Alcatraz Open Air 2024 | Jours 2 et 3
- Courtrai
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Malice : Cette fois, le soleil tape pour notre retour au pénitencier. L'occasion de tester le café glacé proposé par le stand qui m'avait déjà fourni en caféine la veille, et donc de signaler au passage la variété des stands qu'offre l'Alcatraz. Deux stands vietnamiens, des pâtes, des frites à la carbonnade bien flamande, des « bitterballen » à la batave, divers burgers, du falafel, du fish & chips vegan, des pizzas... Niveau tarifs, on est entre 10 et 15 euros l'option ; le jeton vaut 3,3 euros, ce qui rend la bière un poil chère, mais le bar El Presidio offre des options sympathiques (Tongerlo, IPA...) pour un demi-jeton de plus. Bref : plutôt dans la norme haute des festivals de cette taille.
Matt : Il faut rappeler que les gros festivals belges avaient jusqu'il y a peu une très mauvaise réputation culinaire, bloqués qu'ils étaient à l'âge de la baraque à frites, où la double cuisson rend à peu près comestibles les mets les plus étranges. À l'Alcatraz de 2024, par contre, on mange en fait plutôt bien. Les stands sont nombreux et variés, et s'il faut y mettre le prix, la taille des portions est parfois très correcte - et parfois moins. Mais 12€ pour une Margherita très honnête, c'est presque bon marché, par exemple. Les options végétariennes et végétaliennes ne manquent pas non plus, même si personnellement, mon sandwich falafel m'a fort déçu, tandis que la version kebab au même stand était vraiment très bonne. Si tout n'est pas top, la variété compense largement ; à l'Alcatraz, la bouffe n'est absolument pas une double peine, bien au contraire.
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10 août - Jour 2
Groupes évoqués : Vengeance | Finntroll | D.R.I. | Massacre | The Night Flight Orchestra | Spiritbox | Dio Disciples | Marduk | WatainEurope | Satyricon | Hatebreed |
Vengeance
Prison Stage
Malice : J'ai parlé en préambule du passé assez heavy/thrash de l'Alcatraz, dont la toute première affiche accueillait Doro, Primal Fear, Exodus, Legion of the Damned, Benedictum et 3 Inches Of Blood. Ce week-end, l'Alcatraz restera fidèle à ses racines avec pas mal de groupes au parfum Keep It True, et ça commence ce vendredi par Vengeance – justement au KIT cette année – et son hard rock culte venu des Pays-Bas. Leon Goewie, le chanteur, est le dernier membre d'origine du groupe formé en 1983 et qui n'a clairement d'autre but maintenant que de se faire plaisir et de faire plaisir à ses vieux fans. Le résultat, c'est une setlist axée sur les premiers albums et une belle dose de hair metal à la bonne humeur communicative, à grands coups de tubes qu'une bonne partie du public a l'air de connaître (« May Heaven Strike Me Down », l'irrésistible « Rock & Roll Shower » durant lequel Goewie se verse une bière sur la tête). Vengeance a même composé quelques vrais bons morceaux, comme cet « Arabia » grandiloquent aux allures de « Kashmir » qui clot le concert. Un moment fun, sans prise de tête et au final plutôt carré. Tout ce qu'on demande sous le soleil de midi.
Un soleil que l'Alcatraz permet de combattre efficacement en mettant à disposition du public des dispensaires de crème solaire gratuite, et ça, en termes d'organisation, c'est un gros 10/10. On fuit cependant vers El Presidio, le bar métale tout ce qu'il y a de plus classique avec DJ et bières spéciales, pour éviter à la fois le soleil et l'horrible concert d'un Raven à côté de ses pompes. À notre arrivée, ça passe... « Ah ça ira » version Gojira, preuve de l'impact immédiat de la prestation des Français aux JO même en Flandre.
Finntroll
Prison Stage
Malice : Autant il ne faut pas compter sur moi pour couvrir le concert de Korpiklaani le lendemain, autant leurs compatriotes de Finntroll ont toujours constitué à mes yeux le haut du panier de leur scène. Un peu victimes, d'ailleurs, du côté « blague » et festif d'une grosse frange du folk metal, Finntroll a tout de même souvent dépassé le pouet-pouet bas-de-gamme pour offrir un vrai bon folk-pagan extrême. Bien sûr, il y a ces accoutrements et ces oreilles de trolls un peu « too much », et on ne peut pas nier que le tout ait un peu mal vieilli. « Solsagan » lance très bien un concert qui retombe assez vite ; trop chaud, son trop aléatoire, scène trop grande... Finntroll aurait été plus à sa place en fin de soirée sur la Swamp Stage. Les excellents titres du non moins excellent dernier album Vredesvävd marchent cependant très, très bien, que ce soit le dansant « Ormfolk » ou le plus sombre « Att Döda Med en Sten ». L'un dans l'autre, un concert agréable, pour l'un des groupes de son époque ayant le mieux vieilli.
D.R.I.
