A Ván Records Evening : The Ruins Of Beverast + Wolvennest + Chapel Of Disease
Glazart - Paris
Non.
Cela fait bien longtemps que je n’avais pas mis les pieds à Glazart. Je crois bien que c’était en 2015, notamment pour le Wolf Throne et les Doomed Gatherings. Etant de passage sur Paris pour voir Loreena McKennitt le lendemain (dans le genre rien à voir), cette date du 5 avril tombe à merveille pour débuter le weekend dans la capitale avec une affiche de rêve ! Chapel Of Disease et Wolvennest font partie de mes coups de cœur de 2018 que j’avais hâte de redécouvrir sur scène, et je garde un excellent souvenir du dernier live de The Ruins Of Beverast à l’Ubu (Rennes, 2017) en compagnie de (DOLCH) et King Dude.
Je profite de ce séjour parisien pour déguster la merveilleuse Stoned de Headbang Brewery qui n’est pas trouvable à Nantes, sur la terrasse qui est toujours l’un des atouts de Glazart pour en faire un espace accueillant. Quelques changements ont été opérés depuis ma dernière venue en 2015, et le lieu me semble plus agréable qu’auparavant. Direction l’intérieur à 19h et quelques pour le début des hostilités !
Chapel Of Disease
Si je n’en avais jamais entendu parler auparavant (Gazag en parlera donc mieux que moi), Chapel Of Disease était l’un de mes gros coups de cœur de l’année 2018 avec leur dernier album. Se mêlent cette voix rocailleuse et des riffs parfois bien rentre-dedans ou parfois bien plus groovy, psyché et seventies : une fusion réussie et qui a le mérite d’ouvrir la soirée avec beaucoup d’énergie.
On ne voit que de grandes silhouettes à cheveux longs d’Allemands bien barraqués, et c’est bien dommage car le point qui pêche le plus ce soir-là est le jeu de lumières complètement atroce. Impossible de prendre des photos, tant pour moi qui avais prévu mon appareil photo que pour Gazag qui est également venu avec le sien. On a droit à quelques lumières bien rouges en fond de scène, autant dire que je ne saurais reconnaître aucun membre du groupe en dehors de la scène, tant on n’y voit rien.
Heureusement, le son du Glazart (ou de l’ingé son du groupe ?) est bien meilleur que dans mon souvenir ! Sans être parfait, on reconnaît largement les titres, quasiment tous issus du dernier album. L’atmosphère rock’n’roll alternant avec le caractère massif du Death sont assez bien retranscrits et j’en prends personnellement plein les oreilles. Le public est par ailleurs pleinement réceptif à leur musique, je ne sais pas s’il est constitué de curieux ou de connaisseurs mais quelques poings se lèvent pour clamer le désormais fameux « Oblivious, obnoxious, defiant ! » du deuxième titre. Le concert passe à toute vitesse et c’est un moment qui restera pour moi un excellent souvenir.
Gazag : Il est important de connaître ses gammes. Après la maîtrise du Death Metal traditionnel sur Summoning Black Gods, puis une période de gestation avec The Mysterious Ways of Repetitive Art, Chapel of Disease achève sa mutation en délivrant …and as We Have Seen the Storm, We Have Embrace the Eye, un disque d’une solidité incontestable. Les influences sont digérées, le groupe est décomplexé. Il propose des escapades multicolores, assumant les détours empruntés, sans jamais se perdre définitivement ; l’aventure servie sur un plateau. Ce voyage bucolique, le Glazart va en faire les frais, puisque cet album sera largement mis en valeur ce soir.
Le groupe s’avance devant une salle à moitié pleine, il est aisé de se placer idéalement, selon l’humeur. Pour l’horaire pratiqué, 19h10, l’affluence est bonne. Les Allemands toisent le Glazart, sans saluer la foule. Une fois les dernières vérifications effectuées, on embraye avec Void of Worlds. Le son est bon, voire très bon quand on est coutumier de la configuration de la salle. Même si certains solos passent à la trappe, rien ne pollue vraiment l’espace sonore. La musique peut-être appréciée à sa juste valeur, et tant mieux, car sur scène, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent.
Le jeu de scène est quasiment inexistant. Le bassiste reste les pieds au plancher, tout comme le guitariste rythmique. Laurent Teubl, au milieu, se permet quelques pas de-ci de-là lors des parties techniques. Il se paye même le luxe de chercher son collègue guitariste pour de rares face-à-face. Aucun mot n’est échangé avec le public. Entendons-nous bien, ce n’est pas une mauvaise critique. Le groupe choisi de ne pas participer à la petite effervescence qui a lieu dans le public. Chapel of Disease est au-dessus de ses voyageurs, qui, plus bas, avalent les kilomètres.
