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Album

18 février 2024 - Circé

Chapel of Disease

Echoes of Light

LabelVan Records
styleMetal extrême psychédélique
formatAlbum
paysAllemagne
sortiefévrier 2024
La note de
Circé
9/10


Circé

hell god baby damn no!

Si vous me demandiez de citer les groupes actuels les plus sous-côtés à mes yeux, il y a de bonnes chances pour qu'une des premières réponses soit Chapel of Disease. Qu'on s'entende : le groupe a sa petite réputation, est en train d'annoncer tout un tas de belles dates de festivals... Mais tout de même, cela m'étonnera toujours que les Allemands restent assez confidentiels, ou en tout cas demeurent un nom connu seulement de l'underground. Car du haut de leurs plus de dix années de carrière, ils ont un sans-faute : deux premiers albums d'un death metal suédois certes fort classique, mais déjà d'une énorme qualité, avant bien sûr ...as we have seen the storm, we have embraced the eye, dont les expérimentations psychédéliques avaient fait grand bruit en 2018. Et pour cause, c'était une musique qui sonnait réellement novatrice, aussi mystérieuse qu'accrocheuse, et surtout extrêmement riche. Du death metal, des solos heavy, des envolées psychés, je pense toujours que cet album peut plaire à un public beaucoup plus large que celui qu'il a touché. Et contrairement à beaucoup de choses qui créent une hype à un moment donné, cette cuvée 2018 ne semble pas s'essouffler, tant l'envie de l'écouter régulièrement ne m'est toujours pas passée six ans plus tard.

Bref, après quelques aléas du destin, principalement l'annonce d'un hiatus il y a un an, quelle surprise de voir l'annonce d'un nouvel album pour ce début 2024. Le lineup du groupe actuel est officiellement composé d'un seul des deux frères à l'origine du projet, nouvellement rejoint pour le live par des beaux noms de la scène black/thrash allemande venant de Ketzer et Witching Hour. Mais Echoes of Light a pour sa part vu le jour avant toutes ces péripéties ; on y retrouve donc le trio central du projet en pleine forme.

Echoes of Light reprend naturellement là où son prédécesseur s'était arrêté dans ses expérimentations stylistiques. Les auditeurs et auditrices les plus puristes seront cette fois définitivement laissés sur le bord de la route : si Chapel of Disease version 2018 conservait un peu de saupoudrage death metal sur quelques passages, Echoes of Light se déleste complètement de ces influences. Seuls les growls persistent – si bien qu'au milieu de tant de mélodies, il en ressort une espèce de death mélodique groovy, en particulier sur les deux premières pistes.

Car l'album glisse doucement vers d'autres horizons. On s'évade vite vers plus de chant clair, plus de longues plages psychédéliques - voire des solos épiques - pour finir en apogée sur "An Ode to the Conqueror", superbe morceau prog au chant clair baigné dans de la réverb' et de longues nappes atmosphériques évoluant vers une montée épique. Plusieurs titres sont d'ailleurs entièrement en chant clair, une voix paisible et céleste émanant des vagues de guitares.

Le groupe maîtrise une fois de plus une balance parfaite entre atmosphère et groove au sein de l'album, avec de belles balades en chant clair comme “Shallow Nights” suivies de morceaux plus directs comme “Selenophile”. Mais au-delà de ça, on peut véritablement qualifier Echoes of Light d'album “prog” avec des structures évolutives entre de longues plages psychédéliques à des mid-tempo accrocheurs quasi-tubesques. Une musique intelligente et savante, mais qui ne sonne pas démonstrative ; elle en demeure véritablement accessible, pleines d'ambiances touchantes et de moments de grâce.

Ce sont bien ces ambiances qui donnent, cette fois encore, sa véritable plus-value à l'album. Si les atmosphères mystiques sont monnaie courante dans le metal extrême, il est rare de les ressentir comme entièrement positives et lumineuses, et via un mélange de styles entre du mélodeath, du heavy épique, du rock 70's ou un black/doom à la Wolvennest. Mais Echoes of Light fonctionne – il résonne juste et beau, comme si le groupe avait enfin trouvé l'apaisement baigné dans ses échos de lumière.

Certes, les fans des deux premiers albums ayant décroché en 2018 ne reviendront pas vers le groupe grâce à cet album. Mais du reste, Echoes of Light est un franc succès, à la fois prog et catchy. Il est rare d'attendre un album comme j'ai attendu celui-ci, et il est encore plus rare de ne pas être déçu.e par le résultat.

 

Tracklist :

1. Echoes of Light
2. A Death Though No Loss
3. Shallow Nights
4. Selenophile
5. Gold/Dust
6. An Ode to the Conqueror