Helldorado
Matthias : Bon, il parait que le dernier album de Finntroll est sympa, mais je me ferai une séance de rattrapage à domicile. Les voir en plein zénith sur une plaine qui n'offre pas une bribe d'ombre, alors que leur « Solsagan » n'a pas su me motiver m'enchante peu, je coupe donc court pour découvrir les Texans de D.R.I. Oui, je ne suis pas certain d'avoir opté pour le groupe le plus malin du créneau horaire. Retour donc sous chapiteau pour une énième leçon de bagarre, à tel point que le lectorat va finir par croire que je suis derrière la rubrique du même nom. Bon, commencer sur « Argument then War » ne transforme certes pas la fosse en salon littéraire, hein.
D.R.I. (Dirty Rotten Imbeciles, pour le moins cancre de la classe) c'est du punk 'ricain avec une pellicule de gras bien thrash, donc une des formations pour laquelle l'appellation de crossover est vraiment pertinente. Cela dit, le groupe nous balance aussi quelques morceaux un tantinet plus lents et aux textes un peu plus subtils, comme un très urbain « Syringes in the Sandbox » dont le titre parlera à quiconque a grandi dans une ville de merde. D.R.I. prouve qu'il n'y a pas qu'à New York qu'on sait adresser des mollards sanguinolents à la gueule de la société. Sur ce, on reprend un coup de boule pour la route, et on va se mouiller la nuque.
Massacre
The Swamp
Malice : L'intitulé de ce concert ne laisse aucun doute : « Massacre : From Beyond ». Les Floridiens, seconds couteaux un peu oubliés de leur scène par rapport à des cadors comme Obituary, Cannibal Corpse ou Death, vont interpréter en intégralité leur excellent album de 1991. Et si Massacre passe près de chez vous et que vous aimez le death old school, je ne peux que vous conseiller d'aller voir ça, parce que c'est vraiment très carré. Les ogives s'enchaînent, avec en points d'orgue le rageur « Biohazard » ou le titre éponyme « From Beyond ». Est-ce que c'est le concert du week-end ? Certainement pas, mais en termes d'énergie et de présence, c'était une bonne tête au-dessus du concert assez ennuyeux de Benediction quelques heures plus tard.
The Night Flight Orchestra
Prison Stage
Malice : Il faut maîtriser les changements d'ambiance à l'Alcatraz, et passer du death poisseux de Massacre au hard rock FM de The Night Flight Orchestra n'était pas évident. D'autant que les Suédois (évidemment...) ont beau être l'une de mes attentes du week-end, ça part moyennement bien même sur le banger total « Midnight Flyer ». Le costume de Björn « Speed » Strid (Soilwork) est terriblement cheap (cette cape...), le son met mal en valeur sa voix et ces deux choristes habillées en hôtesses de l'air frisent le ridicule. Côté son, ça s'améliorera assez vite et Strid est certainement l'un des meilleurs vocalistes du week-end, mais le reste... Bon. The Night Flight Orchestra a des tubes à n'en plus finir (« Gemini », « White Jeans »...) et son AOR/hard FM à la Foreigner (la finesse en moins) est bien sûr hyper efficace, mais en pleine aprèm et avec une scénographie aussi cheap, difficile d'être pleinement séduit. La setlist, également, me paraît un peu bancale. On apprécie l'hommage à feu David Andersson (lui aussi membre de Soilwork) sur « Something Mysterious », mais ça manque de quelques hymnes comme « I Ain't Old, I Ain't Young », « Stiletto », « Living for the Nighttime », « Josephine », « Domino »... alors que le final, apparemment habituel, sur « West Ruth Avenue » est loin de mettre le feu qu'il devrait. Un coup à moitié dans l'eau pour moi ; probablement un groupe à revoir en salle.
Setlist :
Midnight Flyer
Sometimes the World Ain't Enough
Divinyls
Burn for Me
Gemini
Something Mysterious
Satellite
White Jeans
West Ruth Avenue
Spiritbox
Prison Stage
Malice : Je dois faire une confession : J'ADORE le morceau « Jaded » de Spiritbox, et c'est franchement la principale raison pour laquelle j'étais devant la Prison Stage. De manière générale, l'EP The Fear Of Fear est franchement correct, et « Cellar Door » lance pas mal le concert, avant donc le tube « Jaded ». Au-delà de ça, le metalcore gentil et « djenty » de Spiritbox me laisse un peu froid, même s'il est bien fichu et que Courtney Laplante gère admirablement sa voix. Son attitude hautaine et fort détachée sur scène me surprend cependant un peu, comparé à quelques autres frontwomen (dont celle de Jinjer plus tard ce week-end) de la même scène globalement plus énergiques. De manière générale, un set peu intéressant, mais j'aurai vu l'un de mes tubes du week-end en live, c'est déjà ça...
