Articles Retour

L'année 2024 vue par Horns Up

lundi 6 janvier 2025
Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Aussi difficile que soit l'exercice de classer les meilleures sorties de l'année, surtout dans des genres aussi différents, il n'en demeure pas moins incontournable. Les 20 albums que nous nous apprêtons à vous présenter sont ceux qui ont marqué le plus de monde dans la rédaction. Vous y trouverez du black, du heavy, du hardcore, du death, du post-metal… une sélection, en somme, éclectique, à l’image des goûts de nos rédacteurs et rédactrices. Une playlist accompagne la lecture pour que vous puissiez réviser partout où vous allez.

Ce top est également pour nous l'occasion de vous remercier de nouveau chaleureusement pour votre confiance et votre fidélité, que ce soit sur la partie webzine ou la partie WebTV.  Horns Up continuera en 2025 de vous proposer de nouveaux formats, de vous faire découvrir des groupes et des albums, mais aussi, nous l'espérons, de vous divertir dans le sens noble du terme. Nous vous incitons donc à continuer de surveiller nos réseaux sociaux et notre site pour ne pas manquer les belles choses que nous sommes en train de vous concocter. Bonne année à toutes et à tous !

Blood Incantation | Ulcerate | Judas PriestOranssi Pazuzu | Ripped to Shreds | Savage OathBlack Curse Knocked LooseKanonenfieber | Hail Spirit Noir | Alcest | Spectral WoundChapel of Disease Sorcerer | Spectral Voice | Castle Rat | Contention | Thy CatafalqueVígljós | Big Ass Truck

 

Blood Incantation – Absolute Elsewhere
Death metal – USA (Century Media Records)

Di Sab : Inutile d'être pénible et redondant au moment d'évoquer le plus grand disque de 2024 et l'un des plus grands albums de metal extrême de ces dernières années. Blood Incantation cuisine depuis 10 ans un death metal unique duquel il cherche à repousser les limites. Leur amour des années 70 en général et du krautrock en particulier commençait à poindre dans les productions précédentes mais c'est dans Absolute Elsewhere que le groupe de Denver semble avoir trouvé la recette parfaite. Équilibré, raffiné, passionnant, virtuose sans être indigeste, le groupe du Colorado marie les contraires et dose à la perfection des éléments qu'on ne retrouve que rarement ensemble. Sans sacrifier sa dimension extrême comme a pu le faire Opeth,  majestueux et cosmique comme les pyramides qui ornent sa pochette, Absolute Elsewhere a mis tout le monde d'accord dans un petit monde où chaque hype est scrutée avec méfiance. Inutile de vous recommander de l'écouter, c'est probablement déjà fait. En revanche, on ne peut que vous inciter à prendre une place pour la tournée européenne à venir. Le groupe est en effet destiné à devenir trop gros pour des salles où la visibilité est décente.   

 

Ulcerate – Cutting the Throat of God
Death technique et dissonant – Nouvelle-Zélande (Debemur Morti)

Raton : Ça fait plus de 20 ans que les Néo-Zélandais d’Ulcerate édifient avec rigueur une ode à la brutalité, la technicité et la dissonance. Et depuis 2009 et la sortie de Everything Is Fire, c’est un sans faute absolu. J’avais toutefois été légèrement déçu par le dernier, Stare Into Death and Be Still, un peu trop statique et redondant à mon goût. Mais cette année, Ulcerate est revenu avec ce qui est probablement mon nouvel album préféré d’eux : Cutting the Throat of God.

Le groupe y livre sept morceaux faits de l’étoffe même de la nuit, menaçants et poisseux, serpentant entre pénombre et lumière. Sans jamais délayer la complexité et l’exigence de sa musique, Ulcerate s’attelle davantage à des leads de guitare mélodiques et épiques qui viennent équilibrer à merveille la noirceur de la section rythmique et du chant. Cutting the Throat of God est mon disque de l’année, mais c’est surtout un chef d’œuvre qui donne à voir le plus grandiose de ce que le metal peut accomplir.

