Why not ?
Avec un nom d’album comme Terror Management Theory, Temic va peut-être malmener les auditeurs en les emmenant sur une fausse piste. Malgré la forte connotation metal extrême, ambiance angoissante, le groupe fait du metal progressif avec une touche moderne. Et donc en bon progueux qui se respectent, ils ont été chercher la théorie de la gestion de la peur qui est un concept de psychologie sociale. Ce dernier nous met face à la tension entre notre instinct animal qui nous pousse à nous protéger et à survivre et à notre conscience de la mort, propre à l’être humain. Voilà en quelques mots posées les bases d’un premier album qui fleure bon les codes du progressif. A cela, on peut rajouter le labyrinthe quasi ésotérique de la pochette et le tableau est complet.
Mais on ne va pas s’arrêter là. Le pedigree des musiciens est éloquent : le cœur du groupe est formé par un guitariste et un clavier recrutés par Mike Portnoy pour son groupe Shattered Fortress (lors d’une tournée pour mettre en scène le concept autour de son combat contre l’alcool), Eric Gilette et Diego Tejeida. Et comme souvent ces dernières années, le confinement a lancé le projet sur de bons rails, en donnant le temps de composer et de constituer un groupe qui suivrait le projet musical de son duo de tête.
Ce projet musical tourne autour d’une lecture personnelle de codes progressifs que l’on peut trouver chez des noms respectés par les connaisseurs : Circus Maximus ou Pagan’s Mind par exemple. De l’énergie, mais dans des structures rythmiques qui accrochent l’attention de l’auditeur comme sur « Count Your Losses » et de la technique qui va venir appuyer et magnifier cet effort de proposer une vision non linéaire des morceaux. « Friendly Fire » démontre que l’on peut être puissant, envoyer quelque chose de lourd sans avoir un moment de droit et rectiligne. Batterie, basse ou guitare, on se fait embarquer par des riffs qui partent dans tous les sens. Et cela fonctionne sans une anicroche. De plus, il est bon de préciser que ce titre est 100% instrumental, exception sur l'album. Les musiciens sont des pointures et des moments de pur groove comme la partie de basse / claviers sur « Skeletons » ou son solo de guitare vont vous chambouler.
Par contre, on ne tombe par contre jamais dans l’inutile complexité, il y a toujours un lien de musicalité et d’émotion entre Temic et son auditoire. Les parties de chant doublées ou avec un maximum de réverbération comme sur une bonne portion de « Through The Sands Of Time » ou de « Skeletons » poussent l’auditeur vers des hauteurs plus sereines sur des moments qui sont pourtant chargés de distorsion. Cette prise de risque pourra en rebuter certains, puisque le chant ne prend pas sa pleine mesure, mais l’ambiance créée est unique. Parler de l’atmosphère de cet album est essentiel puisque quelques passages vont faire retomber la pression, comme la première moitié de « Acts of Violence » ou une transition sur « Once More ». Mais ces instants sont rares, soyez prêts à un album intense et musclé car Temic n’appartient pas à la frange progressif méditatif. Bien loin de là, le groupe réussit à créer un ensemble qui met le metal à l’honneur.
L’héritage de la couronne du metal progressif est une récompense disputée. Nombreux ont été les prétendants, tous avec le talent et la qualité de leurs musiciens. Temic offre une candidature solide avec Terror Management Theory. C’est un album équilibré et audacieux qui respecte les codes du genre tout en proposant une lecture très personnelle que ce soit sur le chant, mais aussi la prédominance des sons électroniques. Season of Mist a fait là une belle acquisition qui vient apporter de la délicatesse et de la technique dans son écurie et qui vient marquer la fin de l’année 2023 d’une belle pépite progressive.
Tracklist:
01. TMT (02:03)
02. Through the Sands of Time (07:01)
03. Falling Away (04:58)
04. Count Your Losses (06:13)
05. Skeletons (07:01)
06. Acts of Violence (05:53)
07. Friendly Fire (05:58)
08. Paradigm (06:34)
09. Once More (05:46)
10. Mothallah (07:28)