Dio Disciples
Prison Stage
Malice : Après avoir été jeter un oeil à Benediction, sans parvenir à rentrer dans le concert, je décide d'aller assister à la première moitié de set des Dio Disciples, curieux de voir à quoi ressemble le projet que j'avais vu en concert il y a déjà plus de 10 ans au Graspop. Ce simple fait en dit long : dix ans plus tard, quelle est l'utilité de ce tribute-band de luxe en hommage à Ronnie James Dio ? Bon, honnêtement, je n'ai pas trouvé Dio Disciples utile bien longtemps. Au moins Joey Belladonna (Anthrax) est-il un (assez mauvais) pastiche vocal un peu plus subtil et éminemment plus sympathique que Tim « Ripper » Owens à l'époque. Oni Logan (Lynch Mob, Racer X) est plus adapté aux morceaux calmes (« Children of the Sea », le vrai plaisir « Catch the Rainbow ») et est probablement un meilleur chanteur dans l'absolu mais se fait tellement bouffer par Belladonna qui HURLE dans son micro qu'on en vient à penser au célèbre meme avec les deux oiseaux sur la branche. Ira Black (ex-I Am Morbid, Heathen, Vio-Lence...) place des licks absolument improbables à la Zakk Wylde sur un « Heaven & Hell » un peu massacré et je décarre, vaincu. Un moment pour fans très nostalgiques, je me contenterai de chérir le souvenir d'avoir vu Heaven & Hell (le groupe) au Graspop 2009, peu de temps avant le départ du regretté Dio.
Marduk
The Swamp
Malice : Bordel, mais qu'est-il arrivé à Marduk ? Je voyais les Suédois pour la quatrième fois lors de cet Alcatraz, et je ne peux malheureusement pas dire que j'avais passé un bon moment les trois fois précédentes. Que ce soit pour cause de son pourri ou d'attitude un peu je-m'enfoutiste, Marduk n'avait jamais été la machine de guerre dévastatrice qu'elle reste quand même globalement sur album. Franchement, qu'un set complet dédié à Heaven Shall Burn... When We Are Gathered m'ait laissé de marbre à l'époque, ça ne rend pas optimiste.
Mais ce 10 août, c'était l'Assomption avant l'heure : enfin, Marduk m'a emmené jusqu'à des cieux chargés et lourds – ou, pour le dire moins métaphoriquement, m'a absolument cassé la gueule. Le fait que le groupe ait sorti son meilleur album depuis 20 piges avec Memento Mori n'est certainement pas un hasard. Déjà parce que le terrifiant « Shovel Beats Sceptre » (« HAS IT DAWNED ON YOU YET??? ») et le fou à lier « Blood of the Funeral » en seront tirés, et même si c'est trop peu, c'est génial. Mais ensuite aussi parce que le concert sera beaucoup moins « robotique » qu'auparavant, exhumant des raretés comme « The Funeral Seemed to be Endless », immense, ou « The Sun Has Failed ». Mortuus est possédé, retrouvé, harangue le public, va même jusqu'à son contact après un inévitable final « Wolves-Panzer Division Marduk » qui annihile tout sur son passage. Bordel, mais qu'est-il arrivé à Marduk... ? Peu importe : que ça continue !
Setlist :
On Darkened Wings
Equestrian Bloodlust
Shovel Beats Sceptre
Souls for Belial
The Funeral Seemed to be Endless
With Satan & Victorious Weapons
Wartheland
Blood of the Funeral
The Levelling Dust
The Sun Has Failed
The Blonde Beast
Wolves
Panzer Division Marduk
Un petit mot en passant sur un concert qu'on serait bien en mal de commenter en entier, mais pour lequel on se doit d'apporter un mea culpa. Lord Of The Lost, on s'est bien moqué de leur présence si haut sur l'affiche : effet de mode lié à leur horrible chanson « Blood & Glitter » à l'Eurovision, label qui pousse pour surfer sur cet effet de mode... bref, on a persiflé. Et puis, ben, on est resté comme deux ronds de flan devant la seconde moitié d'un show carré, énergique, les meilleures lights du festival et quelques morceaux efficaces. Bah bravo hein.
Watain
The Swamp
Matthias : La veille déjà, des types collaient sur les barrières du site des affiches qui clamaient « Beware ! Watain are coming », le tout estampillé du logo du groupe. On en pense ce qu'on veut, mais de toute évidence, les Suédois étaient attendus. Je ne suis d'ailleurs pas en reste, d'autant qu'on s'attend à une setlist faisant la part belle à Lawless Darkness, sans doute le meilleur album du groupuscule occulte. Ca ne sera que partiellement le cas, mais qu'importe ; la tension monte au fur et à mesure que s'enflamment vasques et torches, avant que les deux tridents ne s'enflamment, nous hypnotisant au mépris le plus total des normes de sécurité - Erik Danielsson ne trouvant pas mieux que de balancer sa torche allumée pour que quelqu'un au premier rang la rattrape, visiblement très excité.
