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Les portes du mal. Les anges appartiennent à un passé révolu, la bataille fit rage mais ils périrent tous les uns après les autres… Le roi ainsi que ses hommes pourraient alors continuer leur chemin à travers les contrées menaçantes du Dar-Kunor.
La mise en scène de cette furie servie de support à la création artistique la plus extrême des italiens de Rhapsody of Fire, défait de leurs nombreux soucis judiciaires et libres de toute action. "The Frozen Tears of Angels" fut l’album du renouveau et une surprise totale pour ceux qui pensaient que Luca Turilli s’était définitivement perdu dans les méandres d’une musique si symphonique et cinématographique qu’on lui avait ôtée ses propres racines metal.
Absent du devant de la scène pendant quatre longues années, il était presque évident que la masse de musique composée pendant ce laps de temps dépassait le « simple » album que nous avait livrés Luca et Alex Staropoli… Et c’est non pas avec surprise mais avec une immense ferveur et une impatience non dissimulée que nous attendions le nouvel EP annoncé depuis maintenant cet été.
La suite directe de la bataille… La traversée du Har-Kuun, l’une des portes originelles et oubliées des enfers…
Se souvenant du fabuleux "Rain of a 1000 Flames", il était évident que le terme « EP » était à prendre entre parenthèses chez des extravagants tels que Rhapsody of Fire, encore plus lorsqu’ils annonçaient fièrement qu’il ne contiendrait qu’un unique morceau.
Le voilà donc… "The Cold Embrace of Fear"… Morceau éponyme de trente-cinq minutes divisé en sept actes, tels une pièce de théâtre, retraçant l’un des passages vital de "The Dark Secret". Fatalement, c’est à une musique démesurément épique et symphonique que l’auditeur aura à faire, et si la production (Sascha Paeth comme d’habitude, le morceau ayant été enregistré en octobre 2009 avec le reste de l’album) reflète le dernier effort en date, le tout se veut néanmoins beaucoup moins agressif et plus mystique, laissant beaucoup de place (pléonasme…) aux chœurs et aux arrangements.
Le premier acte s’ouvre sur un dialogue entre les différents protagonistes, le vent souffle, la panique s’empare d’eux, une avalanche s’écroule, la symphonie s’empare de l’atmosphère, fluide, épique, grandiose et très mouvementée. Une ambiance tragique s’étiole dès lors du disque, le phrasé si unique de Christopher Lee retentit, une aura mystique découle du second acte… Avant que le Har-Kuun ne s’ouvre à eux.
Telle une épopée à travers les grandes étendues désertiques de la Terre du Milieu, la musique prend enfin sa forme définitive tandis que l’instrumentation ouvre le bal sur un riff sec et lourd. L’impression de voyager à travers des paysages immenses berce l’esprit et l’imaginaire, la voix, douce et enchanteresse de Fabio Lione fait enfin surface pour accueillir l’auditeur dans son monde. Modulant son chant parfois plus typiquement power et expérimentant des sonorités de plus en plus extrême (à l’instar des jouissifs "Reign of Terror" ou "The Mystic Prophecy of the Demonknight"), il nous emmène dans l’espace véhiculé par la fluidité de Luca derrière sa guitare et l’inventivité d’Alex pour créer des symphonies toujours plus grandioses et filmiques.
Alex Holzwarth est toujours aussi impressionnant à marteler ses futs, multipliant les descentes de toms, les essences de blast ainsi qu’une utilisation judicieuse de percussions, notamment en ouverture du refrain de l’œuvre, qui a le mérite de se poser comme l’un des plus sublimes jamais composé par le groupe. Beau, mêlant le chant soprano de Bridget Fogle à celui d’un chœur masculin, il représente une harmonie rare et une attitude proche du divin propre à vous scotcher ou vous faire fondre en larmes.
Ce troisième acte, élément central du périple, long d’un quart d’heure, est également l’espace où les musiciens dévoilent le plus ostensiblement leur talent technique individuel, à l’image d’un solo de claviers purement ahurissant du sieur Staropoli, dans la droite lignée de son fabuleux travail sur le morceau éponyme "The Frozen Tears of Angels".
Si "The Betrayal" et "Neve Rosso Sangue" évoqueront plus l’époque de "Symphony of the Enchanted Lands II" (malgré le fait que le paysage musical de "The Betrayal" soit un retour aux orchestrations du morceau TFTOA), le retour du (fabuleux) refrain sur "Erian’s Lost Secret" ainsi que des cavalcades de double pédale empêcheront l’auditeur de se perdre dans ce dédale à la complexité assumée mais quelques peu déconcertantes de prime abord. Car là où "The Mystic Prophecy of the Demonknight" ou "Gargoyles, Angel of Darkness" étaient des paves à l’intérieur des opus « normaux », ici, "The Cold Embrace of Fear" ne dispose pas de la respiration de courtes tueries speed tels que les délivre habituellement les italiens.
Il en demeure une œuvre cohérente et qui, au-delà de son simple statut d'EP, se doit d’être appréciée et écoutée avec la même, sinon plus, concentration qu’un album full-lenght de Rhapsody. Chaînon indispensable au concept débuté depuis trois albums, ce nouveau chapitre, par sa richesse, sa complexité, son élaboration et son travail de titan, est au moins aussi indispensable que les opus les plus cruciaux du groupe.
Il est dit que les véritables artistes ne s’éteignent jamais… Rhapsody, quand à lui, après un passage légèrement à vide, embrase de nouveau, et plus que jamais, la lumière la plus flamboyante…
1. Act I - The Pass of Nair-Kaan 02:01
2. Act II - Dark Mystic Vision 01:41
3. Act III - The Ancient Fires of Har-Kuun 14:56
4. Act IV - The Betrayal 03:58
5. Act V - Neve Rosso Sangue 04:41
6. Act VI - Erian's Lost Secrets 04:28
7. Act VII - The Angels' Dark Revelation 03:59