seules les parties de batterie ont été conçues par Parham A.G, artiste de la scène metalcore / stoner d'Istanbul. Ce dernier s'est également occupé du mix et du mastering bien qu'on devine rapidement que ce n'est pas son métier. La démo sonne très amatrice, mais ça renforce à mes oreilles la spontanéité quasi-émotive des quatre morceaux.
À l'écoute, difficile de ne pas penser à la scène metalcore vegan straight des 90s avec les riffs épais et ce chant, qui joue en permanence sur la "ligne de brisure". Je vois aussi un hommage au MySpace-core revival et à SeeYouSpaceCowboy tant xRisalex insiste sur les riffs dissonants et les breaks subits et nerveux.
Pour les turcophones parmi nous, je ne peux que vous conseiller d'aller jeter un oeil au fanzine straight-edge antifasciste créé par Ozan Güner : "I refuse this apathy / I don't need your sympathy / Resistance injected in my veins / Commited, nailed to the X."
Vanguard – Rage of Deliverance
Metalcore – USA (New Age Records)
[Billet issu du R&LB#7] Je vous le disais déjà dans l'introduction de notre bilan hardcore, la décennie 2011-2020 semble avoir été celle des revivals et des réappropriations. Après une décennie d'innovations hallucinantes, le hardcore a regardé en arrière pour prolonger ses nouvelles scènes et puiser à nouveau l'énergie des anciennes. Dans cette tradition, Vanguard est revenu à ses premiers amours et à l'essence nostalgique d'une scène qui a déchiré les années 90 : le vegan straight edge. Dans la première moitié des années 90, le véganisme s'est largement imposé dans le mouvement straight edge avec la mouvance xVx. Deux figures de proue émergent : Earth Crisis qui devient le mètre étalon absolu du metallic hardcore xVx et Vegan Reich qui forme la mouvance hardline, plus réactionnaire, conservatrice et exclusive.
Ne vous y méprenez pas, malgré leur logo rappelant celui de Statement, leur goût pour poser avec des grosses pétoires en appelant à l'insurrection et leur nom identique à celui du magazine officiel du mouvement hardline, les gars de Vanguard sont radicalement opposés à l'idéologie aussi cloisonnée qu'intolérante de la ligne dure.
Au contraire, le groupe embrasse "l'activisme intersectionnel au nom des animaux, mais également de l'égalité politique, éducative, économique et sociale pour tous les êtres humains marginalisés" (échange avec le groupe en novembre dernier).
Dans le son, on retrouve évidemment du Earth Crisis, mais également des touches d'Unbroken ou pour une référence plus récente, des morceaux d'Inclination. "Rage of Deliverance" est une savoureuse pièce de 18 minutes, inspirée et habitée qui propulse Vanguard sur le podium des sorties straight edge underground de l'année. Rien que le premier morceau saura convaincre le ou la plus dubitatif.ve d'entre vous : alors que l'introduction est un solennel discours de Philip Wollen sur la souffrance animale, le premier riff, tonitruant, est un appel à l'action directe. La guitare est dense et hargneuse, jamais loin des influences du edge metal, tandis que la batterie sèche et nette complètent les appels sourds d'une basse saturée. Aucun titre n'est à jeter, de la furie sourde de "Detach" à l'utilisation pertinente de chant clair à la fin de "Under No Pretext".
Struck Nerve – Rattle the Cage
Hardcore – USA (Youngblood Records)
Après une démo en 2018, Struck Nerve aura attendu la fin 2020 pour livrer son premier album. Formé par des habitués de la scène de Philadelphie, parmi lesquels le bassiste de Jesus Piece, le groupe livre un hardcore nerveux et rapide qui m'évoque Ceremony (période SNMY / Rohnert Park), surtout avec cette voix éraillée et grinçante. Le riffing s'inscrit quant à lui dans une tradition east coast / youth crew abrasive et pesante (j'ai pas mal pensé à The First Step). Le groupe s'efforce de ne pas tomber dans une seule école et prône un hardcore puissant à la sincérité transpirante : "No new wave no old wave. Just one scene unity."
"Rattle the Cage" enchaîne les titres à pleine vitesse, avec une énergie communicative et une rigueur d'exécution frappante. Leur hardcore est démonstratif et enjoué avec une frontalité et une approche rock'n'roll extrêmement séduisante. Je reste particulièrement charmé par le delivery intense et propre de Marty Williams. Il permet de transformer des morceaux plutôt basiques comme "$$$" en hymne à hurler à pleins poumons. Classique mais impeccablement exécuté, Struck Nerve nous offre un excellent moyen de terminer l'année.
44.caliberloveletter – A Hedgehog's Dilemma
Emoviolence – Suède (See You Next Summer!)
[Billet issu du R&LB#3] Quelque peu éclipsée par les scènes française et italienne, la scène suédoise est souvent oubliée en parlant du screamo européen. Pourtant, on connaît leur appétence pour le hardcore et notamment leur fantastique réappropriation du D-Beat/Crust. Pour le hardcore émotif, même combat, ce ne sont pas les excellents groupes qui manquent : Suis la lune, Suffocate for Fuck Sake et Vi som älskade varandra så mycket ("Nous qui nous aimions tant") pour les principaux.