Le rituel s'entame sur un « Hymn to Qayin » aux relents occultes qui n'ont rien de feint. Danielsson ne manque pas de vider un calice de sang sur le premiers rangs à l'entame de « Devil's BLood », pour le plus grand plaisir, je suppose, des quelques fanatiques qui en garderont les stygmates sur le front pour le reste de la journée. En fait, et je reprends là les mots de Malice, si Watain n'est pas le groupe de black metal le plus accessible sur album, ses concerts offrent une des meilleures expériences de ce qu'est l'esprit black metal. Derrière le décorum, rien n'est feint, et jamais on ne bascule dans le too much comme avec d'autres groupes qui veulent se donner une image evil. Le chanteur clame les yeux rivés sur les tridents enflammés, comme si la présence du public lui importait finalement peu durant son rituel, tandis que les musiciens restent imperturbables comme des golems habités d'on ne sait trop quel feu impie. Bien des groupes de black metal jouent la surenchère devant leur audience, mais Watain n'a absolument pas besoin de ça pour nous plonger la tête dans ses ténèbres. Les quelques mots que le vocaliste nous adresse avant « Four Thrones » ne sont pas ceux d'un artiste, mais ceux d'un officiant. Il n'a rien à nous prouver, il sait. L'expression pourrait paraître facile, mais c'est une vraie leçon de black metal que nous délivre Watain, dans ce que le genre a de plus fascinant, et avec un réel risque de s'y brûler.
Europe
Prison Stage
Malice : Ils sont enfin là ! Les boss de fin du tube à la suédoise, la sucrerie ultime de ce festival. Et un concert que j'attendais sans ironie aucune, parce qu'au-delà du tube qu'on connaît tous, comme nous le rappelait durant son passage dans l'émission Thomas de Regarde les Hommes Tomber qu'on salue, Europe, c'est un putain de Groupe avec un grand G. Que peuvent faire les autres groupes quand Joey Tempest et John Norum peuvent balancer « On Broken Wings » et « Rock the Night » d'entrée de jeu ? Rien. Norum est de très loin le meilleur guitariste du week-end, Tempest de très loin le meilleur frontman (sans rien placer à côté niveau vocal non plus). Europe a même réussi à passer l'épreuve du temps en composant de très bon albums dans les années 2010, comme le prouvent les subtils et très réussis « Walk the Earth » et surtout « War of Kings » (ce riff, et cette ligne de clavier du légendaire Mic Michaeli). Loin de n'être qu'un groupe de hard FM à ballades (« Carrie », c'est magnifique, mais fort ancré dans son temps), Europe a aussi quelques vrais titres hard rock tout court - « Scream of Anger » et « Stormwind » du fantastique Wings of Tomorrow (1984). Non, vraiment, « The Final Countdown », même si c'est le karaoké ultime, c'est du bonus au terme d'un tel concert, que tout le monde devrait aller voir au moins une fois tant que Europe tient une telle forme. C'est du niveau tête d'affiche, tout simplement.
Setlist :
On Broken Wings
Rock the Night
Walk the Earth
Scream of Anger
Sign of the Times
Hold Your Head Up
Carrie
War of Kings
Stormwind
Open Your Heart
More than Meets the Eye
Last Look At Eden
Ready or Not
Superstitious
Cherokee
The Final Countdown
Satyricon
The Swamp
Matthias : Après les performances de Marduk et surtout de Watain, je me demandais vraiment comment les Norvégiens de l'étape allaient maintenir leur rang dans la cellule black metal de cet Alcatraz. La première ligne droite n'a pas été facile, d'autant qu'il est tard et que la parenthèse Europe a quelque peu dissipé les ténèbres, mais au final, « To your brethren in the dark » puis surtout « Now, Diabolical » arrivent à resserrer les rangs des fidèles les plus assidus.
Les Norvégiens pratiquent le black metal dans un style très différent des Suédois. Pas de flambeaux ici, pas de rituels ni de mysticisme outre mesure, Satyricon est là pour enchaîner ses tubes. C'est finalement cet aspect sans fioritures que fait la force du groupe, d'autant qu'à cette heure tardive, on est là pour la musique, rien d'autre, qui ne serait là que pour nous distraire. Les compositions de Satyr, rapides, courtes et centrées sur des refrains aisés à scander, sont parfaites pour cela ; Satyricon, c'est du black metal encore très punk, très Motörhead, ce qui n'est pas pour me déplaire, après une telle journée. Les Norvégiens terminent comme il se doit sur un « Mother North » que le public n'est pas loin de chanter à leur place, puis sur un « K.I.N.G. », eh bien, royal. Veni Vidi Vici en gardant l'œil sur le chrono, et ça n'était pas gagné. Solide.
Hatebreed
Helldorado
Malice : Après de tels grands écarts, je manque un peu trop de souplesse pour aller m'infliger aux barrières la fin de journée sur Hatebreed, que j'ai déjà vu un paquet de fois. Et il faut avouer que c'est souvent un peu la même chose, même si cette fois, Jamey Jasta, que j'avais trouvé terriblement fatigué au Motocultor un an plus tôt, est en très grande forme. La setlist fait un massacre (même si je trouve la reprise du « Ghosts of War » de Slayer peu utile), reste éloignée du nullissime Weight of the False Self pour se concentrer sur Perseverance et The Rise of Brutality et remet même « Honor Never Dies » à sa place, c'est-à-dire parmi les plus gros tubes du groupe. « Sometimes, standing for what you believe... MEANS STANDING ALONE ! » ! Pas de pit pour moi cette fois, mais Hatebreed a terminé tout le monde. Rendez-vous pour le jour 3.
