T'façon, je préfère Aphex Twin.
Le communiqué de presse apporté par 1000mods en compagnie de l’album est clair comme de l’eau de roche.
Après trois albums d’un stoner rock traditionnel hautement qualitatif qui lui a permis de rafler tous les suffrages au Motocultor et au Hellfest notamment, le groupe grec souligne à plusieurs reprises le fait qu’il s’est envolé à Seattle pour enregistrer ce nouvel effort tout en prenant soin de s’imprégner de la mouvance grunge pour se dessiner de nouveaux contours et éviter la redite. Un Youth Of Dissent orchestré, d’ailleurs, par nul autre que Matt Bayles (artisan pour Pearl Jam et Soundgarden), prêt à utiliser au maximum de son potentiel la voix propre et puissante de son chanteur, cette voix qui a porté 1000mods jusqu’au statut de groupe déjà mythique de la scène stoner avec ses refrains entêtants et ses riffs mémorables. Je ne puis que vous recommander 1000 fois de vous replonger sur leurs productions antérieures pour vous offrir de puissantes séances de headbanging comme seul le rock sait produire.
Si l’effort de recherche de nouveaux horizons en y injectant ces sonorités grunge est louable de la part du groupe, une question mérite néanmoins d’être posée : était-ce bien judicieux pour 1000mods de miser sa pièce sur un mouvement qui, dans sa forme la plus brute, n’a pas réussi à réitérer l’engouement de ses groupes fondateurs comme Temple Of Dog ou Pearl Jam ?
On sait à quel point les toutes dernières productions des pionniers n’ont jamais atteint ni même dépassé leurs classiques issus de la décennie passée. Pearl Jam n’a jamais réussi à atteindre le niveau du mémorable Ten, Soundgarden a abandonné la saveur de Superunknown pour des contrées ennuyeuses. Une incapacité de dépassement de leurs albums cultes expliquée, en partie, par la modernisation du mode de production du son grunge qui a rendu toutes ces montures insipides, plus proche d’un rock convenu que d’un réel brûlot sonore.
De ce fait, la lecture de cet album qu’on pouvait attendre comme une nouvelle petite usine à riffs et aux refrains « poings levés » doit être repensée. Il suffit d’écouter le single "Pearl" pour comprendre que 1000mods semble bien déterminé à se trouver une place dans un rock plus traditionnel, sympathique, très accrocheur... mais perdant, en cours de route, une part de sa lourdeur au profit d’un son et d’une construction lyrique légèrement dépouillée de ses savoureuses fioritures qui laissera les fans de la première heure sur le carreau.
"Pearl" et "Lucid" sont deux parfaits exemples d’un groupe qui a pris en maturité dans sa composition pour synthétiser quelque chose qui parlerait à une plus large foule mais qui perd une attaque qui faisait l’excitation de leurs trois premiers albums. On tombe ainsi dans un stoner à la papa pour public lambda. L’ensemble est solide pour le premier venu mais un peu de surface pour celui baignant déjà dans cet univers depuis longtemps.
Excepté le titre "Mirrors" concluant tout en lourdeur l’album (et parce qu’il revient finalement à un 1000mods des débuts), beaucoup de titres n’arrivent ni à nous faire décoller ni à nous enfoncer dans une orgie de riffs. "Blister" représente bien ce constat de fessier entre deux chaises dans lequel le groupe se tient, incapable de choisir entre un rock efficace qui transcende les foules et quelque chose de plus lourd et de plus fin dans sa construction pour emporter l’auditeur expérimenté.
Cependant, 1000mods ne se vautre pas totalement les pieds dans le tapis du stoner-rock générique grâce à quelques éclairs de génie comme le vrombissant "So Many Days" et le très désertique/psychédélique "Young" débutant par un paysage désertique et onirique à la Yawning Man pour terminer sa course dans un stoner pachydermique et catchy à souhait. Il est clair que Youth Of Dissent offre une chance au combo grec de s’essayer à des sonorités plus dépouillées pour se revisiter mais sans jamais réellement convaincre tout du long.
Reste l’espoir que les morceaux de ce nouvel album s’inscriront correctement dans l’énergie des lives efficaces du groupe car si le disque ne peut pas être considéré comme un réel « raté » pour le groupe, le comparatif avec Repeated Exposure ou Vultures est sans appel : 1000mods rentre dans le rang des artistes stoner convenus avec ce Youth Of Dissent. Un entre-deux de stoner-rock classique et (légèrement) explorateur mais manquant définitivement de spontanéité et de courage.
Tracklist:
1. Lucid
2. So Many Days
3. Warped
4. Dear Herculine
5. Less Is More
6. 21st Space Century
7. Pearl
8. Blister
9. Young
10. Dissent
11. Mirrors