Interviews Retour
dimanche 28 juillet 2024

Bleed From Within : "La date du Hellfest était cochée depuis longtemps dans notre agenda !"

Craig (guitare) et Davie (basse)

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

C'est dans la chaleur étouffante de l'espace presse du Hellfest 2024 que, dès notre arrivée sur le site le jeudi, nous avons eu l'opportunité d'échanger quelques mots avec Craig et Davie, respectivement guitariste lead et bassiste du groupe écossais de metalcore Bleed From Within.

*

Bonjour à tous les deux et merci pour votre temps. Comment vous sentez-vous ?

Craig : Très bien ! C'est bon d'être de retour en France ! Mais nous ne sommes pas habitués à cette chaleur. C'est beaucoup trop pour des écossais, nous avons beaucoup de mal à tenir le choc (rires).

Je me souviens d'une fois où je suis allé au festival Hogmanay à Edimbourg, lors d'un nouvel an ; Biffy Clyro jouait sur scène, torses nus, alors qu'il faisait un -8 degrés. Vous, les Ecossais, êtes construits différemment !

Davie : C'est notre truc le froid, et on enlève toujours notre haut !

Les Français ont tendance à avoir des opinions très tranchées sur les Anglais (rires) mais nous aimons toujours les Ecossais... Ressentez-vous cela quand vous jouez en France ?

Craig : Oui, ce sont les vestiges de la Auld Alliance ! Le public est toujours génial en France et nous avons beaucoup d'amis français. Nous sommes très amis avec les gars de Landmvrks, d'ailleurs. C'est bon de les revoir au Hellfest, surtout depuis qu’on a appris qu’ils joueraient sur la Mainstage comme ça !

Je vous ai vu plusieurs fois en festival et plus généralement sur scène, notamment au Brutal Assault et au Motocultor l'année dernière...

Craig : (Il m'interrompt) Oh, nous avons adoré ce concert au Motocultor. C'était génial, j'ai vraiment adoré ce moment. C'était notre première fois là-bas aussi !

Et c'est effectivement votre première fois au Hellfest. Etes-vous excités ou un peu effrayés de braver la Mainstage 2 face à autant de monde ?

Craig : Nous sommes super excités ! Nous attendions ce moment depuis longtemps, la date du Hellfest était cochée dans notre agenda. Certains d'entre nous sont venus quelques fois au Hellfest en tant que spectateurs. Nous sommes également venus une fois en 2010 en tant que groupe, car nous étions en tournée avec un autre groupe qui jouait ici, donc nous avions passé la journée à traîner sur le site. Mais tout a beaucoup changé depuis et, surtout, nous n'avons jamais eu l'occasion de fouler la scène ! Nous sommes sur le point de jouer sur la Mainstage 2, ce qui est tout simplement fou, comme un rêve devenu réalité de jouer dans un si grand festival. Lorsque nous avons jeté un coup d'œil à la programmation, nous nous sommes dit : « Oh mon Dieu, nous allons jouer avec tant de groupes extraordinaires ! ».

C'est en effet un grand jour pour être sur la Mainstage. Allez-vous réussir à rester un peu cette fois-ci pour profiter de l’ambiance et du festival ?

Craig : Non, malheureusement, nous devons prendre le bus assez tôt, vers 21 heures. Nous devons partir assez tôt car nous avons un autre concert demain aux Pays-Bas.. La dure loi des tournées. Nous allons d’ailleurs manquer Landmvrks mais, heureusement, nous aurons le livestream dans le bus pour compenser !

Malgré le fait que la scène metalcore soit relativement surpeuplée, vous avez réussi à exploser depuis votre album Fracture et, depuis lors, à maintenir une courbe exponentielle, notamment grâce à de superbes prestations live. Quel est, selon vous, l'élément principal qui a conduit à cette progression ?

Craig : Je pense effectivement que notre album Fracture y est pour beaucoup. Il est sorti pendant la pandémie et a été un énorme succès pour nous. Nous avons vu une augmentation du nombre de streams assez dingue ; surement parce que tout le monde était enfermé et allait sur Spotify pour binge streamer tout ce qu’ils pouvaient, faute de concerts. Donc Fracture et, plus bizarrement, le Covid ont surement joué un grand rôle dans l’évolution de notre carrière.

Davie : Oui, Fracture est un album important pour nous. Nous avons aussi consacré beaucoup d'efforts et de budget au livestream que nous avons fait pendant Fracture (ndlr : Viral Hysteria). Tout simplement parce que nous pensions que c'était nos meilleures chansons et que nous n'avions pas eu la chance de mettre en place une réelle tournée complète pour faire la promotion de cet album. Nous avons donc fait beaucoup d'efforts pour diffuser ce livestream et rendre la vidéo virale.