11 août - Jour 3
Groupes évoqués : Audrey Horne | Eternal Champion | Conan | Unto Others | Cirith Ungol | Orange Goblin | Green Lung |Dark Tranquillity | Cyclone | Opeth |
Audrey Horne
Prison Stage
Malice : Comme les deux jours précédents, la journée commence tôt : impensable de manquer les assez rares Audrey Horne. D'autant qu'après les avoir lâchés quelques années, je suis très heureux que les Norvégiens aient sorti avec Devil's Bell leur meilleur album depuis Redemption Blues (2013) – et peut-être leur meilleur tout court. Je ne m'expliquerai jamais qu'un tel groupe n'ait pas grimpé les échelons jusqu'à être considéré comme l'un des, si pas le, meilleur groupe de revival hard rock/heavy du monde.
Et la setlist sera absolument parfaite : après un « This is War » assez efficace, Audrey Horne va enchaîner sous le cagnard trois tubes de son dernier album et trois tubes de Redemption Blues, dont le pas systématique « Pretty Little Sunshine », imparable. Un vrai best-of pour ce... premier concert de 2024 : quand votre guitariste s'appelle Arve Isdal, dit « Ice Dale », et a pour activité principale un petit groupe confidentiel nommé Enslaved, difficile d'enchaîner les tournées. Mais l'expérience se sent : il est midi 30, le soleil tape, mais ça joue sévère et surtout, ça se donne comme peu de groupes à l'affiche. Après un « Devil's Bell » terrassant avec ces harmonies de guitare à la Maiden, Espen Lien demande au public de mémoriser ce refrain si facile : « I've got tonight, you've got tonight, we've got tonight : everybody's waiting for the night ». Le seul extrait de Pure Heavy est évidemment le tubesque « Waiting for the Night », que Tosche finit par aller chanter dans le public. Il y reste pour l'ultime cavalcade « Redemption Blues ». Ce serait trop facile de résumer Audrey Horne à un mélange de ses évidentes influences (Iron Maiden et Thin Lizzy en tête), tant le groupe est plus qu'une somme de ses éléments. Probablement le meilleur concert du festival, et on espère revoir Isdal et sa bande en vraie tournée...
Setlist :
This is War
Breakout
Youngblood
Animal
Pretty Little Sunshine
Devil's Bell
Waiting for the Night
Redemption Blues
Eternal Champion
Helldorado
Matthias : Depuis la dernière fois qu'on les a vus, en mars dernier dans la cité maudite d'Eindhoven, les Texans ont perdu leur bassiste. Brad Raub est décédé le 29 mai dernier, privant Eternal Champion - mais aussi Sumerlands - d'un solide pilier. Déjà surpris de le voir continuer à tourner, on ne savait pas trop comment le groupe avait géré cette perte. Visiblement, en continuant à avancer, envers et contre tout - ce qui colle assez bien aux histoires de grandes aventures qu'il nous conte, il faut bien l'admettre.
Si Eternal Champion avait délivré une bonne performance à Eindhoven, elle n'était pas non plus parfaite. Ici, la progression est tout de suite palpable, avec un Jason Tarpey bondissant et guère timide d'aller au contact avec le public - OUGH ! - et une setlist bâtie différemment, avec « Skullseeker » pour ouvrir les hostilités. Les Texans naviguent aisément entre les morceaux du premier et du second album, et ceux qui les connaissent dans le public suivent dans leur sillage, avec un millier de voix (bon d'accord, j'exagère) pour reprendre le refrain de « Ravening Iron ». Ceux qui découvrent dans leur t-shirt Sabaton ont l'air quelque peu décontenancés par le style Eternal Champion et par l'enthousiasme autour d'eux, mais il faut rappeler que ce n'est là que le second concert du groupe sur les terres des tribus belges. Tarpey en est bien conscient, et rappelle au passage que le premier avait eu lieu dans un abri de jardin - Si, et Horns Up y était.
Il est tôt, un troisième jour de festival, et pourtant l'enchaînement « The Last King of Picdom » - « The Armor of Ire » nous met dans de bonnes dispositions pour aller pourfendre des monstres antédiluviens et jeter à bas de leur trône des magiciens déments - ou à réinstaller Morrowind, ce qui reste dans le même état d'esprit. Nul doute qu'Eternal Champion s'est trouvé de nouveaux guerriers prêts à suivre sa voie sur la plaine de Lange Munt. Il faudra peut-être encore quelques tournées aux gars d'Austin pour véritablement trouver leur attitude en live - les guitaristes restent encore très statiques - mais je ne doute pas un seul instant avoir affaire à un groupe qui sera un jour d'une trempe invincible sur scène.
