Ufomammut + Usnea @ Paris
La Boule Noire - Paris
Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Alors que son nouvel album, 8, vient de sortir chez Neurot Records, Ufomammut se lance dans une tournée pour présenter son dernier-né. Et la première date a lieu à Paris, dans l'intime et sympathique Boule Noire.
Première partie du groupe tout au long de la tournée, Usnea était (logiquement) en ouverture ce soir. Malheureusement, contraint d'arriver un peu tard, je rate le set des Américains, qui, aux dires des quelques commentaires que j'ai pu entendre, valait quand même le coup.
C'est donc directement sous les coups de boutoir du power trio le plus lourd et perché d'Italie que j'entame la soirée. Et comme à son habitude depuis maintenant quelques années, Ufomammut nous jouera son nouvel album en intégralité. Sorti quelques jours avant le concert, je n'avais pu l'écouter une seule fois avant cette soirée, c'est donc une quasi-découverte en live puisque, comme tout groupe avec une composante progressive, la digestion d'un CD estampillé Ufomammut ne se fait pas sans quelques efforts.
D'entrée de jeu, Babel met le public dans le bain : dire que le son est monstrueux est presque un euphémisme (autant qu'un pléonasme) ; la guitare rugit, la basse fait trembler les cages thoraciques, les nappes et autres bidouillages électroniques grillent les neurones, et, bien sûr, la batterie fait balancer les têtes à n'en plus finir. Seul bémol concernant le son : le chant. En fonction de la position qu'on occupe dans la salle, celui-ci est, bizarrement, soit un peu trop en avant, soit un peu trop en retrait. Heureusement, rien de très rédhibitoire, on profite quand même bien de la voix ultra-saturée et pleine de réverb' d'Urlo.
Construit comme un enchaînement de mouvements sans pause, 8 franchit sans souci l'épreuve du live, transportant l'auditoire dans un voyage à haute teneur en psychédélisme occulte et noir, tout en offrant de purs moments totalement écrasants (la dernière partie de Zodiac a réduit en miettes pas mal de nuques). Comme à son habitude, le groupe communique assez peu avec l'audience, préférant laisser le public s'égarer dans les méandres sans fin de la musique, n'offrant quasiment pas de répit entre les titres. Communication réduite qui n'empêche en rien de sentir le plaisir qu'a le groupe à délivrer des kilo-tonnes de décibels épais et visqueux, les sourires et la présence scénique des Italiens suffisent à faire sentir le plaisir du partage. En revanche, côté mise en scène, c'est la vidéo qui est assez lésée : assez basse de plafond, la Boule Noire ne laisse pas beaucoup d'espace pour les projections et une bonne moitié des effets visuels sont balancés directement sur Vita derrière sa batterie. Sans être catastrophique pour l'immersion, ce problème d'espace ne rend pas justice au travail du collectif Malleus (dont font partie les trois membres du groupe), également en charge des artworks. Une fois 8 interprété, Ufomammut remonte sur les planches pour asséner un rappel massif, en témoigne un Vita cognant tellement fort sur ses cymbales qu'il en dégoupillera l'un de ses papillons.
En live, Ufomammut est impérial. Et cette date parisienne n'a fait que confirmer cette assertion, le trio offrant une combinaison de professionnalisme et de puissance qui force le respect. Il y a bien quelques superlatifs un peu galvaudés qu'on ajouterait sans problème pour qualifier un tel concert (pachydermique en premier lieu, bien sûr), mais ce ne seraient encore que des mots vains : un concert d'Ufomammut se vit avec les tripes, point barre.