 

Judas Priest – Invincible Shield
Heavy metal – Angleterre (Columbia / Sony)

Pingouin : Place désormais aux aînés de cette sélection : le 20e album de Judas Priest est incroyable, rafraîchissant, plein d'énergie, bref les adjectifs me manquent. Sorti le 8 mars dernier chez Sony Music, Invincible Shield n'a pas quitté mes playlists depuis. Alors que les couleurs criardes de l'artwork m'avaient peu motivé à écouter l'album, les premières notes de « Panic Attack » m'ont vite donné tort. 

Savoir composer des riffs pareils après 55 ans de carrière devrait vous garantir le repos éternel de l'âme, comme on vous l'expliquait à la sortie de l'album. « Gates of Hell », « Invincible Shield », et « Crown of Thorns » sont les tubes metal de l'année, et c'est pour ça que le Priest termine si haut dans notre top 2024.

 

Oranssi Pazuzu – Muuntautuja
Black metal avant-gardiste – Finlande (Nuclear Blast)

S.A.D.E : Se détachant encore davantage de ses racines black metal pour incorporer toujours plus d'éléments synthétiques et électroniques, Oranssi Pazuzu a brillamment démontré avec Muuntautuja que son talent pour l'expérimentation sonore est plus saillant que jamais. Le quintette finlandais nous envoûte avec ses boucles hypnotiques et nous entraine dans un territoire étrange où tout semble possible, où tout peut arriver. Empilements de textures et couches, greffes d'effets et de bruits, les compositions du groupe se découvrent avec un étonnement émerveillé : comment une musique aussi peu consensuelle sur le papier peut-elle être aussi efficace ? Comment cet étrange voyage sans but ni objectif clair se déroule aussi facilement ? Et bien entendu, pour chercher une réponse, nous voilà forcés de relancer l'album, une énième fois...

 

Ripped to Shreds – Sanshi
Death metal – USA (Relapse Records)

Pingouin : Autre sortie notable dans une année riche en death metal  : les Californiens de Ripped to Shreds continuent de progresser, la preuve en est avec ce quatrième album, Sanshi. Les thèmes propres à Andrew Lee marchent toujours aussi bien, de même que leur créneau musical, qui consiste à worship les 90s à fond la gamelle. Les références à Autopsy et Asphyx sont les plus évidentes, comme c'était déjà le cas sur les précédents albums. Et Ripped to Shreds fait ici l'effort d'étendre sa palette, avec des clins d'œil appuyés au mélodeath scandinave et au power metal le plus m'as-tu-vu. L'entièreté de l'album est efficace et incontournable. Je vous redirige vers notre rubrique nécro du mois d'octobre pour plus de détails, mais c'est Ripped to Shreds, et comme à chaque fois depuis près de dix ans vous pouvez appuyer sur play les yeux fermés.

 

Savage Oath – Divine Battle
Heavy metal – USA (Postmortem Apocalypse)

Raton : J’ai beau ne pas avoir la frénésie d’écoute et la passion du heavy chevillées au corps comme notre chroniqueur Malice, j’ai chaque année un gros coup de cœur dans le genre et c’est tombé cette année sur le premier Savage Oath. Le groupe étatsunien, composé de Brendan Radigan, chanteur chez Sumerlands, Magic Circle (et l’immense groupe de hardcore The Rival Mob) et de membres d’Eternal Champion, Visigoth et Manilla Road, avait sorti une incroyable démo début 2023.

À mon grand désespoir, les deux titres de cette démo ne sont pas présents sur le premier album, paru en mars, mais ça ne l’empêche pas de briller de mille feux pour autant. Divine Battle est un disque rempli à ras bord d’amour pour le heavy désuet, épique et bavard. Avec ampleur et générosité, Savage Oath déroule sur sept morceaux variés ses hymnes guerriers et ses éclairs de génie mélodiques. Tout ne me touche pas avec la même intensité, mais comment ne pas être pas bouche bée devant une proposition aussi étincelante que « Wings of Vengeance » ?

