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vendredi 15 décembre 2017

Emma Ruth Rundle + Jaye Jayle + Fvnerals @ Bruxelles

Le BRASS - Bruxelles

Nostalmaniac

Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)

Nostalmaniac : Ce dimanche, nous ne pouvions pas rater l’étape belge et bruxelloise de la tournée européenne de Emma Ruth Rundle et il faut reconnaître que le temps gris et pluvieux s'accorde parfaitement avec l’affiche du soir. 
 


 

A proximité de la Gare de Bruxelles-Midi, nous découvrons pour la première fois le Brass, un ancien bâtiment d’une brasserie reconverti en centre culturel. La salle est assez agréable (capacité : 200-300 personnes) avec une scène assez large et un bar dont la carte propose des bières atypiques et locales comme la Jambe de Bois.
 


 

A l’instar de Chelsea Wolfe, l’Américaine rassemble dans sa fanbase pas mal de metalheads – dont quelques fans de la Church of Ra ce soir. Ce n’est pas étonnant tant son univers sombre – et c’est d’autant plus vrai avec son dernier album « Marked for Death » (2016) -  sa sensibilité et et son aura particulière (la cover de « Marked for Death », délaissée et désabusée) ont de quoi remuer au plus profond de soi. Une musique émotionnellement « heavy » qui a sa place dans nos colonnes. 

Pour cette tournée, Emma Ruth Rundle est accompagnée par Jaye Jayle, projet de Evan Patterson (Young Widows), qui lui sert également de backing band mais ce qui rend encore plus particulière cette date c’est la présence des Anglais de Fvnerals. Parlons-en !
 


FVNERALS

Nostalmaniac : Fvnerals fait partie de ces curiosités dont j’entends beaucoup parler mais que je n’ai jamais pris la peine d’écouter plus que cela. Ma découverte est donc totale et je suis doucement charmé par leur post-rock doomeux portée par une Tiffany Strom très solennelle et grave.  C’est oppressant, lourd avec une forme de délivrance sur certains passages mais surtout un feeling très occulte qui parcoure les morceaux et c’est vraiment extrêmement prenant. La soirée commence donc sous les meilleurs auspices.  

Florent : Plutôt cocasse que le groupe qui ouvre la soirée se nomme Fvnerals quand on pense à l'ancien groupe d'Emma Ruth Rundle,Marriages. Blague à part, le nom du combo de Glasgow ne ment pas : on a ici droit à une musique sombre, lente, funéraire. La voix incantatoire de Tiffany Strom m'évoque un peu SubRosa mais le tout est résolument ténébreux ; on a presque l'impression d'entendre du funeral doom ... sans les longueurs, les titres ne dépassant jamais les six ou sept minutes. Du pre-funeral doom ? De l'hospital doom ? Du soins palliatifs doom ? Quoi qu'il en soit, c'est prenant et hypnotique et le public semble convaincu malgré le fait que Fvnerals est clairement un OVNI aujourd'hui, du moins sur la forme plutôt que sur le fond. 
 




JAYE JAYLE

Nostalmaniac : Autre découverte avec Jaye Jayle qui a collaboré avec Emma Ruth Rundle pour un split EP, « The Time Between Us» passé un peu inaperçu en Europe. Et si le groupe avait pris part à la tournée nord-américaine d’Oathbreaker plus tôt dans l’année, n’allez pas y chercher des similitudes. Leur registre plutôt rock indé/sudiste et bluesy, s’articule principalement autour de la belle voix d’un Evan Patterson crooner à souhait qui ne manque pas de charisme, ni de bagout en nous racontant la mésaventure subie la veille avec un gars les menaçant avec une barre de fer. Dans une certaine pénombre et jonglant habilement avec les pédales d'effets, c’est plutôt inspiré et convaincant. Certains passages au synthé sont vraiment très planants. Pas vraiment mémorable pour ma part mais un set très plaisant.
 


 

EMMA RUTH RUNDLE

Florent : C'est avec un look nettement moins punk rock ravagé que sur ses photos promotionnelles qu'Emma monte sur scène, déjà l'air plutôt épuisée et un peu tendue. Seule en scène pour quelques morceaux, dont le très joli Medusa, elle a l'air vocalement en forme mais soucieuse du son, un peu aléatoire. Et dans ce début de concert plutôt déroutant, le public n'est pas des plus respectueux ; éternel problème des salles culturelles qui brassent un public parfois moins habitué aux concerts et aux "règles" tacites qu'ils impliquent. Fut un temps où le public se rendait au théâtre pour voir mais surtout être vu, se souciant peu de ce qui se passait sur scène tant qu'il pouvait se montrer "à la ville" ; en résultait un brouhaha permanent qui empêchait d'apprécier le spectacle. Nous n'en sommes pas encore là mais, parfois, quand j'assiste à des concerts de ce genre, je constate que toute une génération et toute une frange d'un public bien spécifique se croit dans son salon entre amis ; c'est la sortie entre collègues, entre amis, ça fait bien d'aller voir un concert au Centre Culturel, et niquez-vous si ça vous dérange qu'on papote. Agaçant. 

Heureusement, l'arrivée du reste du backing band (soit Jaye Jayle) change un peu la donne, le son prenant un peu plus d'ampleur et Emma plus d'assurance. Malheureusement, la qualité du son baisse immédiatement, le tout devenant trop puissant et faisant passer la voix de la chanteuse au second plan, ce qui me force à reculer après une version remaniée (et très moyenne) de Run Forever. Difficile, depuis le bar, d'apprécier au mieux le concert, d'autant que celui-ci se déroulera dans une ambiance franchement étrange, comme tendue. Fatigue, mauvais son, public peu réceptif : Emma Ruth Rundle a l'air blasée et est même peu crédible quand elle nous dit qu'elle a "envie de nous jouer un dernier titre", qui s'avère être un duo issu du split avec son compagnon, chanteur de Jaye Jayle, inaudible pour le coup. On retiendra de ce concert de belles versions de Haunted Houses et de Protection, mais l'absence d'Arms I know so well et Shadows of my name, ce qui fait un peu beaucoup .…


 

Nostalmaniac : L’Américaine accumule les dates, et ça se sent. Elle qui avait déjà du écourter sa dernière tournée aux USA semble sur les rotules mais elle est bien au rendez-vous. A en croire différents échos, la setlist de la tournée n'était pas inscrite dans le marbre avec de nombreux changements (dont un inédit joué à Paris). Malheureusement, ce soir ce ne sera pas la meilleure sélection malgré "Medusa", "Protection" et un très touchant "Marked for Death" dans des versions plus dépouillées forcément. On la sent vraiment fatiguée mais sa voix est toujours aussi sensuelle et envoûtante. Par contre, le début de concert en solo est un peu trop crispé. Par la suite, le backing band va donner un peu plus de coffre à la performance et on sent Emma un peu plus relâchée mais les problèmes de son (la voix de Evan Patterson en patira) seront un peu trop récurrents pour se laisser embarquer. Dommage. Pas décevant pour ma part car Emma Ruth Rundle en impose par son aura et elle peut compter sur un backing band aguerri mais c'est à revoir absolument.
 


Merci à l’équipe du Brass, Michael & Weyrd Son Records. 
Crédits Photos : Julien Courjault-Rade - Equipe Horns Up

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