44.caliberloveletter, dont le nom est tiré d'un morceau d'Alexisonfire, ne va pourtant pas poursuivre le chemin de ses compatriotes ci-dessus, et n'incorpore pas de post-rock à sa recette (seul point commun des 3 groupes cités). À l'inverse, iels choisissent le prolongement le plus brutal et chaotique du screamo avec l'emoviolence (comme en témoigne le morceau fort bien nommé "xEMOVIOLENCE CREWx"). Inévitablement, le groupe rappelle les éruptions écorchées d'Orchid ou de Jeromes Dream (que l'on retrouve également dans les riffs et dans le phrasé syncopé), mais sans oublier de construire sa propre ambiance incendiaire.
C'est notamment le cas en insistant sur une sensibilité "bagarre", comme dans le titre évoqué plus haut et qui contient un break frauduleux délicieux. D'ailleurs, la chanteuse a un petit cheveu sur la langue qui donne un côté réel et authentique à leur musique et ce n'est pas pour me déplaire.
Il s'agit là de leur premier album (13 minutes seulement), après une unique démo en 2018, et tout porte à croire que la suite sera très enthousiasmante.
Life Force – Hope and Defiance
Hardcore – USA (New Age Records)
Derrière sa pochette explicite, Life Force propose un gros hardcore straight edge vindicatif et costaud porté par des vétérans de la scène, dont Matt Fletcher guitariste de Shai Hulud depuis plus de 20 ans. Clairement orienté old-school mais sans jamais être poussiéreux ou à côté de la plaque, c'est un EP extrêmement convaincant et terriblement actuel. Le groupe s'affirme comme fermement anti-autoritaire et s'engage contre la répression d'état et la société de surveillance, tout en proclamant son engagement vegan straight edge. Le chant de Flint Beard marque l'album par son grain viscéral rappelant les meilleures sorties de la fin des 90s. Son timbre rauque et sa saturation toujours à la limite de la rupture se hissent sans problèmes parmi les meilleures performances vocales de l'année. Une sortie propulsée par New Age Records qui sont déjà derrière la tuerie Vanguard.
Stand Alone – Whatever It Takes
Hardcore – USA (auto-production)
Si je vous dis Syracuse straight edge, vous me répondrez à coup sûr Earth Crisis (même si les petit.e.s malin.e.s citeront plutôt Path of Resistance ou Another Victim). Mais il existe une nouvelle garde, fièrement incarnée par Stand Alone, qui vient nous assurer que la scène est encore "alive and well in 2020". Dans un registre assez classique, le groupe évoque surtout le hardcore straight de la fin des années 90 / début 2000. Avec des riffs plus mid-tempo entre deux couplets envoyés à toute berzingue, on peut penser à Carry On, dont le groupe avait déjà proposé une reprise sur leur précédente démo. On retiendra surtout les titres "Burdened With Brotherhood" et "Whatever It Takes" et leurs riffs marquants. Du côté des paroles, attendez vous au registre sXe habituel.
Protein – The Things I Cannot Hide
Hardcore (mélodique) – Pologne (auto-production)
Ce qui m'amuse avec les groupes straight edge c'est qu'ils ne peuvent pas s'empêcher de mettre "STRAIGHT EDGE" en majuscules criardes dans leur bio Bandcamp. Vous me direz, ça me facilite le travail, m'évitant de devoir lire des interviews dans lesquelles le groupe détaille son programme et son régime alimentaire. Protein n'échappe pas à la règle, mais propose une originalité géographique notable en venant de Pologne. Le hardcore du groupe, volontiers mélodique, multiplie les références au positive hardcore et au youth crew. Le chant, davantage scandé et éraillé que saturé, ainsi que les riffs et les ponts évoquent en permanence Bane et laissez-moi vous dire que depuis la séparation de ces derniers, c'est loin d'être un mal de retrouver leur son. On retiendra notamment le puissant titre "In Between" et son riff va-t-en-guerre. Celles et ceux voulant creuser la scène sxe polonaise peuvent se pencher sur la première démo de Care, sortie en 2020 également, ainsi que sur le reste du catalogue Youth 2 Youth Records.
Rain of Salvation – In Times of Desperation
Metalcore / Beatdown – USA (auto-production)
Rain of Salvation est proche de la nouvelle scène LIHC pour Long Island Hardcore et qui réunit des groupes extrêmement prometteurs comme Hangman, Regulate ou Sanction. Souvent inspirés par les cadors de Vision of Disorder, ces groupes y ajoutent une touche nettement plus moderne et volontiers une louche de beatdown dans le mélange. Rain of Salvation adopte le même parti-pris avec un metalcore "tough guy" aux muscles bandés servi par des breaks bien bas du front. La production se révèle un poil trop massive et plus dense que sur l'EP précédent, donnant aux trois titres un côté parfois trop forcé. Le premier morceau, "The Sound of Triumph", s'impose rapidement comme un hymne metalcore à gros bras, mais les deux morceaux suivants (malgré des lignes vocales à la Knocked Loose efficaces sur "October Sky") peinent à se hisser à la même hauteur. Le dernier titre sonne même tristement brouillon à la lumière de ce qui lui précède. En revanche si vous voulez du plus beatdown, foncez vers le side-project Pain of Truth, avec des membres de Hangman et Out for Justice.