 

Black Curse – Burning in Celestial Poison
Death metal – USA (Sepulchral Voice Records)

Sleap : Même si, selon moi, 2024 n’est pas une année aussi riche que les précédentes, elle nous confirme à nouveau la suprématie de la scène extrême (et consanguine) de Denver avec trois disques colossaux : Spectral VoiceBlood Incantation et Black Curse ! Mais là où je préfère les sorties antérieures des deux premiers groupes, ce n’est pas le cas pour Black Curse (qui partage d’ailleurs des musiciens avec les deux susnommés). Burning in Celestial Poison se place encore un cran au-dessus d’Endless Wound, qui avait pourtant soufflé tout le monde en 2020 ! Flirtant parfois avec le black bestial originel (on pense aux quelques signature-breaks de Blasphemy çà et là), le death metal de Black Curse se fait encore plus puissant et cauchemardesque qu’auparavant, en partie grâce aux monstrueux vocaux d’Eli qui se sont grandement améliorés depuis le premier album. Des compos moins nombreuses mais beaucoup plus longues (la plupart entre 7 et 11 minutes !) pour trois quarts d’heure de death sombre à la fois ultraviolent et très atmosphérique. Une densité et une profondeur qui rendent le tout très difficile à mixer, et c’est pourtant ce que réussit une fois de plus l’artisan orfèvre Arthur Rizk, qui signe là l’une de ses meilleures productions – et ce n’est pas peu dire au vu de l’impressionnant catalogue du bonhomme ! C’est bien simple, je n’avais pas pris une telle claque depuis le Death de Teitanblood sorti il y a dix ans. Chapeau bas !

 

Knocked Loose – You Won't Go Before You're Supposed To
Metalcore – USA (Pure Noise)

Raton : C'est un lieu commun que de dire que Knocked Loose a complètement aplati la concurrence dans la scène hardcore. Là où le succès de Turnstile a été associé à une compromission, Knocked Loose est peut-être le premier groupe depuis Hatebreed à atteindre ce niveau de visibilité sans faire le moindre compromis sur la radicalité de sa musique. Et ce nouvel album l'a confirmé : juste en dessous de 30 minutes, une brutalité franche et aucun chant clair.

You Won't Go Before You're Supposed To est un disque massif, suintant de noirceur et d'efficacité. Il a été construit avec minutie, avec la terrifiante frénésie de l'EP A Tear in the Fabric of Life et la singularité des morceaux de A Different Shade of Blue. A mes yeux, que deux fautes de goût : les deux featurings. Si celui de Poppy sur « Suffocate » est efficace sur le principe, le break dembow (base rythmique du reggaetón) est un gimmick encombrant. Quant à l'apparition de Chris de Motionless in White, elle est à l'image de son groupe, paradoxalement aussi fade que racoleuse. Fort heureusement, le reste est au sommet de ce que le metalcore moderne sait faire de mieux.

 

Kanonenfieber – Die Urkatastrophe
Death / black mélodique – Allemagne (Century Media Records)

Matthias : Kanonenfieber a tout bousculé avec un premier album en 2021, suivi par une série d'EP et de singles intéressants, mais pas décisifs pour autant. C'est peu dire qu'on attendait le prochain mouvement de Noise, l'homme à la cagoule et au casque à pointe. L'attaque est venue à l'automne, à peu près dépouillée de ses bribes de black metal pour se concentrer sur un son plus moderne, mélodique, mais au final ô combien efficace. Je dois admettre une certaine retenue, et au final je suis content que ça soit le camarade Malice qui ait chroniqué Die Urkatastrophe. Mais après quelques écoutes, et surtout l'épreuve du live, il faut bien admettre que Kanonenfieber a trouvé la bonne formule offensive. Des refrains simples qu'on a envie de gueuler malgré la barrière de la langue (« Menschenmühle », imparable mais pas facile à chantonner en public), un style musical fédérateur et une identité visuelle forte que tout le monde connaît, tant via les productions Netflix que par les monuments municipaux. Mais attention, le projet reste l'œuvre d'un passionné, qui s'est inspiré de véritables témoignages d'époque, et ça se sent. Ce cap du second album passé avec brio, Kanonenfieber a maintenant l'étoffe pour devenir un grand groupe fédérateur. Et ça sera mérité.