L’intégralité des lumières est placée en fond de scène. Impossible alors de distinguer les visages des gentlemen allemands. Sont-ils heureux d’être là, en galère lors des passages chauds, ou simplement complices de jouer ensemble, rien ne transparaît, à part des headbangs métronomiques qui brouillent les pistes. Les nappes ambient, parfois présentes dans les morceaux, sont jouées par le groupe via un set de pédales d’orgue. Quand les mains sont à la guitare et que les pieds sont aux pédales, au même moment, la prestation du front-man force le respect. Paradoxalement à ces machines sur pattes, la musique délivrée prend une séduisante saveur humaine. Qu’il s’agisse des variations parfaitement exécutées, de cet art de la montée en puissance ou de la conservation de l’inertie malgré la longueur des pistes, impossible de réellement connaître les facteurs de cette nouvelle propriété organique. De certain, c’est qu’avant ce concert, il paraissait inconcevable que les pistes jouées ce soir soient meilleures que sur CD, et pourtant c’est le cas.
The Sound of Shallow Grey se termine. Un titre de Summoning Black Gods doit enfin être joué, maintenant qu’on est sur la fin, mais que nenni, fin de chantier on remballe. Mis à part les lights médiocres, et un set un peu court, ce concert est une belle réussite. Chapel of Disease marque les esprits, et sans forcer. A voir la réaction de la fosse et son affluence (en comparaison des deux prochains groupes), ils auraient pu être programmés plus tard dans la soirée, sans problème. En cachette, on l’aurait placé en tête d’affiche. Normal, tant Wolvennest et The Ruins of Beverast sont éloignés de mon obédience, et ont raté leur opportunité ce soir. D’ailleurs, c’est Dolorès qui prend la suite du papier.
Wolvennest
J’aurai mis du temps à accrocher au projet belge, qui a pourtant tout pour me plaire sur le papier, mais le dernier album en date m’aura finalement conquise et notamment le titre « Ritual Lovers » qui est un superbe tube (si tant est qu’on puisse appeler ça comme ça pour ce genre musical).
Je suis malheureusement placée un peu plus loin pour ce second concert de la soirée, difficile de rentrer dans l’ambiance quand on manque d’immersion visuelle (et olfactive, les premiers rangs doivent être dans une transe bien plus convaincante que moi entre les musiciens, les bougies et l’encens). Une partie du public semble tout à fait apte à discuter pendant le set de Wolvennest, en se hurlant mutuellement dans les oreilles en plein milieu de la salle, soit.
Musicalement, je suis très heureuse d’entendre ces titres de VOID, et les membres du groupe ont l’air de maîtriser leur sujet pour rendre une atmosphère au plus proche de l’album. Je reste toutefois très gênée par le chant de Shazzula en live. Elle a une attitude sur scène et une manière de chanter beaucoup plus investie, et beaucoup plus maladroite, on la sent toutefois complètement à fond dans la performance et cela tranche beaucoup avec sa présence vocale sur album qui est plus monotone. Je l’aurais imaginée plus en retrait sur scène, mais il doit être difficile de trancher entre une attitude solennelle pour coller aux ambiances studio et une présence plus dynamique pour les besoins du show et, peut-être, pour accrocher les curieux qui ne connaîtraient pas encore le groupe dans la salle. Personnellement, j’aurais préféré un chant plus neutre, maîtrisé et cérémonieux. Le chanteur de The Ruins Of Beverast viendra rejoindre le groupe sur « L’Heure Noire » : son chant me semble plus valorisé que sur album, et cela permet de redynamiser la prestation des Belges sur scène.
Malheureusement, ils n’auront pas le temps de jouer énormément de morceaux (surtout qu’ils en ont peu qui durent moins de dix minutes sur VOID), j’aurais adoré entendre « The Gates » mais, avec son ambiance de rituel funéraire et de poésie française déclamée, on aurait probablement perdu l’attention de la moitié du public. Une petite note de déception, à revoir dans d’autres conditions peut-être !
The Ruins Of Beverast
J’avais un excellent souvenir de la dernière fois que j’avais vu TROB en live, à Rennes, il y a deux ans. Mais alors là. J’ai beau changer plusieurs fois de place par rapport à la scène, le son ne me permet d’entendre que la batterie et un brouhaha de guitares. Je ne reconnais aucun titre et il est difficile de se mettre en condition, impossible de plonger dans l’ambiance du concert.
Je ne tarde pas à sortir prendre l’air en me disant que l’ingé son aura peut-être le temps d’améliorer l’ensemble d’ici un ou deux morceaux. Lorsque je reviens, le son n’est pas spécialement meilleur. Le live s’arrêtera par ailleurs d’une manière assez sèche : je n’ai pas tout à fait compris sur le coup mais on m’a raconté par la suite que l’un des musiciens aurait cassé une (ou plusieurs) corde(s) et n’aurait pas pu en changer, en tout cas un souci technique embêtant de ce type, choisissant de dire adieu au public en stoppant net la prestation.
Comme je l’ai lu ailleurs et entendu de la part des connaissances présentes ce soir-là, le public est plutôt unanime : une excellente prestation de Chapel Of Disease, puis une soirée qui accumulera progressivement les petites déceptions. Quel dommage ! Mon avis concernant le Glazart reste finalement le même qu’il y a 4 ans : la salle peut devenir un endroit agréable lorsque l’ingé son sait ce qu’il fait. Le hasard, donc…
Merci à Glazart et Heavy Duty pour l’événement et l’invitation.