The Vision Bleak : Weird Tales & Other Haunting Stories
DVG (De Verlichte Geest) - Courtrai
L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.
Ceci n'est pas un live report. Non pas que le thème de la soirée ait été le surréalisme mais plutôt le fantastique, voire l'horreur chers à Edgar Allan Poe et Lovecraft durant ce show en deux parties proposé par The Vision Bleak durant cette courte tournée. Non, ceci n'est pas à proprement parler un live report, mais plutôt un article hybride, mi-chronique, mi-récit de l'interprétation live de Weird Tales dans son intégralité par le combo gothique allemand.
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En effet, The Vision Bleak a pris la décision somme toute logique de jouer Weird Tales en entier d'une traite durant cette mini-tournée « Weird Tales & Other Haunting Stories », et pour cause : ce dernier album, sorti plus tôt cette année, est à écouter comme une succession de nouvelles fantastiques mises en musique. Chacune de ces nouvelles rend également hommage à une influence assez nette du groupe. La mélodie incroyablement accrocheuse de « In Rue d'Auseil », inquiétante comme la nouvelle de Lovecraft (« La musique d'Erich Zann ») dont elle s'inspire, lance Weird Tales au mieux – malheureusement, les aléas des catastrophiques routes belges et un kebabier particulièrement incompétent me feront rater ce morceau, mon préféré de l'album et l'un de ceux qui pourraient devenir un futur classique, dans ce De Verlichte Geest Courtrai bien rempli pour l'occasion.
« Weird Tales », c'est aussi le nom de cette revue de pulp horror américaine lancée dans les années 20 et au sein de laquelle seront publiés la plupart des récits dont s'inspire ici The Vision Bleak ; l'auteur le plus représenté est Clark Ashton Smith, notamment sur le génial « The Mother of Toads » et son mélange entre une mélodie de harpe et des riffs beaucoup plus industriels, qui font basculer l'album et le concert dans sa partie la plus metal. Avant cela, on sera passé notamment par le très Sisters of Mercy-esque « Once I Was a Flower », décrit par Tobias « Konstanz » Schönemann comme la « pièce de résistance » de Weird Tales dans le magnifique (et très pratique pour les besoins de cet article) livret fourni à chaque personne présente au concert.
Paradoxalement, au fil de mes écoutes, j'avais toujours considéré la première moitié de l'album comme étant la plus marquante ; mon arrivée tardive me forcera à rentrer « au vol » dans la prestation... et donc à trouver la fin de Weird Tales bien plus forte en live que son entame. Bien sûr, le très catchy mais aussi assez extrême « Evil Dreams Run Deep » (inspiré par le film The Vvitch, et donc seul titre ne se basant pas sur une nouvelle) m'avait déjà marqué sur album ; en concert, il met en valeur la voix growlée de Schwadorf, binôme de Konstanz, assez peu utilisée sur les autres albums. On sent les deux maîtres à penser de The Vision Bleak particulièrement concentrés durant ce premier acte du concert : cette date flandrienne est la première de la tournée, et les transitions sont déjà plutôt smooth, au point où « The Witch With Eyes of Amber » semble presque n'être que le prolongement du précédent titre. On revient chez C.A. Smith avec « Canticle », titre très death mélodique – At the Gates est cité comme influence dans le livret ; on pense au chant clair de Mikael Stanne également – au final qui prend toute sa dimension rituelle en concert. Enfin, ce sont les mânes de Paradise Lost que The Vision Bleak invoque sur le sublime « To Drink from Lethe », conclusion d'un set d'une quarantaine de minutes très adapté au format live et qui révèle, dans ce format, la construction particulièrement intelligente de Weird Tales dans son ensemble. Les mots de l'outro prononcés en allemand, quelques notes de clavier jouées avec application : The Vision Bleak quitte la scène sous les acclamations le temps d'un entracte lors duquel l'artiste bavaroise Ellereve viendra jouer un set 100% acoustique. Tâche difficile s'il en est, car le public n'est évidemment là que pour la tête d'affiche et faire jouer la « première partie » entre ses deux parties de concert est à la fois osé et risqué . Mais après quelques titres lors desquels le brouhaha dominera, Ellereve charmera l'audience de sa belle voix, même si ce n'est probablement que par politesse qu'un silence relatif se fait.
Il n'y a pas grand chose à dire de plus sur le retour sur scène, ensuite, des maîtres de cérémonie : ce sera un set best-of, dont le public connaît déjà la composition puisqu'il est détaillé au dos du livret fourni. On y retrouve cette personnalité de The Vision Bleak plus forte que sur Weird Tales, dont l'aspect « hommage aux maîtres » tant littéraire que musical en fait parfois un peu trop un pot-pourri d'influences. Mais quand un groupe a dans sa manche des tubes comme « The Night of the Living Dead », « Carpathia », « Wolfmoon » ou le rappel (absent de la setlist!) « Lone Night Rider », il peut rester sûr de sa force. On sera curieux de voir, une fois cette tournée spéciale (qui ne passe hélas pas par la France) terminée, comment les titres de Weird Tales s'intégreront – ou non – dans les setlists plus classiques de The Vision Bleak. En attendant, Konstanz et Schwadorf avaient réservé un moment très spécial à leur public, preuve aussi d'à quel point ils sont fiers de leur dernier opus. Et ils peuvent l'être : Weird Tales est l'un de mes albums de l'année.
Tracklist/setlist :
1. Chapter I : Introduction (1:35)
2. Chapter II : In Rue d'Auseil (2:43)
3. Chapter III : In Gardens Red, Satanical (2:39)
4. Chapter IV : Once I Was a Flower (3;34)
5. Chapter V : The Premature Burial (3:07)
6. Chapter VI : The Mother of Toads (3:32)
7. Chapter VII : The Graveyard by Night in a Thunderstorm (2:04)
8. Chapter VIII : The Undying One (5:42)
9. Chapter IX : Evil Dreams Run Deep (4:31)
10. Chapter X : The Witch With Eyes of Amber (2:39)
11. Chapter XI : Canticle (3:49)
12. Chapter XII : To Drink from Lethe (5:15)
Setlist 2e acte :
1. The Night of the Living Dead
2. Into the Unknown
3. Carpathia
4. Elizabeth Dane
5. By Our Brotherhood of Seth
6. Wolfmoon
7. Kutulu!
8. The Deathship Symphony
9. Lone Night Rider