Revue d'actu #81 : Lila Ehjä, Brodequin, The Body & Dis Fig, etc.
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Premier récapitulatif de l'actualité de l'année, et nouvelle preuve s'il le fallait que chez Horns Up, on ne recule devant aucun grand écart. Que vous soyez plutôt brutal death ou kawaï metal faussement innocent, on en a pour tous les goûts. L'année 2024 s'annonce déjà riche en sorties à noter à l'agenda.
Lila Ehjä | Brodequin | The Body & Dis Fig | Guiltless | Chapel of Disease | Hanabie | The Pineapple Thief | Whom The Gods Destroy |
Lila Ehjä
Hugo : Cela fait plusieurs années maintenant que je vois passer le nom de Lila Ehjä un peu partout : flyers, tweets d’éminents diggers, ou encore sur les crédits Bandcamp de certains disques (elle est bassiste du projet black metal Rance, lui-même connecté par ses musiciens à des projets comme Céphéide et Limbes). Changement de registre pour ce qui est de sa carrière solo, où Lila opère dans un style post-punk plus épuré, à l’image de ses concerts, où l’artiste est seule en scène avec sa guitare, sa basse et un nécessaire séquenceur. Pour ma part, j’ai eu la chance de la voir donner une prestation franchement convaincante à Bruxelles dernièrement, raison pour laquelle j’ai guetté avec attention la sortie de ce nouveau disque. On a là une belle surprise pour un premier long format, qui explore bien plus de sonorités et de textures que ce à quoi je m’attendais, de claviers qui rappellent la darkwave originelle à des riffs carrément noise rock. Après plusieurs années de stagnation pour le post-punk, style qui a naturellement du mal à se renouveler, plusieurs nouveaux artistes semblent venir apporter un vent frais et pas mal de personnalité dans la scène globale, et Lila Ehjä en fait partie. Clivota est sorti chez Croux Records, label de Nuit Noire et (feu) Satan, et je le recommande chaudement.
Brodequin
Pingouin : Après leur reformation en 2015, et la sortie d'un EP deux titres en 2021, le combo brutal death de Knoxville est enfin de retour avec un nouvel album : Harbinger of Woe sortira en mars chez Season of Mist, et Brodequin a dévoilé un premier extrait de son 4ᵉ opus : Avec « Of Pillars and Trees », les frères Bailey s'aventurent dans un death metal moins crasseux que ce à quoi ils nous ont habitués. Mais ils font toujours démonstration de leur maîtrise et de leur technique. Attendons-nous à un trésor de brutalité death metal.
The Body & Dis Fig
S.A.D.E : Après avoir flirté, entre autres, avec Big | Brave, OAA ou Thou, The Body va sortir le 23 février prochain un nouvel album collaboratif, avec cette fois la DJ berlinoise Dis Fig. Cette nouvelle sortie, au doux nom de Orchards of a Fuitle Heaven, se fera sur Thrill Jockey et on a déjà un premier extrait à se passer dans les esgourdes : « Dissent, Shame ». Et bien entendu, comme souvent avec le duo américain, on est accueilli par un bon gros larsen strident. Mais au lieu de poursuivre dans ce registre noisy pur, ce sont des nappes électroniques lourdes et épaisses qui construisent la suite du titre, tout en progression lente. Le chant est assuré par Dis Fig, dans un registre qui rappelle Chelsea Wolfe ou Emma Ruth Rundle. On est d'ailleurs aussi assez proche des sonorités des titres les plus sombres de Wolfe période Abyss au niveau instrumentation, avec néanmoins une recherche de davantage de tension que de libération. Très orienté électronique, ce premier extrait donne envie d'en découvrir plus tant on connait la plasticité que parvient à obtenir The Body au fil de ses collaborations.