Setlist :
Skullseeker
Ravening Iron
The Last King of Pictdom
The Armor of Ire
Coward’s Keep
Worms of the Earth
I am the Hammer
A Face in the Glare
Conan
Helldorado
Matthias : On ralentit le tempo alors que la température monte et que Conan s'empare de la scène ; le groupe au nom évoquant le plus de gros muscles huilés, et dont la musique n'a gardé que le gras. Je rigole, mais les Anglais ont quand même largement contribué à faire du sludge/stoner /doom un genre respectable ces dernières années, comme quoi ce qui sort des hauts-fourneaux de Liverpool est parfois inattendu, mais généralement appréciable.
Sur scène, c'est un immense bloc à peu près insécable de son qui s'élève, tangible tant il est épais et granuleux. Je ne vais pas prétendre que j'identifie à chaque fois la fin d'un morceau et le début d'un suivant, mais Conan nous balance ses tubes comme autant de parpaings, avec un « Hawk as Weapon » où la voix de Jon Davis semble vouloir nous joindre depuis une autre dimension, distordue et comme ralentie par cette impossibilité cosmique. Conan, en live, c'est quand même pour un public averti, capable d'apprécier les cris furieux d'un gastéropode de 5 tonnes lancé aussi vite qu'il le peut avec des intensions homicides - sur les riffs death metal de « Volt Thrower », poisseux comme la dernière baraque à frites avant la fin du monde. Mais dans le genre roboratif, c'est absolument imparable.
Unto Others
Helldorado
Malice : Matthias vous a bien conté le concert d'Eternal Champion, et ça enchaîne avec des protégés de leur guitar hero Arthur Rizk (qui est également un producteur de renom) : Unto Others, anciennement connus sous le nom Idle Hands et dont le fantastique Mana (2019) s'est même fait une place in extremis dans notre best-of heavy des années 2010. « Nightfall » nous y replonge, et le heavy gothique teinté de The Cure et Danzig du groupe de l'Oregon me happe totalement. La présence scénique habitée de Sebastian Silva (un petit côté Jonathan Hulten, ex-Tribulation) compense l'attitude presque déconcertante de Gabriel Franco. Le vocaliste est (très) avare de mouvements, et même de jeu de guitare pour être honnête, planqué derrière ses lunettes de soleil mais offrant régulièrement un sourire. J'avais eu de mauvais retours de ses prestations live, et je dois dire que sa voix ici est absolument impeccable : aurait-il sacrifié la mobilité sur l'autel de la justesse ? Ça me va. La musique d'Unto Others est faussement simple, et sa voix profonde sublime la power-ballad « Can Your Hear the Rain », ou encore le puissant et très Type O Negative-esque « When Will God's Work Be Done ». Les extraits de l'album à venir en septembre me convainquent moins, mais Strength m'avait fait mauvaise impression à la première écoute aussi... et je me retrouve désormais à genoux à chaque écoute de « Heroin », ce titre parlant... eh bien, d'addiction, et dont le texte colle très bien à sa violence quasi-extrême. C'est l'un des grands moments d'un très bon concert, même si le final sur « It Doesn't Really Matter » et surtout le mélancolique « Dragon, Why Do You Cry ? » est un peu en demi-teinte.
Green Lung
Helldorado
Malice : Après n'avoir presque pas mis les pieds sous la Helldorado du week-end (ayant regardé Hatebreed de loin avec des bonbons), j'y enchaîne 4 concerts ! Green Lung, c'est l'une des nos bonnes surprises de l'année chez Horns Up. Leur stoner/doom occulte et gentillet ne nous fascinait pas jusqu'ici, mais This Heathen Land est un step-up comme on en voit rarement. Et il se confirme en live, où on a l'impression de voir un Ghost qui aurait tenu toutes les promesses de Opus Eponymous et aurait persisté dans cette voie en peaufinant son approche plutôt que de devenir un sous-ABBA (c'est un fan du Ghost récent qui l'écrit). Une ambiance gentiment « folk horror » s'empare du chapiteau, avec un Tom Templar très expansif auquel on pardonne sa voix qui déraille un peu tant ça colle à la musique et au personnage. Les tubes « Forest Church » et « Maxine (Witch Queen) » font chanter le public, preuve du succès fulgurant de This Heathen Land, et « Old Gods » vient rappeler que le doom rock plus proche de Black Sabbath des albums précédents avait aussi ses qualités. On vit même un moment hors du temps sur le culotté « Song of the Stones », qu'on croirait peu adapté à un contexte de festival avec son côté mystique et acoustique, mais qui hypnotise tout le monde. Le beaucoup plus massif et sombre « One for Sorrow » ponctue le concert avec classe. Green Lung a trouvé son souffle !
