Trivium @ Reflektor (Liège)
Le Reflektor - Liège
L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.
Trivium dans une salle de 600 places ? Honnêtement, quand la date de Trivium au Reflektor de Liège a été annoncée, j'ai cru à une erreur, que le groupe allait être rapidement reprogrammé à l'OM, nouvelle salle censée ouvrir prochainement en région liégeoise et qui pourra accueillir 2500 personnes.
Mais non : c'est bel et bien dans ce club du centre de Liège que les géants du metalcore américain ont décidé de jouer leur dernière date continentale (ils termineront leur tournée en Grande-Bretagne). Ni une ni deux, je saute sur les tickets... alors que le concert se tient un lundi post-Motocultor, à 9h de route. L'idée la plus conne de l'année, mais au final, la meilleure.
Passons sur ces 9h de route après un festival épuisant dont vous lirez bientôt le live report dans nos pages ; passons sur cette arrivée dans un Liège dévasté, sorte de mélange moins glamour de Mad Max et Bladerunner version chantier de tram à l'abandon. Direction le Reflektor, plein centre, où il fait déjà étouffant : la date est évidemment archi-soldout depuis longtemps et quelques jours plus tôt, le concert d'Ugly Kid Joe au même endroit avait transformé la salle en sauna, la clim' n'ayant pas fonctionné.
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Trivium
Pas de première partie pour ce concert, juste Trivium et nous, et il fait suffoquant dès l'énorme « In the Court of the Dragon ». L'album du même nom a fait office de renaissance du groupe à mes oreilles après trois sorties franchement moins bonnes, et même en live, il fonctionne très bien, mais seul « Feast of Fire », vrai tube, sera aussi joué. L'occasion de voir à l'oeuvre sur ces morceaux le niveau technique hallucinant atteint par Corey Beaulieu et Matt Heafy aux soli de guitare. « Il fait aussi chaud qu'en Floride », lance un Heafy bavard et visiblement très heureux d'être là. Au crédit du Reflektor, cette fois, la clim' marche, surtout dans les travées latérales où il fait même très agréable (au détriment de la visibilité). Le son est 3 étoiles, mais Heafy galère un peu sur le chant clair (192e date de la tournée tout de même...), ce qui se perçoit d'emblée sur « The Sin & the Sentence » et « Strife » - heureusement, il connaît sa voix et passe en chant plus hurlé si nécessaire, ou laisse Corey le soutenir. Sur « Pull Harder on the Strings of your Martyr », c'est le public qui l'aide bien volontiers.
Après distribution de bouteilles d'eau au premier rang, Matt Heafy annonce plusieurs choses en début de concert : d'abord, qu'ils joueront plus longtemps que d'habitude, et que 3 titres jamais joués en live seront au programme. Ensuite, après « Pull... », la folie : pour fêter les 15 ans de Shogun sorti en 2008, le milieu de set y sera consacré. Pour moi qui ai placé Shogun parmi les albums m'ayant construit à l'âge de 16 ans, c'est Noël. Le classique « Kirisute Gomen » lance les festivités, et « Down from the Sky » est aussi devenu un incontournable depuis 15 ans, mais c'est le reste qui fait office de sucreries : l'énorme « Torn Between Scylla & Charybdis » plus joué depuis 2012, et surtout les jamais joués en live « The Calamity » et « Of Prometheus & the Crucifix ». Des titres très techniques, très exigeants (« Putain, ces morceaux ont beaucoup trop de texte ! », lance un Heafy rincé) et qui rappellent à quel point Shogun représentait un step-up gigantesque ayant fait passer Trivium dans une autre dimension. Dernier bijou : « Poison, the Knife or the Noose », une B-side jamais jouée non plus et qui reste au-dessus de tout ce qui a été composé par la suite jusqu'à In The Court Of The Dragon.
Alors bien sûr, ces titres n'ont probablement pas parlé aux 600 personnes massées au Reflektor, mais les quelques connaisseurs dans mon genre auront apprécié de telles raretés, qui prouvent que Trivium se fait encore plaisir à ce stade de sa carrière. Chaque morceau est susceptible, à un moment donné, d'être joué et les setlists ont très souvent varié ces dernières années : deux concerts de Trivium se ressemblent rarement. « Entrance of the Conflagration » n'est pas le meilleur titre de The Crusade, loin s'en faut, mais il est joué pour la première fois depuis 2017 et c'est à souligner aussi.
Bien sûr, il y a désormais des classiques inamovibles. À ma grande surprise, « The Heart from your Hate » semble en être devenu un vu la réception du public ; et on n'échappe évidemment pas à « In Waves », que je trouve toujours aussi nul dans l'absolu mais qui, en live, fait toujours son petit effet. C'est en tout cas la conclusion idéale d'un concert impeccable, généreux et qui suinte l'amour du groupe pour son public. Bravo messieurs.
Setlist :
In the Court of the Dragon
The Sin & the Sentence
Strife
Feast of Fire
Pull Harder on the Strings of your Martyr
Kirisute Gomen
Torn Between Scylla & Charybdis
Down from the Sky
The Calamity
Of Prometheus & the Crucifix
Poison, the Knife or the Noose
Entrance of the Conflagration
The Heart from your Hate
A Gunshot to the Head of Trepidation
In Waves