Guiltless
S.A.D.E : Avec des membres de A Storm Of Light, Intronaut et Neurosis, Guiltlesspeut se targuer d'un line-up appétissant. Et la force du premier single présenté par le groupe laisse à entendre que ce projet n'est pas que la somme de CV alléchants. Aux frontières du doom, du sludge et du noise rock, « All We Destroy » se déploie dans les bas-fonds, dans un registre de l'attente, où l'on sent que quelque chose s'apprête à exploser alors que, finalement, l'angoisse de l'attente est pire que l'évènement attendu. Le son est rugueux et baveux, la basse délicieusement grondante et l'ensemble nous donne l'impression de trainer derrière le poids du monde. Tout sent la crasse, la colère larvée et l'absence d'espoir. Le morceau sera présent sur Thorns, le premier EP du groupe, qui sortira le 23 février chez Neurot Recordings. Et, bonne nouvelle, si l'EP est aussi qualitatif que le promet ce premier single, un album est déjà sur les rails.
Chapel of Disease
Circé : Actualité chaotique pour Chapel of Disease : après avoir annoncé un split l'an dernier, on n'attendait pas vraiment de voir passer l'annonce d'un nouvel album. On ne se fait pas trop de souci, quand on apprend qu'Echoes of Light a en fait été enregistré avant la séparation. Et l'enthousiasme monte encore après la sortie de deux singles : le groupe continue dans la lancée du virage entamé avec l'album précédent. Les racines death à la suédoise ne sont jamais loin, mais les Allemands vont chercher encore plus loin dans l'atmosphérique, le mélodique et le psychédélique. Parfois planant, parfois entraînant, le dernier single, “Shallow Nights”, fait même la part belle au chant clair. Un Chapel of Disease étrangement apaisé, toujours baigné dans une aura mystique d'où se dégage une certaine lumière. Echoes of Light s'annonce toujours plus aventureux, varié et surprenant, et on a hâte de le découvrir en entier le 9 février chez l'irremplaçable Van Records.
Hanabie
Prout : Nouveau morceau pour Hanabie, le groupe de kawaï metal qui a fait la plus fulgurante grimpée en 2023 pour un groupe du style. « OTAKU Lovely Densetsu », littéralement « La légende de l'adorable otaku », nous conte l'amour qu'on peut avoir pour les animes et les jeux-vidéos et comment ça ruine nos vies autant que ça les sauve, rien que ça. C'est vraiment la recette classique pour Hanabie, une sorte de chaos mignon super hypnotique, du pur harakujucore. Vous pourrez les revoir en France en juillet 2024 !
The Pineapple Thief
Storyteller : Les musiciens de The Pineapple Thief, groupe anglais de metal progressif, ne déçoivent jamais. La maîtrise des émotions et comment les retranscrire dans leur musique est de loin le point le plus fort qu’ils savent mettre en avant depuis longtemps. Pour préparer leur nouvel album, It LeadsTo This, ils sortent un deuxième single, sous la forme d’une lyric video. Ce titre « Every Trace of Us » est infusé de rock, mais aussi d’un calme qui traverse la chanson. Une sorte de paix parfois torturée par des instruments qui ressortent un peu brutalement au milieu, mais l’énergie reste la même. On se sent entouré par le groupe et par ce qu'il nous apporte avec son récit. Et le talent d’écriture de Bruse Soord au chant vient sublimer l’ensemble. On attend avec impatience la suite.
Whom The Gods Destroy
Storyteller : on avait laissé Derek Sherinian, claviériste génial mais aussi « habité » par un grain de folie sans son super groupe Sons of Apollo. Il s’agissait là d’un CDD, mais qu’à cela ne tienne, nouvelle folie, nouveau projet, même esprit : Whom the Gods Detroy. On se croirait dans du black metal. Mais pas du tout, c’est du prog metal de haute volée. C’est énergique, virtuose et super heavy. Avec Bumblefoot aux guitares, Bruno Valverde de Angra derrière les fûts, et Dino Jelusick, chanteur de Whitesnake, vous voyez qu’on ne perd rien du super groupe et le titre « In The Name Of War » le clame haut et fort. La suite ? la sortie de l’album Insanium le 15 mars.