Craig : En fin de compte, cette période a vraiment fonctionné pour nous. Et ensuite, Lamb of God nous a choisi pour faire la première partie de leur livestream en direct pendant la pandémie. Cela nous a aussi beaucoup aidés. Il y a donc eu une croissance régulière après ces évènements.

Davie : En plus, au moment où les concerts ont repris après la pandémie, nous avions entre temps enregistré et sorti Shrine, un album peut-être plus mature, donc nous avions tellement de nouvelles chansons à jouer et les gens étaient impatients de nous voir en concert. Cela a évidemment eu un impact sur notre croissance en tant que groupe.

Diriez-vous que vous mûrissez avec le temps comme un bon whisky écossais ? J'étais obligé de faire cette blague, vous vous en doutez.

Craig : (rires) Oui, tout à fait. C'est une bonne analogie, oui.

Comment se déroule le processus d'écriture au sein de votre groupe ? De l'extérieur, votre musique est principalement axée sur les guitares. Est-ce que les chansons viennent plutôt des riffs et des soli, puis la structuration des chansons et les autres instruments viennent après ?

Craig : En général, j'écris une chanson complète tout seul ou Steven (ndlr : guitariste rythmique du groupe) en écrit une lui-même, puis nous l'apportons au groupe, et chacun y va de ses idées. Ali (ndlr : batteur du groupe) ajoute alors ses propres parties. Souvent, je programme sur ordinateur quelque chose de très basique à la batterie et Ali vient ensuite reprendre le tout, modifier ce qui lui semble nécessaire pour qu'il puisse le jouer et que cela sonne au mieux. Au départ, c'est donc un travail essentiellement solitaire sur les guitares, mais ça finit par devenir un travail collectif sur tous les aspects.

Davie : En fin de compte, notre façon de composer est très collaborative. Je pense que c'est une bonne chose pour un groupe, pour s'assurer que tout le monde est impliqué. Ça marche pour nous, en tous cas.

Craig : Oui. Nous avons vraiment rationalisé le processus d'écriture au cours des trois derniers albums. Nous savons tous ce qu'il faut faire maintenant.

Cette progression est aussi faite d'opportunités puisque vous allez ouvrir pour Slipknot l'hiver prochain. Vous alternez entre festivals, petits clubs et première partie de très grands groupes dans d'immenses arenas. Est-ce que ça change la façon dont vous vous préparez ?

Craig : Oh, absolument ! La tournée à venir avec Slipknot est un rêve pour nous. Cela va être beaucoup de travail en amont car nous voulons que la production et la mise en place soient parfaites. Je suis d’ailleurs content qu'il n'y ait rien entre maintenant et cette nouvelle tournée, pour que nous ayons le temps de nous y préparer.

Davie : C'est un grand moment dans notre carrière, surtout qu'il y aura une date en Écosse. C'est comme si tous les moshers que tu connais dans le pays d'où tu viens allaient assister à l'un de tes concerts ! C'est un événement important pour nous, surtout à Glasgow car c'est la grande salle de notre ville natale où nous allons à tous les concerts. Nous avons déjà vu Slayer là-bas, etc. Ce sera clairement le concert le plus éprouvant pour nos nerfs, devant nos familles et nos amis !

Les tournées européennes ont souvent été, par le passé, structurées avec des premières parties dans le même genre musical que la tête d'affiche. C'est complètement différent aujourd'hui et vous avez d’ailleurs tourné avec des groupes comme Ingested, Slipknot, qui sont très différents de votre musique. Est-ce que le fait de jouer avec des groupes qui jouent une musique très différente de la vôtre a un impact sur les shows que vous préparez, comme la setlist par exemple ?

Craig : Non, pas du tout. Nous faisons simplement ce que nous faisons, quoi qu'il arrive. Nous ne nous soucions pas vraiment de qui est avant ou après nous.

Davie : C'est drôle que tu poses cette question parce que... tu connais le groupe Drug Church ? Ils ont dit quelque chose comme ça quand nous étions au festival Full Force ensemble. Ils disaient qu’ils avaient l'impression que le public nord-américain était parfois un peu plus étroit d'esprit face à des groupes aux genres différents sur une affiche. Ainsi, lorsqu'ils jouent dans un festival de punk ou de hardcore, il n'y a que du punk et du hardcore et les gens n'attendent que ça. Alors qu'en Europe, les festivals proposent généralement différents styles de musique. Et ça marche quand même pour eux quand ils viennent en Europe, même s’ils finissent par jouer à côté de groupes comme nous ou les Dropkick Murphys. Le public européen aime ça et ça nous convient parfaitement aussi.

