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Ne m’étant jamais vraiment intéressé à Nevermore, ce nouvel album des américains arrivait à pic et allait enfin me permettre de savoir ce que la bête avait dans le ventre. Mes succinctes écoutes de ce groupe m’avaient rebuté, à cause de la voix du chanteur qui était beaucoup trop en opposition avec les compositions. Je m’explique ; du côté instrumental, prenait un son puissant et technique (qui irait parfaitement avec une voix rauque), et accolé à côté de ceci, une voix à la limite entre un chant parlé et un chant heavy… En clair, aussi appétissant qu’une recette pris dans « Poireaux/Choux de Bruxelles : un vrai délice ! ». Mais "This Godless Endeavor" sortant dix ans après leur premier album éponyme, c’était une bonne excuse pour me jeter dedans.
C’est donc avec un petit préjugé, pas forcément avantageux pour le groupe, que je me lança dans l’écoute de cet opus. Au niveau instrumental, ma mémoire ne m’avait pas joué de mauvais tours, car je n’ai pas eu besoin d’attendre que le cd s’achève pour me rendre compte que les membres sont d’une qualité hors norme ; les guitaristes, la basse, la batterie, du pur bonheur !
Mais la voix… elle est pire à ce à quoi je m’attendais ! Je n’ai jamais été un grand fan de heavy, mais aux premiers abords, je préfère largement un chant heavy, à celui-ci qui est si… particulier. Et pour quelqu’un qui est plutôt adepte des voix gutturales, le choc cardiaque n’est pas loin.
Si le chant fait polémique, tout le monde est d’accord pour avouer que les compositions sont tout simplement splendides. Ils ont eu la bonne idée de mélanger différents styles comme le thrash et le heavy, leurs styles de prédilection, à des genres auxquels on ne s’attend pas ; on trouve ainsi certains plans death tel que sur "Bittersweet Feast" . Les soli n’échappent pas à la règle et sont, sans exception, hors catégories par rapport à un bon paquet de groupes, tellement ils sont somptueux et célestes. Sachant jouer de cette beauté des compositions, Nevermore sait aussi insérer des ambiances sombres ( "Bittersweet Feast" ), tandis que "A Future Uncertain" ou "Sentient 6" nous entraînent dans des ambiances calmes, mais non mielleuses.
De fil en aiguille, on admire tant la prestation des membres que l’on se rend compte que le chant n’est pas si dérangeant que ça, puisqu’il s’incorpore maintenant exactement avec la musique du reste de la formation. Même si la voix est parfois très limite ("Medicated Nation"), quand elle est claire et mélodieuse, elle est tout naturellement sublime. Si cette alternance lui donne une identité propre, c’est à se demander si Warrel Dane ne fait pas exprès d’avoir une voix aussi peu accrocheuse, car quand il passe en chant clair comme sur "My Acid Words", la qualité est à des années lumières du chant très moyen décrit ci-dessus.
Le point de vue sur la voix varie d’une personne à une autre, mais si elle ne fait pas l’unanimité, instrumentalement, personne ne peut nier l’évidence ; les membres de Nevermore font parmi des meilleurs musiciens de la scène actuelle ! En effet, d’un point de vue musical, j’ai beau cherché un gros défaut, je ne vois pas ce qui pourrait être considéré comme un point négatif. C’est justement grâce à la beauté des compositions que l’on fait abstraction, petit à petit, de cette voix peu commune. En tout cas, je suis content d’avoir découvert avec cet opus, l’une de mes références au niveau instrumental…
1. Born
2. Final Product
3. My Acid Words
4. Bittersweet Feast
5. Sentient 6
6. Medicated Nation
7. The Holocaust Of Thought
8. Sell My Heart For Stones
9. The Psalm Of Lydia
10. A Future Uncertain
11. This Godless Endeavor