 

Hail Spirit Noir – Fossil Gardens
Black metal psychédélique – Grèce (Agonia Records)

S.A.D.E : Après un Mannequins moyennement convaincant, vraie BO synthwave d'un faux film d'horreur (ou l'inverse), Hail Spirit Noir est revenu à sa formule plus standard pour Fossil Gardens : un black metal progressif et psychédélique faisant la part belle au chant clair et aux synthés. Et ce pas de côté qu'était Mannequins n'a pas fait perdre la main aux Grecs, loin s'en faut. Ce sixième album est une totale réussite, de son énigmatique pochette jusqu'à sa dernière note. Tout y est maîtrisé à la perfection, tout s'enchaîne à merveille. Aussi talentueux pour composer des mélodies immédiates que pour construire des titres à tiroirs, Hail Spirit Noir confirme être maître dans l'art de faire de la musique aussi complexe qu'accrocheuse, aussi riche que captivante.

 

Alcest – Les Chants de l'aurore
Metal atmosphérique / Post-rock / Shoegaze – France (Nuclear Blast)

Varulven : Depuis plus de 15 ans, la scène française continue encore et toujours de progresser et d’être reconnue en dehors de nos frontières. Symbole de cette réussite, Alcest a poursuivi son ascension cette année, avec son septième album et un concert parisien complet à l’Olympia. Rompant avec la dureté de Spiritual InstinctLes Chants de l’aurore propose une magnifique synthèse d’un univers musical onirique et riche. En revenant à l’essence très lumineuse et pure de ses débuts, le projet de Neige retrouve une accroche instantanée, quelque peu mise en retrait sur ses dernières sorties. Pour autant, si l’album baigne dans une atmosphère printanière tout au long de ces 43 minutes, il n’en demeure pas moins varié en terme de contenu. On se sent autant enveloppés par l’aura majestueuse de « L’Envol » que touchés par l’intensité de « Amethyste ». Ou encore émus par « L’Adieu », somptueux final qui vient titiller notre corde sensible. C’est au cours d'un périple estival à Avignon que le disque a vraiment grandi en moi. L’atmosphère chaleureuse de la région m’a imprégné et m’a offert une nouvelle clé de lecture pour mieux percevoir toute la positivité d'Alcest. Et tenter d’approcher cet Autre Monde, décrit par un artiste intègre dont la sincérité n’a d’égale que sa profonde gentillesse.

 

 

Spectral Wound – Songs of Blood and Mire
Black metal – Québec (Profound Lore)

Pingouin : Il était évident qu'on n'allait pas passer à côté des grosses sorties black metal de l'année. Ca fait donc plaisir d'inclure dans ce top un album de BM punk et radical, sans fioritures aucune. Le quatrième Spectral Wound est un condensé de noirceur vampirique comme il ne s'en fait plus que dans les méandres de Bandcamp. Riffs aiguisés, distortion sur-saturée : le monde de Spectral Wound est noir et vicié. Au diable l'avant-garde et l'air du temps, les Québécois sont là pour maintenir en vie l'esprit d'un black metal du siècle dernier et c'est fait avec tant de réussite qu'on ne pouvait les exclure de cette liste.

