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C’est du haut de son grand chêne que Devildriver aura été nous chercher pour ce quatrième retour en force des natifs de Santa Barbara. Pas que Dez Fafara ait pris les accents d’un vieux hibou résigné à la sagesse et au repos, mais bien pour montrer que le groupe a acquis ces dernières années une renommée épicée, glanant sa notoriété sur scène lors d’implacables tours de forces. Si Devildriver touche aujourd’hui la cime des arbres et s’octroie une digne place dans les groupes les plus convoités sur les planches des festivals, il n’en demeure pas moins que la marque de fabrique des chauffards de l’enfer est denrée périssable. Preuve en est avec un The Last Kind Works tout aussi vindicatif à son époque mais ayant accusé le coup au rang de l’innovation et de la recherche de mouvement. Un signal d’alarme nécessaire ayant mis la puce à l’oreille à des Californiens aucunement prêts à se faire dérober une place au soleil acquise par la force au détour d’une marque de fabrique toujours originale et variée.
Car pour le coup Pray For Vilains marque le réveil en sursaut de la formation après un précédent album voguant entre coup de tonnerre et brouillard environnant. Un léger passage à vide surfant allègrement sur les anciennes recettes que l’oncle Dez n’avait pas manqué de mettre en place sur le pétillant The Fury of Our Maker’s Hand et qu’il nous tardait de voir renouvelé dans une approche bien plus diversifiée. Et notre requête semble bel et bien avoir été acceptée à l’écoute de ce Pray For Vilains, nouvel album marquant un énième pas dans la discographie du groupe avec plus de groove et le retour des boules facettes sur un pilori autant destructeur que dévastateur. Si l’ouverture « Pray For Vilains » s’affirme en un rien de temps, la nouvelle formule de Devildriver s’est dotée de nouveaux atours efficaces et ô combien mélodieux. Armés d’une cadence de tir démultipliée et des rythmes surannés - que le Death mélodique ne renierait pas à coup sûr - l’excellent « I’ve Been Sober » et son riff salvateur réussissent à rabibocher industriels et amoureux de la nature. Avec des rythmes entraînants et des mélodies jaillissantes comme sur « Fate Stepped In » ou encore le numéro de claquettes orchestré par les mesures de « Teach Me To Whisper », Devildriver remet une couche d’humanité dans sa musique à défaut de labourer la terre ferme. Question agricole, les ouvriers Mike Spreitzer et Jeff Kendrick abattent à juste titre un sacré labeur aidé par la moissonneuse-batteuse John Boeckling qui n’a pas oublié d’augmenter son niveau sur cette nouvelle épreuve de force. Le cogneur démontrant également toute sa dextérité sur des titres un peu moins rentre-dedans et farfouillant du côté du sludge et du stoner (« Back With A Vengence » ; « It’s In The Cards »). Cela ne reste pas encore au goût du jour, mais Devildriver propose ainsi de nouvelles lignes de conduites en marge d’un style commençant à prendre quelques rides malgré une pertinence toujours convaincante. L’un n’empêchant pas l’autre à l’image d’un nouvel album riche en émotions où l’on retrouve les Californiens avec plus d’humanité et de coups gagnants directement portés à l’estomac.
Devildriver continue son grand bout de chemin avec de nouveaux objectifs et un style qui n’en finit plus de faire monter la température dans les « Circle of Pit » et autres lieux d’échanges fraternels. Un résultat toujours à la hauteur des espérances même si le groupe élime jusqu’à la corde des recettes de fabrication étalées sur le coin de la table depuis 2003. Avec ce Pray For Vilains sous le coude, la bande de Dez a de quoi encore tourner quelques années sur les routes de France et de Navarre, voir prendre dans ses bras une large partie de son auditoire. Reste pour eux à ne pas s’enfermer dans la routine tranquillisante et à continuer de stimuler une créativité devenue arme de poings de ces castagneurs expérimentés.
01. Pray For Villains
02. Pure Sincerity
03. Fate Stepped In
04. Back With A Vengeance
05. I've Been Sober
06. Resurrection Blvd.
07. Forgiveness Is A Six Gun
08. Waiting For November
09. It's In The Cards
10. Another Night In London
11. Bitter Pill
12. Teach Me To Whisper
13. I See Belief
