Electric Callboy @Paris
Bataclan - Paris
Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
En ce lundi froid et humide de janvier, le Bataclan a accueilli une date 100 % teutonne qui, manifestement, a réchauffé le public venu en masse (show sold out ou pas loin). Au programme, du post hardcore assez classique signé Annisokay et du débilo-metalcore signé Electric Callboy. De quoi nous ravir, donc.
Annisokay
Pour celles et ceux qui ne connaitraient pas Annisokay, il s'agit d'un groupe allemand de metalcore / post-hardcore actif depuis 2007 avec déjà 6 albums au compteur. Le groupe avait surtout fait le buzz par le passé avec des reprises de titres de pop (« Telephone » de Lady Gaga et « Wrecking Ball » de Miley Cyrus, notamment). Un amour pour la fantaisie - en plus de la nationalité - partagé, comme vous l'aurez compris, avec la tête d'affiche du soir.
Autant le dire tout de suite, je n'ai jamais été un grand amateur de leur musique. J'admets bien volontiers que le groupe a sorti quelques bangers très bien pensés. Sur album, cela passe toujours raisonnablement bien, en raison notamment d'une alternance de voix bien léchée et des compositions classiques mais efficaces. Reste que voilà, en live, c'est une autre paire de manches. Alors certes, on a toujours cet effet metalcore avec des riffs bien bondissants et quelques passages plus chaloupés qui vont amener le public à mosher comme il se doit. Mais l'alternance précitée marche moins bien et tout semble un peu convenu, téléphoné. D'autant plus après cette reprise assez banale de « Duality » de Slipknot, tout juste bonne à faire du fan service - et à se faire plaisir, probablement.
Rien de bien méchant, en substance. Un groupe honnête qui aura manifestement aidé à faire monter la température dans un Bataclan déjà bien rempli. Mais rien qui ne me donnera envie de me replonger dans la discographie des Allemands.
Setlist :
1. Like a Parasite
2. What's Wrong
3. Bonfire of the Millenials
4. Duality (cover de Slipknot)
5. Friend or Enemy
6. Unaware
7. Under Your Tattoos
8. Good Stories
9. Coma Blue
10. STFU
Electric Callboy
Après une prestation remarquée au Motocultor Festival 2022 où cela avait été une pagaille monstre sur la scène principale, on avait hâte de revoir sur scène Electric Callboy, plaisir coupable de cette année. J'ai découvert le groupe en 2012, au Summer Breeze, à l'époque où le groupe - autrement composé - se cherchait encore : du metalcore classique ou de la musique à boire ? Electric Callboy a toujours surfé entre ces deux vagues sans jamais trop savoir comment appréhender la volonté de faire à la fois du metalcore assez émotif d'une part, et des hymnes à la fête de l'autre. Avec le nouveau line up, le groupe a enfin pris son destin à bras le corps en privilégiant clairement la seconde voie. Et grand bien en fasse à une formation qui, avec l'EP MMXX et son dernier opus Tekkno, a tout simplement changé de dimension.
Sur scène, Electric Callboy représente tout ce qu'on est en droit d'attendre : cela bouge beaucoup, c'est très dynamique, cela harangue la foule. Mais le point qui marque le plus c'est que le groupe n'en fait pas trop. Je suis très sérieux en disant cela. Dans le metalcore, vous avez 9 chances sur 10 de tomber sur des groupes qui vont, à chaque bass drop, faire des pirouettes et des bonds dans tous les sens ; des gimmicks à ne plus savoir qu'en faire et qui ne peuvent que finir par exaspérer. Electric Callboy fait tout le contraire et à juste titre ; ils savent que leur musique est festive et que certains accoutrements suffisent à donner le ton, alors pourquoi en rajouter ? Kevin et Nico sont plutôt sobres sur scène, si ce n'est du headbanging et un duo comique à la Laurel et Hardy entre les titres.
On a un grand plaisir à les voir retourner le public parisien qui n'en demandait pas tant sur le trio d'entrée « Pump It », « Arrow of Love » et « Hate / Love ». Porté par un son globalement correct - malgré un manque de puissance saisissant de la double pédale et de la basse - et des lights excellentes - sauf pour les photographes - le groupe va enchainer les titres réussis de son EP et de son dernier album. L'effet est immédiat sur la fosse qui ne s'arrête absoluement jamais, au grand dam d'une sécurité en très petit nombre et qui ne s'attendait manifestement pas à un tel bazar.
Comme on pouvait l'attendre, les titres les plus réussis - et les plus efficaces - sont « Hypa Hypa », « Spaceman », « Tekkno Train », « We Got The Moves » et les deux parties de « MC Thunder ». Le groupe a également réussi la prouesse de bien intégrer dans sa setlist des titres des albums plus anciens. La tâche est toujours difficile car les « Crystals », « Best Day » ou autres « The Scene » sont dans une dynamique fort différente, avec un metalcore presque emo et en tout cas hyper mélodique. Cela ne se marie pas forcément très bien, sur le papier, avec un show taillé pour faire danser le public. Et pourtant, cela passe plutôt bien, tout comme l'excellente « Mindreader », issue du dernier album, dont on aurait pu craindre qu'elle souffre du même écueil.
Là où le bât blesse, en revanche, c'est plutôt que Nico peine parfois un peu sur les anciens titres. Rien de bien méchant toutefois, puisque le dernier venu rend une copie plutôt propre, malgré l'énergie dépensée sur scène. A vrai dire, le carton jaune de la soirée est plutôt pour David Friedrich qui, si l'on est un peu tatillon, montre ses limites dans les parties rapides. Cela avait déjà été le cas au Motocultor et il y a eu encore quelques loupés, notamment sur « Spaceman ». M'enfin bon, on est pas vraiment là pour parler technique quand il s'agit juste de sauter et de beugler en choeur.
Electric Callboy c'est LE plaisir coupable du moment. On sait bien que musicalement c'est pas Opeth et on se sent toujours un peu gêné, dans un milieu aussi élitiste que le metal, d'aller s'acoquiner avec de telles prestations. Mais les années passant, on finit par n'en avoir plus grand chose à faire du qu'en-dira-t-on et on se dit qu'il n'y a aucune raison rationnelle de refuser d'aller s'enjailler dans une salle avec un groupe aussi doué pour faire ce qu'il fait. Electric Callboy sait tenir une scène, sait mener un public et c'est un régal de bout en bout ; pour peu qu'on ne soit pas allergique à leur musique, naturellement.
Setlist :
1. Pump It
2. Arrow of Love
3. Hate / Love
4. The Scene
5. Castrop X Spandau
6. Supernova
7. Mc Thunder II
8. Tekkno Train
9. Hypa Hypa
10. Crystals
11. Best Day
12. Parasite
13. Hurrikan
14. MC Thunder
15. Mindreader
16. Spaceman
17. We Got The Moves
Merci à Electric Callboy, à Nuclear Blast, à Veryshow, au Bataclan et à Valérie pour l'invitation et le pass photo.