Donc ça ne change pas votre approche, en réalité, contrairement à des groupes comme Sodom, par exemple, qui aiment adapter leur setlist au type de festival où ils jouent, ou à la date.

Craig : Non, pas du tout. Nous n'y pensons pas vraiment. Nous faisons simplement notre truc.

Vous avez sorti une nouvelle chanson il y a deux semaines, intitulée « Hands Of Sin ». J'ai entendu Ali dire dans la presse que c'était un nouveau chapitre pour Bleed From Within. Pouvez-vous nous expliquer en quoi ?

Craig : Lors du processus de réflexion et d’écriture pour le nouvel album, nous avons commencé par trouver ensemble un nom d'album qui convenait à tous. Je ne vais pas encore vous dire ce que c'est, mais nous avons commencé avec ce nom puis déroulé le concept et l’idée derrière cet album. Puis nous avons commencé à écrire autour de ça. L'idée principale est en quelque sorte de revenir à nos principales influences, à ce qui nous a donné envie de créer de la musique et de former Bleed From Within. Nous essayons de canaliser davantage ces différentes influences et aspirations, de les porter un peu plus haut et de les mixer avec notre son.

Davie : Nous considérons nos trois derniers albums, EraFracture et Shrine, comme une sorte de trilogie. Nous voulions donc repartir à zéro. Travailler avec différents producteurs et des choses comme ça. Mixer différemment l'album et changer un peu les choses. Donc je suppose que c'est aussi un nouveau chapitre au regard de notre façon de travailler. Au lieu de faire la même chose tout le temps, nous essayons d'essayer de nouvelles choses et d'expérimenter. Changer les choses. On ne veut pas continuer à faire la même chose encore et encore.

Donc je comprends que ce titre n'est pas un simple single mais plutôt un teasing pour un nouvel album qui va sortir ?

Craig : Oui, exactement. Nous n'avons pas encore de date de sortie. D'ici la fin de l'année, nous nous concentrons sur la fin de l'enregistrement. Tout est écrit, en fait. Nous devons juste terminer l'enregistrement, les voix, le mixage, etc. Ce sera notre programme pour le reste de l'année, ainsi que la préparation de notre tournée avec Slipknot. Ne vous inquiétez pas, cet album sortira très bientôt !

A ce titre, comme vous le savez, de plus en plus de groupes abandonnent le format album et préfèrent sortir des singles quand ils le souhaitent, notamment pour maintenir un lien fréquent avec leur public. Est-ce que c'est quelque chose qui vous intéresse ? Ou comme d'autres groupes, vous valorisez encore beaucoup le format album ?

Craig : Je pense que nous avons toujours aimé sortir des albums complets et que cela continuera comme ça. C'est notre truc. Je comprends pourquoi les gens font des singles de temps en temps, c'est une bonne façon de faire, mais je ne nous vois pas faire ça pour autant.

Davie : Je pense aussi que nous ferons toujours des albums. Nous avons grandi avec ça et nous aimons ça, l'art de créer un album et tout ce qui va avec. Et avoir une copie physique ça représente beaucoup pour nous. Je pense que nous avons le meilleur des deux mondes avec la façon dont nous procédons. Nous enregistrons des chansons, puis nous pouvons les sortir lentement sur une année comme des singles de teasing. Puis nous commençons à enregistrer de nouvelles chansons et dès que nous avons assez de titres pour un album entier, c'est là que nous mettons le tout en place. C'est un peu ce que nous avons fait cette fois-ci, nous avons enregistré cinq chansons à la fin de l'année dernière, cinq chansons au début de cette année. Et nous en sortons une maintenant pour notre public et peut-être une avant la fin de l'année, je ne sais pas. On trouve notre équilibre comme ça.

Merci pour cette interview. Peut-être un dernier mot pour vos fans français, peut-être même en Français ?

Davie : (rires). En fait, nous avons demandé à Landmvrks de nous aider à apprendre quelques mots en Français. Nous avons seulement retenu... « C'est parti ? » (en Français). Oui, c'est ça, « C'est parti ! » ! Merci à tous pour votre soutien et rendez-vous dans quelques minutes devant la Mainstage 2 !

Un grand merci au groupe et à Verycords pour l'organisation de cette interview.