 

Chapel of Disease – Echoes of Light
Death metal progressif – Allemagne (Vàn Records)

Michaël : Celui-là risque de faire couler un peu d'encre. Certainement parce que le groupe, depuis ses débuts, ne fait pas l'unanimité. Mais aussi et surtout car, dans cet opus, le groupe a davantage lorgné vers le death mélodique et l'utilisation de lignes de chant clair, laissant parfois pantois les admirateurs du précédent opus, ...and As We Have Seen the Storm, We Have Embraced the Eye. Pas pour moi et pour une grande partie de la rédaction de Horns Up, en revanche. Alliant les mélodies oniriques et les passages aériens à des structures biscornues et des sons inattendus, Chapel of Disease nous emmène dans son univers, résolument mélodique et mélancolique. D'évidentes prises de risques rendent d'autant plus beau le voyage, l'alternance des structures et des compositions venant enrichir une musique qui jamais ne se perd. Les Allemands ont tenté, ont osé, et c'est une réussite. Il n'est pas certain qu'après cet opus, le groupe pourra toujours continuer à nous surprendre et nous émouvoir ; en attendant, on se délecte de cet Echoes of Light qui a tout d'un album qui laissera une marque.

 

Sorcerer – Dévotion
Hardcore métallique – France (Delivrance Records/Frozen Records)

Hugo : Non content d’avoir proposé l’une des plus belles covers de 2024, Sorcerer nous a également offert l’un des meilleurs albums de hardcore européen de ces dernières années. Le groupe brille ici par sa capacité à déployer un univers complet avec finesse, sans jamais se compromettre. Sorcerer est un groupe de hardcore, intégralement, mais qui réussit pourtant à incorporer de nombreuses influences extérieures à sa musique, metal, rock, issues d’autres arts, avec un naturel déconcertant. Tout me plait dans cet album, des ambiances en clean qui ponctuent les morceaux, aux passages purement frontaux, intentionnellement rares et donc d’autant plus efficaces. Certes, l’ombre de groupes comme Foundation ou Kickback plane toujours, mais il est impossible de réduire Dévotion à ces références tant la proposition est variée et singulière. Une leçon de maîtrise, sans aucune faute de goût à mes yeux.

Et pour entendre le groupe parler de sa musique à nos côtés, on vous renvoie à l’émission Horns Up n°22.

 

Spectral Voice – Sparagmos
Doom death metal – USA (Dark Descent Records)

S.A.D.E : Certains musiciens écrasent la concurrence. Les p'tits génies dont il est question ici en font partie : ils ont également sorti un certain Absolute Elsewhere enscencé plus haut (et partout ailleurs). Et donc, non contents d'avoir pondu l'album death metal le plus ambitieux de l'année, ils avaient déjà quelques mois plus tôt proposé l'album doom death de l'année (en compétition avec Tzompantli). En effet, derrière Blood Incantation et Spectral Voice, se cache le même trio de gros cerveaux brutaux et ces types savent tout faire. En ce qui nous concerne ici, c'est l'approche asphyxiante et ralentie que notre bande d'hyperactifs talentueux a choisi d'explorer : voix caverneuse, guitare et basse plombées, batterie sourde, tout sur ce Sparagmos est là pour vous entrainer dans une crypte saturée d'odeurs macabres. Et c'est tellement bien fait qu'on y retourne volontiers.

 

Castle Rat – Into the Realm
Doom metal – USA (King Volume Records)

Matthias : Le heavy/doom infusé à la Sword & Sorcery se porte bien, en particulier dans le Nouveau-Monde. Et Castle Rat, après nous avoir teasé avec une flopée de singles, nous offre un premier album qui tient de la réussite critique. Di Sab le présente mieux que moi et en dissèque avec soin toutes les influences ; je vais me contenter d'insister : Into The Realm est parfait comme il est. « Dagger Dragger », « Cry for Me », « Fresh Fur » ; c'est une succession de tubes, qui restent tous en tête comme la tactique finalement gagnante face à un boss de fin de niveau, et le tout condensé dans un album d'à peine 32 minutes, finalement un format gagnant pour le style. Dès les premières notes, Castle Rat se lance dans un condensé de nostalgie 80's pleinement assumée, saupoudré d'influences Black Sabbath-iennes, mais avec un côté foutraque qui lui offre une certaine aspérité, et c'est pile ce qu'il fallait pour sortir du lot. La voix de reine des catacombes de Riley Pinkerton fait le reste, et on se surprend déjà à espérer un nouveau succès critique pour la prochaine sortie. Un petit rat me souffle qu'on n'aura peut-être pas à attendre longtemps...

