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Album

22 février 2018 - Malice

Saxon

Thunderbolt

LabelSilver Lining Music
styleNWOBHM
formatAlbum
paysAngleterre
sortiefévrier 2018
La note de
Malice
7.5/10


Malice

L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.

La question mériterait de figurer dans les épreuves de philo du bac (même si en tant que Belge, je parle sans expérience) : à quoi bon chroniquer le nouvel album d'un groupe légendaire ? Y répondre implique d'abord de décrire un groupe « légendaire ». La réponse n'est pas universelle mais question de feeling, certes ; établissons tout de même une différence entre un groupe légendaire et un groupe « culte », dont la nouvelle sortie est attendue comme le messie avec la peur au ventre, cette peur que le groupe tant adulé ne soit pas à la hauteur des attentes. Pour cette dernière catégorie, l'art de la chronique n'est pas chose aisée mais reste indéniablement intéressant – dernièrement et à des degrés de réussite divers, classons-y le dernier Nokturnal Mortum, le nouveau et décrié Summoning ou encore le globalement décevant Electric Wizard – trois albums chroniqués sur Horns Up.
Non, le nouvel album d'un groupe « légendaire » ne suscite pas forcément autant d'attente. Il y en a peu, de ces formations tellement établies, tellement adulées qu'on se contente d'être heureux que nos héros soient encore bien vivants et tournent encore, prenant ce qu'il y a à prendre sur leurs éventuelles nouvelles sorties et oubliant rapidement les faux pas. Mais comment, alors, aborder la chronique de ces nouvelles sorties ? Comment, dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, aborder la sortie de ce nouvel album de Saxon, Thunderbolt ?

***

Car Saxon est une légende, à n'en pas douter. Mieux : une légende dont le niveau est resté d'une remarquable régularité en live comme sur album depuis pas mal d'années et dont le rythme de composition épate. Dans ces années 2000 souvent synonyme de coup de mou pour pas mal de cadres du heavy, Saxon a publié l'admirable Inner Sanctum, l'ambitieux Into The Labyrinth, l'étonnamment virulent bien que moins mémorable Sacrifice... Chacun de ces albums contenait un voire plusieurs titres au parfum de classique, ce qui est en soi une performance. Battering Ram, dans la continuation de Sacrifice, montrait moins d'originalité que ses prédécesseurs mais Biff Byford y impressionnait par sa hargne (The Devil's Footprint). Saxon y réussissait qui plus est un coup de maître : offrir un des plus beaux morceaux de sa carrière, ce Kingdom of the Cross poignant aux couplets lus par David Bower (Hell). Probablement au panthéon des titres les plus émouvants en rapport avec la Première Guerre Mondiale, aux côtés du 1918 de Mötorhead.

Impossible, évidemment, de comparer ces dernières sorties aux mythiques Wheels Of Steel, Crusader ou Strong Arm Of The Law – même si, là aussi, le débat presque philosophique du rôle de la nostalgie (parfois d'une époque pas connue) dans l'adulation des débuts d'un groupe peut être interminable. Mais même en prenant les sorties de Saxon (et par extension de tous ces groupes qui n'ont plus rien à prouver) pour ce qu'elles sont, il y a quelque chose de rassurant à ce que la qualité soit toujours à peu près au rendez-vous ; après tout, c'est pas parce que mamy commence à sucrer les fraises qu'elle a le droit de pisser sur le tapis.

Soulagement, toutefois: ce n'est pas avec Thunderbolt que Saxon va commencer à devenir sénile. On retrouve ici cette même recette qui fait qu'on écoute un album des Anglais comme on se rue sur de la comfort food quand on ne sait pas quoi manger. Oui, les thèmes abordés sont tellement récurrents qu'on se demande comment Byford parvient encore, au hasard, à écrire sur le bruit des voitures et la gomme brûlée (l'efficace Speed Merchants). Non, aucun riff n'est véritablement mémorable, aucun titre ne sonne comme un futur classique inamovible à même de se tailler une place dans les setlists futures une fois passée la tournée à venir – tandis qu'Inner Sanctum ou Into the Labyrinth pouvaient prétendre à cet exploit. Certains titres, comme Sniper ou Sons of Odin, seront même oubliés sitôt écoutés.


Pourtant, Thunderbolt n'est pas inintéressant. Premièrement parce qu'il sent bon la sincérité, comme sur ce hommage réussi, à défaut d'être original, à ces hommes de l'ombre que sont les roadies (Roadies' Song, au texte particulièrement réussi). Même constat pour cet excellent They Played Rock'n Roll, capable de faire son petit effet en live et évidemment dédié aux regrettés Mötorhead et à leur fameux « We are Mötorhead and we play rock'n roll ». S'il manque une ballade aussi réussie que pouvaient l'être Red Star Falling ou Call to Arms, Secret of Flight tire intelligemment sur la corde mélodique.
Mais Thunderbolt est aussi intéressant parce qu'il montre un Saxon qui ose. Pas forcément de manière heureuse, comme sur Predator où ... Johan Hegg (Amon Amarth) fait une incursion growlée particulièrement incongrue, pour un résultat bancal ... mais qui a le mérite de surprendre. Les idées sont là, comme ce Nosferatu mid-tempo, sombre et rehaussé de claviers dans un esprit très cinématographique, fleurant bon les films d'horreur à l'ancienne - peut-être le meilleur titre de l'album.

Comme la plupart des albums de Saxon depuis un paquet d'années maintenant, Thunderbolt a donc ses moments de grâce et ses titres dispensables – sans jamais se montrer médiocre, ce qui avait reconnaissons-le pu être le cas dans les années 90. Les nostalgiques y trouveront leur compte, retenant de ce nouvel album quelques bons titres, oubliant le reste. Et après tout, Saxon (qui reste composé, rappelons-le, de deux membres fondateurs, Byford au chant et Quinn à la guitare, les autres membres étant là depuis 81, 88 et 96!) peut bien se contenter de ça aujourd'hui...

Tracklist:

1. Olympus Rising 
2. Thunderbolt
3. The Secret of Flight
4. Nosferatu (The Vampire's Waltz)
5. They Played Rock&Roll 
6. Predator (ft. Johan Hegg) 
7. Sons of Odin
8. Sniper 
9. A Wizard's Tale 
10. Speed Merchants 
11. Roadies Song 

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