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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Nevermore

Dead Heart in a Dead World

LabelCentury Media
styleHeavy metal
formatAlbum
paysUSA
sortieoctobre 2000
La note de
U-Zine
9.5/10


U-Zine

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L'accueil du public et surtout de la critique à l'égard de Dreaming Neon Black a réussi à faire émerger Nevermore de la pénombre dans laquelle ils attendaient leur heure. La collaboration avec Travis Smith pour les illustrations, le style très particulier du groupe, la voix de Dane, tout s'est mis en place pour que Dead Heart In A Dead World marque les esprits. Mais en ce nouveau millénaire, il leur fallait forcément transcender leurs limites afin que le monde entier comprenne que le futur ne se ferait pas sans Nevermore. Ce sera donc sous les manettes de Andy Sneap, incontournable producteur des productions Century Media, que cette évolution va s'effectuer. Le son de ce quatrième album est énorme, et surtout propre comme jamais. Il nous semblerait presque banal aujourd'hui qu'un album ait ce son, mais il y a presque dix ans, c'était une des marques qui permettaient de distinguer les grands groupes. Le titre, la superbe illustration, l'édition limitée en boîtier, tout l'aspect paramusical a été travaillé pour que le fan de métal soit attiré. Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg.

Parce que ce qui va faire mal, c'est Narcosynthesis, le premier titre qui va donner la mesure de Dead Heart In A Dead World. Jamais le groupe de Seattle n'a produit un album aussi violent, les trois premiers titres s'enchaînent et déversent sur l'auditeur un flot continu de puissance à la fois terriblement heavy et profondément mélodique. Les thèmes sont ceux chers à Nevermore : les armes, la drogue, la violence, la mort (cf le sample « statistique » des dégâts des armes à feu sur Inside Four Walls). Ils sont portés par Warrell Dane au sommet de son art, de moins en moins aigu et de plus en plus dans ce timbre sombre, mélodique et agressif. Jeff Loomis se retrouve seul guitariste sur cet album mais ne perd pas le nord et son potentiel de création est toujours intact et les nombreuses variations au sein des titres impose à son exécutant une grande qualité technique.

Après cet épuisant premier quart d'heure, les moments de répit seront plus nombreux et on retrouve une facette de Nevermore que les fans ont souvent considéré comme un élément constitutif de leur personnalité : des titres mid tempo et très intense : The River Dragon has come, The Heart Collector en sont deux exemples. On se retrouve presque dans une configuration ballade, mais avec cet aspect dépressif, triste à en mourir, parfaitement maîtrisé par les musiciens. D'ailleurs une de ces ballades Believe in Nothing, se retrouve propulsée single, envers et contre l'avis du groupe, qui ne trouve plus ce côté doucereux représentatif de leur esprit boosté au gros riff bien métal. Peu importe, elle deviendra quand même culte avec un clip polar, mystérieux et à la limite de l'incompréhensible.

On pourrait aussi parler de l'ingéniosité dans la manière de retravailler The Sound of Silence. Simon et Garfunkel en avait fait une chanson douce aux sonorités angoissantes, Nevermore garde la totalité de l'ambiance oppressante mais transforme la musique en un bloc agressif, puissant et malsain. On se trouve plus dans la réinterprétation fidèle que dans la reprise à proprement parler. Mais le vrai morceau de bravoure est le titre éponyme, où les éléments vont se déchaîner dans un final apocalyptique. On sent que Nevermore a pris les ingrédients des morceaux précédents, et a tout sublimé en les poussant à l'extrême : plus violent, le riff de départ est alambiqué et imposant, le crescendo autour du refrain crée une véritable émotion, un climax dans ce titre mémorable et la partie plus atmosphérique nous plonge dans une ambiance inquiétante. Ces dernières sont travaillées tout au long de l'album comme sur Evolution 169 ou Insignificant, et contribuent à cette dualité dans la musique de Nevermore qui se retrouve dans le titre final.

Par ailleurs, quand le cd s'arrête, on se sent essoufflé, pris dans la tourmente créée par Nevermore. Après tout, un concept aussi sombre que la dépendance, la violence et autres petits plaisirs de la vie, vous ne pensiez pas que ça allait passer en douceur. Non, avec Dead Heart In A Dead World, les Américains ont trouvé une voie qui s'enfonce encore plus dans les racines d'un métal moins torturé mais plus fait avec les tripes, que ce soit pour secouer ou pour toucher. On a l'impression qu'ils grandissent, s'affirment et ont fini une partie des expérimentations passées qui leur ont permis de trouver leur son et leur marque de fabrique. Ils sont maintenant au sommet et vont maintenant construire la forteresse aux multiples tours qu'ils vont pouvoir occuper, symbole de leur pouvoir depuis maintenant presque dix ans.

1. Narcosynthesis
2. We Disintegrate
3. Inside Four Walls
4. Evolution 169
5. The River Dragon Has Come
6. The Heart Collector
7. Engines of Hate
8. The Sound of Silence
9. Insignificant
10. Believe in Nothing
11. Dead Heart in a Dead World

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