 

Contention – Artillery From Heaven
Metalcore – USA (DAZE)

Michaël : Après deux EP très réussis (Laying Waste to the Kingdom of Oblivion et Summer Offensive), les Américains de Contention ont enclenché la seconde en décidant d'offrir à son public un premier album complet. Toujours une entreprise délicate, dans le genre ; maintenir agression et urgence dans un format plus long n'est pas mince affaire. Et pourtant, ce nouvel opus fonctionne à tous les niveaux. En continuant dans une veine metallic hardcore à l'ancienne et avec un son qui n'abandonne pas pour autant toute modernité, le groupe vient lâcher sa haine, toujours portée par des riffs très mélodeath voire Slayerisant. Les paroles, qui tournent autour d'un pessimisme général quant à la nature humaine, viennent renforcer une haine viscérale qui se dégage de chaque breakdown. Un condensé de violence qui ne nous a pas laissé indemne.

 

Thy Catafalque – XII : A Gyönyörű Álmok Ezután Jönnek
Metal avant-gardiste – Hongrie (Season Of Mist)

Malice : La mort, les taxes et un album de Thy Catafalque au pire tous les deux ans depuis 2015. XII (je vais lâchement l'appeler comme ça) est cependant bien plus qu'une resucée ou une synthèse de ce que Támas Kátai offre depuis Meta (2016)voire Rengeteg (2011) pour le côté tubesque : c'est peut-être le meilleur album de Thy Catafalque, ou au moins la meilleure porte d'entrée pour un groupe aussi déroutant. Le génie hongrois a encore frappé, aérant le propos et revenant à quelque chose de plus catchy après un Alföld franchement trop extrême à mon goût, mais sans aller trop loin dans l'hommage à cette musique tzigane et plus folk qu'il aime tant (comme sur Naiv). Le meilleur des nombreux mondes de Thy Catafalque, et l'un des plus grands albums de 2024.

 

Vígljós – Tome I : Apidae
Black metal apicole – Suisse (Dusktone)

Matthias : « Encore un groupe de black metal à thème spirituel et à capuche intégrale ? On est de retour en 2015 ? » Alors certes, mais non : la formation helvétique Vígljós ne surfe pas sur des formules qui marchent, bien au contraire. D'abord pour le thème pour le moins de niche de l'apiculture – Rodolphe a abordé toute la symbolique derrière dans une précédente Série Noire. Et ensuite car, musicalement, on n'est pas du tout dans un black metal taillé pour plaire au plus grand nombre et vendre des t-shirts par palettes entières. Tome I: apidæ est une œuvre assez brute, composée avec un grand professionnalisme, certes, mais sans aucune concession mélodique. Nos coléoptèrophiles des Alpages livrent un black metal plus lo-fi que véritablement raw, dans lequel percent des airs étranges mais envoutants (« Dance of the Bumblebee »). S'y joint un chant, certes assez classique dans le répertoire black metal, mais qui ajoute une dimension horrifique à ce qui, de loin, ressemble à la vie paisible d'un monastère isolé dans les Alpages (« Raiding the Hive », et ses samples d'essaim en colère, proprement terrifiant). Tome I: apidæ peut demander un peu d'abnégation pour s'y plonger, mais il faut faire fi de la peur des piqures, car le jeu en vaut la chandelle.

 

Big Ass Truck – Big Ass Demo
Marcelcore – États-Unis (indépendant)

Malice: POUUUUUUUUUEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEET !!!