Ufomammut + Witchfinder @ Paris
O'Sullivans Backstage - Paris
Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Le cap des vingt de carrière d'Ufomammut, passées les réjouissances d'une tournée célébrant l'évènement, a eu comme un arrière goût amer. Le charismatique et talentueux Vita, batteur du (jusque là) inséparable trio, a annoncé son départ du groupe peu de temps après. C'est donc avec une nouvelle recrue qu'a été composé et enregistré Fenice, sorti en début d'année et qui sera défendu par les Italiens ce soir.
Ce sont les Clermontois de Witchfinder qui les accompagnent sur cette date parisienne (et quelques autres de la tournée). Si le nom ne m'était pas inconnu, je n'avais jamais pris le temps de m'arrêter sur un de leurs albums, et encore moins sur l'EP qu'ils ont sorti tout récemment. Et pour un premier contact live, la prestation proposée par Witchfinder est une invitation à aller plus loin. Même si leur doom/stoner est assez générique, il est loin d'être anecdoctique. Certes les structures de morceaux sont faciles et attendues, mais la qualité du riffing et du chant (clair très souvent, vraiment posé et aéré, un vrai cocon) contrebalance largement la potentielle lassitude qui pourrait poindre. Les riffs sont simples mais bien pensés, tantôt chargés d'un accablement doom, tantôt avec l'énergie du stoner et parfois même, lorsque le chant se fait plus criard, emplis de la hargne du sludge. Un peu clairsemé au début, le public se regroupe assez vite près de la scène et applaudit et encourage volontiers les musiciens. Les acclamations iront d'ailleurs crescendo au fil du concert, signe que la musique de Witchfinder conquiert facilement, à tel point que lorsque le groupe propose un rappel impromptu et vite refusé par la régie, la foule se retrouve un poil frustrée.
Setlist de Witchfinder :
01.Sexual Intercourse
02.The Maze
03.Wild Trippin
04.Eternal Sunset
05.Dans l’instant
Le changement de plateau et l'arrivée de la tête d'affiche sur scène effacent vite cette pointe de trop peu. Comme à leur habitude, les Italiens joueront ce soir leur dernier album en entier et j'avoue avoir été vaguement inquiet d'être déçu du résultat. Fenice n'est pas mauvais, mais il est plus méandreux et moins immédiat que ne peuvent l'être ses prédécesseurs, avec notamment ce premier titre instrumental, Duat, sur lequel débute logiquement le concert. La dernière partie de ce titre met tout le monde d'accord ; Ufomammut balaie donc rapidement cette légère appréhension et déroule Fenice avec leur habituelle classe. Le passage en live se fait tout naturellement, et même les titres où je craignais un coup de mou (le très ambiant Kepherer) dévoile sur scène tout son potentiel. Levre, nouveau venu derrière les fûts, n'a pas un jeu aussi surprenant que Vita (ou tout du moins ne s'est pas donné la liberté de l'exploiter sur cet album), mais sa présence sur scène est tout aussi marquante. Quant aux deux tauliers, Urlo et Poia, ils conservent leur prestance impeccable, le second toujours un oeil sur ses pédales tandis que le premier affiche son regard habité et fascinant.
Le son d'Ufomammut, épais déjà rien qu'avec le trio d'instrumentiste, est toujours aussi riche de bidouillages électroniques et comme à chaque fois le mixage de l'ensemble en live est précis et lisible. Seule la voix me semble un peu trop lointaine, mais sans être inaudible pour autant. Après avoir exécuté son dernier né, Ufomammut pioche dans sa discographie pour conclure et à le bon goût de choisir une triplette imparable : Oroborus, Stigma et surtout Temple. Ce dernier titre est un pur régal en live, avec cette rupture de tempo à mi-parcours qui fait vibrer la tripaille à coup sûr. Toujours aussi sobre dans le contact avec le public durant leur set, les musiciens reviennent rapidement sur scène une fois leur performance terminée, pour serrer les paluches qui se présentent à eux, tout sourire et avec un plaisir que l'on sent authentique.
Même en proposant un concert composé pour plus de la moitié de ce que je considère peut-être comme leur album le plus faible, Ufomammut est impérial en live. Le voyage est à chaque fois différent, mais toujours aussi plaisant et dépaysant.
Setlist d'Ufomammut :
1.Duat
2.Kheperer
3.Psychostasia
4.Metamorphoenix
5.Pyramid
6.Empyros
7.Oroborus
8.Temple
9. Stigma
Un grand merci à Garmonbozia pour cette soirée !