Meshuggah + High On Fire @ Bataclan
Bataclan - Paris
Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Fort d'un nouvel album toujours aussi monstrueux que ses ainés, Meshuggah s'est lancé dans une tournée pour défendre le nouveau venu. Les Suédois passaient par le Bataclan le 6 novembre dernier, accompagnés par High On Fire. Retour sur cette date.
La dernière fois que Meshuggah était passé par Paris, ils étaient accompagnés de Decapitated, choix de première partie beaucoup plus cohérent que les Américains de High On Fire. Le combo d'Oakland monte sur scène sans préambule et sans artifice pour balancer un sympathique The Black Pot, qui fait immédiatement s'agiter les nuques. Le son est bon, seule la voix est un peu faiblarde, mais rien de rédhibitoire. Le seul problème est le même que pour High On Fire version studio : la musique du trio n'est pas, mais alors pas du tout originale. Stoner ronronnant basique, efficace certes, mais simplement trop plat. Surtout en comparaison de ce qui arrive après. Rapidement les morceaux s'enchaînent et se muent en un fond sonore pas désagréable mais dont rien de ressort particulièrement. Les quelques morceaux avec un tempo plus élevé, Fertile Green en tête, déclencheront quelques mouvements dans la fosse, mais ce sera tout. Première partie assez anecdotique donc, pas horripilante — sauf pour les plus progueux, qui ont vraiment dû ronger leur frein — mais absolument oubliable.
Setlist de High On Fire :
01.The Black Pot
02.Carcosa
03.Rumors Of War
04.Serums Of Liao
05.Slave The Hive
06.The Falconist
07.Turk
08.Fertile Green
09.Blood From Zion
10.Snakes For The Divine
Changement de plateau, avec un backdrop et des panneaux représentant l'artwork de The Violent Spleep Of Reason pour seuls éléments de déco, et déjà la foule se fait bien plus compacte dans la fosse. Le concert est à guichet fermé, autant dire que les Suédois sont attendus de pied ferme ce soir. Extinction des feux et immédiatement l'impatience de la foule grimpe de plusieurs crans : un son difficilement descriptible, sorte de larsen électronique modulé, annonce l'arrivée de Haake et sa bande, appelés par un public qui ne tient plus. Et c'est bien évidemment avec l'infernal Clockworks que Meshuggah ouvre : chaos immédiat. Le son est juste parfait, une batterie puissante et précise, des guitares ultra-massives, une basse bien grondante et le chant de Jens Kindman impeccablement intégré dans le mix, rien à redire, ça bute. Le seul bémol technique de la soirée viendra des lumières capricieuses qui resteront éteintes sur un bon tiers de Clockworks et qui redéconneront un peu plus tard, obligeant Jens Kidman à sortir de son mutisme habituel pour évoquer, avec classe et en toute sobriété, les évènements de l'an dernier.
Mais ce problème d'éclairage, bien qu'un peu frustrant tant la qualité de ce dernier est exceptionnelle en temps normal, n'est qu'un défaut très secondaire. Parce que question musique, Meshuggah a littéralement retourné le Bataclan. Après le Clockworks d'ouverture, le groupe enchaîne avec un Born In Dissonance tout en puissance, qui brise encore mieux les neurones qu'en studio. Petit retour dans le passé ensuite avec la triplette Sane, Perpetual Black Second et Stengah qui continuent le travail de sape cérébrale si particulier au groupe, avant que le début plus binaire de The Hurt That Finds You First remette un bon coup bien frontalement. Arrive ensuite Lethargica et son breakdown dévastateur, un pur moment de brutalité tout en lourdeur mais toujours avec cette touche de what the fuck rythmique qui fait la renommée du groupe. Evidemment, cela va sans dire, les musiciens sont juste impériaux, rien qui déborde, tout est parfait, soli, breaks, tout est joué au millipoil. Le concert avance, inexorablement, rarement ai-je la sensation d'être aussi implacablement malmené que lors d'un concert de Meshuggah : la musique du combo progresse, inlassablement et rien n'est en mesure d'arrêter ce rouleau compresseur. La doublette Dancers To a Discordant System / Bleed reste peut-être le meilleur moment du concert pour moi (en vrai non, impossible de choisir), ces deux morceaux étant possiblement mes favoris (en vrai non, impossible de choisir). Le premier avec son riffing biscornu et angoissant est un régal d'ambiances, tandis que le second, ben Bleed quoi ! Bleed ou la frontière ultime avant l'enfer rythmique absolu ! Et pis en plus, c'est pas fini après Bleed. La salle reste plongée dans le noir et Meshuggah remonte sur scène pour un rappel des plus badass : Demiurge + Future Breed Machine. Est-il nécessaire d'ajouter quelque chose ? Des majuscules ? ok : DEMIURGE + FUTURE BREED MACHINE. Mieux ?
C'est sur un public complètement lessivé que les lumières du Bataclan se rallument. Meshuggah a une nouvelle fois prouvé, s'il y en avaient encore besoin, son absolue supériorité sur ses disciples. Les membres du groupe viennent saluer le public avant de quitter la scène, mention spéciale à Tomas Haake qui, caché derrière ses futs et cymbales, est resté invisible tout le set et qui débarque, frais comme un gardon, après avoir atomisé pendant une heure et demi la foule. Ce mec. CE MEC ! Incroyable !
Comment conclure une soirée comme celle-là ? Aucune idée. BLARGLFGHL ? Disons que ça ira.
Setlist de Meshuggah :
01.Clockworks
02.Born In Dissonnance
03.Sane
04.Perpetual Black Second
05.Stengah
06.The Hurt That Finds You First
07.Lethargica
08.Do Not Look Down
09.Nostrum
10.Violent Sleep Of Reason
11.Dancers To a Discordant System
12.Bleed
Rappel :
13.Demiurge
14.Future Breed Machine