Cirith Ungol
La Morgue
Malice : « La Morgue », c'est la plus petite scène de l'Alcatraz, que l'on évoque pour la première fois mais où on avait déjà assisté à un excellent concert d'Hippotrakor l'avant-veille. J'étais un peu surpris qu'une légende comme Cirith Ungol y soit reléguée, mais l'affluence franchement faible donne raison aux organisateurs. Apparemment, même avec une journée assez « à thème » (et avec Saxon, Vengeance, Cirith Ungol, Unto Others, Eternal Champion, Cyclone mais aussi Heathen et Hirax, tout le week-end comptait des groupes passés par le Keep It True!), c'est difficile d'attirer un public aussi pointu en masse à un festival de cette taille. Qu'à cela ne tienne, ceux qui sont là sont des puristes, à bloc dès « Atom Smasher ». Problème : on ne peut pas dire que le concert sera à la hauteur de l'événement, à savoir – sauf surprise – le tout dernier concert de Cirith Ungol en Belgique.
D'abord parce que pour des raisons franchement obscures, car absolument pas communiquées sur les réseaux, Greg Lindström, guitariste historique et membre fondateur du groupe, est absent : Anthony Adam (Night Demon) gère donc seul les guitares et franchement, c'est beaucoup moins puissant que ça devrait l'être. Notre ami The Doom Dad nous expliquera ensuite que Lindström aurait été écarté « pour causes de maladie », mais aurait ensuite nié de son côté ; bref, un sacré micmac dont on n'a pas les tenants et aboutissants. Se séparer d'un membre d'origine, soit ; mais on ose espérer que Cirith Ungol tournera avec 2 guitaristes pour la suite, car à aucun moment le concert ne décolle. Les refrains de « I'm Alive », « Chaos Descends » et autres tubes font le taf, et même le récent et très doom « Forever Black » fait son petit effet. Mais autre point perturbant : l'attitude scénique de Tim Baker, qui a parfois l'air complètement aux fraises. Sortant à tout bout de champ de la scène pour faire un tour en coulisses, paraissant par moments perdu sur la toute petite scène de La Morgue, il n'a vraiment pas l'air à l'aise – sauf derrière le micro, sa voix si particulière s'envolant toujours, entourée de réverb'. Bref, même si on scande « Join the Legion » avec tout le monde sur le final, on a un goût amer. Séance de rattrapage au Keep It True Rising en octobre...
Setlist :
Atom Smasher
I'm Alive
Frost & Fire
Blood & Iron
Chaos Descends
Black Machine
Forever Black
Master of the Pit
King of the Dead
Join the Legion
Orange Goblin
Helldorado
Matthias : Ça n'est vraiment pas faute d'avoir essayé, mais je ne suis pas rentré dans le show de Cirith Ungol. Et j'en suis le premier désolé, mais entre l'ambiance étouffante sous La Morgue, et une performance que j'ai du mal à trouver historique, je préfère jeter l'éponge. Ce dimanche restant décidément très heavy/power/stoner, je pousse jusqu'à Orange Goblin, qui a un nouvel album à défendre.
Bon, je connais mal la discographie de ces Anglais-là, mais leur concert se prend aisément en marche, avec des compositions très efficaces, et même faciles à chanter comme « (Not) Rocket Science », dans un style de stoner plus gros camion que mysticisme sous acide. Etant devenu assez friand du genre, été oblige, le groupe londonien s'ajoute directement à ma liste « à approfondir ».
Dark Tranquillity
The Swamp
Malice : Bien au corps défendant d'une bonne partie de la rédaction, Horns Up est devenu l'organe de propagande n°1 (c'est-à-dire le seul) du death mélodique dans l'Hexagone. On remercie Michaël pour ça. Mais s'il y a bien un groupe difficile à critiquer, c'est Dark Tranquillity. Ce concert à l'Alcatraz, mon premier des Suédois, le confirmera. Sur le plan du pur professionnalisme, DT a donné l'un des meilleurs concerts du week-end, tout là-haut avec Europe et Saxon : des lights impeccables, le son le plus propre du festival, une énergie et un sourire communicatifs chez Mikael Stanne et une setlist aux petits oignons. Dark Tranquillity s'axe sur des morceaux aux refrains efficaces (de l'inaugural « Encircled » au final « Misery's Crown »), la seule vieillerie exhumée étant l'habituelle ballade « ThereIn ». L'enchaînement « Nothing to No One »- « Cathode Ray Sunshine » est magistral, et même les nombreux extraits d'un Endtime Signals pas encore paru au moment du concert ne perdent pas un public qui mange dans la main de Stanne. Ces nouveaux titres sont aussi taillés pour faire briller les nouveaux venus Jonathan Thorpenberg et Peter Lyse Hansen (ce solo sur « Unforgivable »!). Impossible de décrocher : Dark Tranquillity a donné une leçon !