Les hors-catégories
Je ne pouvais pas ne pas vous parler de la première démo de Path of Resurgence. Le groupe n'est pas à 100% straight, mais plusieurs membres n'hésitent pas à en arborer les symboles donc ce n'était que justice que je leur fasse une petite place dans ce top. D'autant plus que leur démo est sans aucun doute dans mon top des sorties edge metal de l'année. Quel délice de retrouver les sonorités H8000 (scène originellement belge avec Congress, Liar ou Arkangel et qui propulse le metalcore au-delà de la frontière avec le metal extrême) chez un groupe suisse (francophone et originaire de Lausanne). Path of Resurgence (je refuse de ne pas voir une référence aux new-yorkais xVx de Path of Resistance) propose deux morceaux d'une densité effrayante avec des riffs déchirants et un chant féminin qui n'est pas sans rappeler xElegyx (à propos de qui je ne tarirai jamais d'éloges non plus). Je vous invite très chaudement à les suivre et comme moi, à attendre religieusement leur prochaine sortie en 2021.
La meilleure sortie straight edge n'est pas dans le top car elle est malheureusement trop courte mais c'est évidemment le "Promo 2020" de One Step Closer. Le mini EP ne contient que deux titres dont une reprise donc il me semblait compliqué de les inclure, mais il s'agit de deux titres d'une immense qualité. Le groupe convoque autant l'esprit de Have Heart que de Moss Icon avec un hardcore mélodique et émotif d'une puissance rarement atteinte dans la scène récente.
Les bonus
Pour les insatiables d'entre vous, voici une liste la plus exhaustive possible de toutes les autres sorties sXe/xVx.
Et pour garder le fil, je vous ai concocté une playlist réunissant les 33 meilleurs artistes straight edge 2020. Certains n'étaient pas disponibles sur Spotify, mais la liste me semble quand même avoir chouette allure. Bonne écoute !
Trois autres albums, déjà abordés dans des précédents numéros : le déluge edge metal impitoyable de Year of the Knife (R&LB#6), le hardcore old-school et référentiel de Change (R&LB#6) et la déception poussive d'Ecostrike (R&LB#5).
Gadget: rempli généreusement de riffs turbulents et de sourcils froncés, "Spreading the Love" était une des solides propositions straight edge du début 2020. Les agité.e.s du pit et les acrobates du mosh apprécieront.
Fyzical: projet mystérieux signé chez les exceptionnels Triple B. Tout ce qu'on sait c'est que le groupe est composé de membres de groupes appréciés, qu'il est partagé entre New York et le Nebraska et que le groupe se revendique méchamment straight edge. Pour le moins efficace.
Degeneration XXX : les gros débilos du top c'est ce groupe de beatdown straight edge de Salt Lake City. Le groupe donne le ton avec le premier morceau "MySpace.com Go Fuck Yourself" et son "Degeneration straight edge you mark-ass bitch". Tout à fait bandit et mid-tempo, le moshcore de Degeneration XXX est ponctué de breaks bien neuneus. Personnellement c'est tout ce que je trouve insupportable, mais je sais que ça peut plaire, notamment à celles et ceux qui ont aimé Sunami.
xBystanderx : hardcore dans la complète tradition du straight edge east coast des 2000s (Bane, Have Heart). C'est énergique mais ça reste extrêmement convenu, malgré une voix puissante et quelques idées de riffs.
Brute : new youth crew du New Jersey, jamais très loin d'une énergie new-yorkaise avec du 2-step et des passages mid-tempo solidement envoyés.
Reaction : très solide EP de NYHC pour un espèce de Agnostic Front moderne et copieux.
Le label allemand Bound by Modern Age a publié beaucoup de sorties orientées vegan straight / libération animale avec le death metal de Ritual of Decay, le metalcore xVx 90s australien de Unworthy of Life, leur homologue allemand de Forward to Eden (qui promeut un "Jihad vegan", on repassera niveau subtilité), le metalcore/deathcore russe de Enslaveou le edge metal finlandais de Cleansing. Un peu plus troisième zone que toutes les autres entrées, mais certaines sorties sont intéressantes.
Mais aussi Guerra Interna (UK82 / Oi! - Catalogne), Care (Youth crew hardcore - Pologne), No Other Way (Vegan hardcore - Virginie), Link by Link (Hardcore - Texas), BIGxFOOT (Youth crew hardcore - Russie), Last Straw (Youth crew hardcore - Connecticut), Better Run (Vegan hardcore - Autriche), Urban Void (Fast hardcore - International), Ahora (Youth crew - Espagne), True Fight (Youth crew - Japon).