Bring Me The Horizon + Motionless In White + Spiritbox @Paris
Accor Arena - Paris
Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Ce mardi, l’Accor Arena accueillait une tournée majeure, placée sous le signe du metal moderne : Spiritbox, Motionless In White et le groupe qui ne cesse de grandir, Bring Me The Horizon. Et autant dire que ce Post Human European Tour n'aura pas déçu, sur le fond comme la forme, dans un Bercy quasi comble bien qu'en configuration réduite.
Spiritbox
Arrivé très tôt pour assister au show de Spiritbox, et grand bien m'en a fait. Renforcé par l'arrivée récente du bassiste Josh Gilbert, le groupe canadien poursuit sa rapide ascension et les prestations live s'en ressentent. Spiritbox est en place ; tout est carré, pensé, réfléchi ; comme si la recette avait été savamment concoctée pour rapidement tutoyer les sommets. L'apport du transfuge d'As I Lay Dying, toujours aussi à l'aise en voix claire, n'y est d'ailleurs pas pour rien.
Malgré une setlist courte - temps de jeu limité oblige - mais aux allures de best-of, la bande à Courtney a tiré le maximum de ce qui lui était offert. Et, surtout, Spiritbox a réussi le pari de ne pas donner l'impression d'être une première partie lambda. Assez peu de communication avec le public, une presta un peu théatrale, le groupe qui sort de scène après chaque titre... Certainement pas le cliché de la première partie qui se sent obligée de réclamer des applaudissements pour chaque groupe et qui en fait des tonnes entre chaque titre.
Avec un son décent (bien que bourré de mids, comme toujours dans ce genre de salle) qui a même parfois permis de discerner le son de basse (Ô miracle!), Spiritbox a déroulé sa prestation sans accroc, avec en point d'orgue cet enchainement « Circle With me » / « Holy Roller » du plus bel effet. Le groupe aura bénéficié d'une sacré exposition cette année : outre le Hellfest 2022, le groupe aura ouvert pour Ghost et Bring Me The Horizon. De quoi toucher des publics différents, susceptibles d'être convaincus par le post-metalcore du groupe ; et ce genre de prestation ne va faire qu'accélérer leur ascension.
Setlist :
Rule of Nines
Hurt You
Yellowjacket
Rotoscope
Circle With Me
Holy Roller
Hysteria
Motionless in White
Sur le papier, Motionless in White a tous les ingrédients pour me faire fuir : des accoutrements en complet décalage avec leur musique (ce qui est souvent un no-go de principe), un frontman qui en fait un peu trop et un metalcore très aseptisé qui bouffe parfois un peu à tous les rateliers. Mais voilà, magie de l'irrationalité, le groupe américain fait parfois office de plaisir coupable. Loin de me convaincre sur tous les plans, je reste quand même souvent bouche bée devant la justesse de Chris Cerulli ; le bougre a beau exaspérer, il est quand même sacrément costaud en live, en voix claire comme en saturée.
Et la prestation de ce soir n'aura certainement pas changé l'image que l'on peut avoir d'eux : c'est très américain. Tout est propre, millimétré ; chaque mot, chaque geste, chaque mouvement est quasi orchestré. Avec un son décent et un jeu de lumière plus que correct, le groupe aura enchaîné les titres en faisant la part belle à son dernier album, Scoring the End of the World, sorti en 2022 chez Roadrunner. Malgré le succès apparent de ces nouveaux titres, c'est sans surprise les grands classiques que sont « Sign of Life », « Voices », « Another Life » et « Eternally Yours » qui auront fait le plus d'effet sur une Accor Arena déjà très bien garnie.
On peut « reprocher » beaucoup de choses au groupe, mais certainement pas de faire semblant ou de faire le minimum.
Setlist :
Disguise
Sign of Life
Scoring the End of the World
Voices
Reincarnate
Werewolf
Masterpiece
Cyberhex
Slaughterhouse
Another Life
Eternally Yours
Bring Me The Horizon
Bring Me The Horizon a offert ce soir au public parisien un show à son image : haut en couleur, intense, impatient.
Haut en couleur car le groupe a bénéficié d'un jeu de lumières très convaincant et d'une scénographie mûrement réfléchie. Murs d'images projetant sans cesse des images du live ou des animations, fumée, éléments pyrotechniques ; ce n'est jamais trop et en même temps c'est toujours plein. Les caméras sont rivées sur le public qui chante à tue-tête, sur tel ou tel membre du groupe qui fait la plus belle pirouette ou le geste juste ; rien n'est laissé au hasard.
Intense car le groupe a compris la recette d'un show réussi : celui de ne jamais laisser souffler qui que ce soit. La setlist en est le plus parfait exemple : cocktail de titres très dynamiques (« MANTRA », « 1x1 », « Kingslayer »), de titres aux refrains imparables pour faire chanter tout un chacun (« AmEN! », « One Day the Only Butterflies Left Will Be in Your Chest as You March Towards Your Death »), de titres plein d'émotions (« DiE4u », « Follow You ») ou bien encore des grands tubes du groupe qui sont taillés pour faire sauter tout le monde (« Throne », « Drown » ou autres « Can You Feel My Heart »). Il n'y a jamais de setlist parfaite permettant de maintenir la juste dose d'intensité malgré les moods et les rythmes différents. Et pourtant, on s'en approche, de ce subtil équilibre, malgré l'absence d'anciens titres du groupe...
Impatient car, à l'image d'un jeune public acquis à la cause des Anglais qui comble chaque silence, chaque seconde d'inaction par des clics frénétiques sur son téléphone portable, BMTH a compris qu'il ne pouvait jamais laisser l'audience sans une lumière, sans un son pour attirer son regard. Ecrans géants qui diffusent des images dignes d'un jeu vidéo, chaque pause entre les titres qui fait l'objet de samples ou d'images projetées sur les murs d'écran... Jamais votre attention ne retombe et tout va vite, très vite. On ressort de la longue prestation du groupe en ayant eu l'impression d'un long film d'action, que rien n'est jamais venu tempérer. Ce n'est pas une critique, mais un simple constat.
Les Anglais ont livre une prestation XXL à un public qui lui a mangé dans la main toute la soirée. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu un Bercy aussi impliqué, du premier rang de la fosse au dernier rang des tribunes. BMTH a définitivement tout d'un grand, n'en déplaise à une scène metal qui continue de tourner le dos à ce groupe.
Setlist :
AmEN!
Teardrops
The House of Wolves
MANTRA
Dear Diary
Parasite Eve
Shadow Moses
1x1
LosT
One Day the Only Butterflies Left Will Be in Your Chest as You March Towards Your Death (avec Courtney LaPlante)
Nihilist Blues (avec Courtney LaPlante)
DiE4u
Itch For The Cure
Kingslayer
Follow You (Acoustique)
Drown
Throne
Can You Feel My Heart