Setlist :
Encircled
Hours Passed in Exile
Unforgivable
Atoma
The Last Imagination
Nothing to No One
Cathode Ray Sunshine
Not Nothing
Phantom Days
ThereIn
Lost to Apathy
Misery's Crown
Cyclone
La Morgue
Malice : Par curiosité, on jette un oeil au one-man show de (grosse) Gêne Simmons sur la Prison Stage. Un discours plein de « moi-je » et de blagues de beauf et une mauvaise cover de « Ace of Spades » plus tard, on fuit vers La Morgue pour un concert très attendu : celui de Cyclone. Les légendes du thrash flamand ont une heure de set, et ne vont pas prendre de gants : 6 titres d'Inferior To None, 5 de Brutal Destruction, la bagarre de A à Z.
La voix de Guido Gevels est devenue bien plus maîtrisée avec le temps, lui donnant un côté Tom Araya au phrasé haché et par moments presque crossover. Ses compères, notamment Kevin Verleysen (Bütcher) dont on connaît la vélocité, encadrent parfaitement le seul membre d'origine d'un Cyclone qui s'abat sur La Morgue et lui fait mériter son nom. « I Am the Plague » fait office de rampe de lancement, « In the Grip of Evil » rend complètement fou ; en fait, la musique de Cyclone sonne mieux en 2024 qu'en 1985, et c'est un sacré compliment. Que ça ne vous empêche pas d'aller découvrir Inferior To None, dont le thrash technique et racé a très bien passé l'épreuve du temps (« Paralysed », « So Be It », « Slavery » qui conclut le concert...). Un morceau d'histoire du metal belge à voir, tout simplement.
Opeth
The Swamp
Malice : Nous voilà aux dernières notes d'un long week-end, et c'est le moment d'évoquer un énorme problème à l'Alcatraz : le chevauchement des concerts. La plupart du temps, même si ce n'est que brièvement, TROIS scènes jouent en même temps, et il est très fréquent de devoir manquer la fin d'un concert pour assister au début d'un autre. Très peu de chevauchements sont parfaitement parallèles. C'est un vrai souci organisationnel qui ne me paraît pas impossible à régler, et qu'on se doit donc de mentionner.
Et pourquoi le mentionner maintenant ? Parce que l'horrible concert d'Architects, tête d'affiche du dernier soir sur la Prison stage, se termine une petite demi-heure après le début théorique du concert d'Opeth, qui ferme le festival sur la Swamp Stage... juste en face. Tout le week-end, ces deux scènes étaient en léger chevauchement, mais tant que les groupes respectaient les normes sonores, ça ne posait qu'un problème mineur (notamment quand Amon Amarth dérangeait Dani Filth pendant ses speechs). Architects n'en a rien à branler, des normes sonores, et même au premier rang en attendant Opeth, on entend distinctement chaque note de leur musique pour adulescents en tanktops. Et comme par hasard, Mikael Akerfeldt et sa bande vont démarrer... 25 grosses minutes en retard, lançant leur intro presque au moment où retentit la dernière note du concert d'en face. Officiellement, Akerfeldt blâmera un problème avec les lights de scène ; j'ai du mal à y croire. Ca aurait été tout bonnement impossible d'apprécier la musique pleine de nuances d'Opeth si chaque couplet de, au hasard, « The Grand Conjuration » qui lance le concert avait été couvert par les braillements de Sam Carter.
Les Suédois débutent donc sous les huées d'un public fort mécontent, et là, c'est le drame : je me fais royalement chier. Alors que Ghost Reveries est l'un de mes albums favoris et qu'Opeth en tire « The Grand Conjuration » et « Ghost of Perdition », alors que « The Drapery Falls » est l'un des meilleurs titres d'un des meilleurs albums de tous les temps et que le retard force le groupe à couper le soporifique « Sorceress » de la setlist, à aucun moment je ne rentre dans ce concert. Mikael Akerfeldt est arrivé une demi-heure en retard mais prend quand même 5 minutes pour faire son one-man show entre chaque titre, sans aucune urgence, avec un flegme franchement agaçant. Un flegme qui teinte des morceaux à l'interprétation irréprochable (ce growl...) mais faiblarde, comme si le son était trop bas. Et c'est une sensation que j'ai à chaque fois que je vois Opeth en concert (c'est la 4e ou 5e fois, dont une seule fois en salle en 2009). Comme une bonne partie du public, je fuis avant même « Deliverance », vaincu par l'heure tardive. Opeth en live, c'était la dernière fois pour moi.
L'Alcatraz, par contre, ça ne sera certainement pas la dernière fois pour nous. Les portes du pénitencier derrière nous se sont refermées, et au-delà de quelques couacs relatifs (le chevauchement des scènes, surtout ; les pubs permanentes qui défilent sur les écrans de bord de scène, aussi), on ne peut pas dire que notre séjour y ait été un enfer carcéral. Confortable, propre, avec un son de grande qualité et une ambiance bon enfant mais jamais complètement régressive, une affiche à la fois pointue et riche en gros noms : l'Alcatraz Festival est probablement d'ores et déjà le meilleur festival de metal en Belgique, rien que ça. Bravo aux organisateurs !
[Nos aventures de la première journée du festival sont à (re)découvrir ici !]
[Merci à Alcatraz Music pour les photos]