A la découverte du festival de Dour 2017 (J1 - J2 - J3)
Plaine de la machine à feu - Dour
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Nostalmaniac : En mettant les pieds au festival de Dour nous savions plus ou moins à quoi nous attendre. Pas un festival Metal en tout cas. Rien de ce à quoi on est habitué. Le festival de Dour est devenu au fil des années l’archétype du festival alternatif avec une programmation variée, faisant la part belle aux artistes indépendants, et une affiche internationale. Depuis la première édition en septembre 1989 avec Bernard Lavilliers (!) en tête d’affiche il s’est passé beaucoup de choses au sein de la paisible commune belge de Dour qui se métamorphose l’été. Plus de jours, plus de scènes, plus de styles, plus de groupes. On notera pour nos lecteurs Tool en 1994 (un concert qui aura marqué le chanteur d’Amenra, lisez l’interview), Paradise Lost et les Ramones en 1995, Type O Negative en 1997, Suicidal Tendencies en 1998, Motörhead et Marduk en 2000, Entombed, Incantation et Napalm Death en 2005, Neurosis en 2011, Kreator en 2014 et j’en passe. Tous ces groupes cohabitant avec des artistes électro, rap, etc, rendant le festival assez unique, ou impossible à vivre pour les plus puristes. On y reviendra.
En 2017, le festival de Dour se déroule sur cinq jours avec sept scènes et plus de 200 artistes. Sept scènes (cinq couvertes, seules la Last Arena et la Red Bull Elektropedia Balzaal sont open air), parlons-en.
Commençons par la plus "petite", la Dub Corner qui peut contenir 2000 personnes. Comme son nom l’indique il s’agit de la scène dédiée à la culture Dub où le duo Reggaebus Soundsystem joue les résidents. Une scène couverte dont on voit l’entrée avant d’accéder sur le site à proprement dit du festival. Un endroit chill avec son bar où j’avouerai ne pas avoir passé beaucoup de temps mais qui était ouvert dès le premier jour.
Inauguré en 2015 et d’une capacité de 3000 personnes, le Labo est sans doute la scène la plus difficile à définir. Trônant à l’autre bout du site, elle a pour vocation d’accueillir des artistes plus avant-gardistes et j’ai en effet pu m’y perdre certains soirs et découvrir quelques Objets Musicaux Non Identifiés.
Non loin on retrouve La Petite Maison Dans La Prairie, une scène bien connue des habitués de Dour, assez grande (capacité : 8 500) qui s’adresse aux amateurs de rock indé, au sens large voire très large du terme, avec les Américains de Blonde Redhead dont j’entends beaucoup parler ou encore le très intéressant trio français Acid Arab qui nous emmène vers des rivages plus électro et orientaux.
A quelques mètres en face, on peut se glisser sous la Caverne qui affiche la même capacité, « nouvelle » scène de cette édition. Pour mieux comprendre, petit retour en arrière. En décembre dernier, Chris Michez, alors en charge de la programmation de la Cannibal Stage (la scène Metal/HxC de Dour depuis des années) annonçait sur les réseaux sociaux la fin de sa collaboration avec le festival et en même temps la fin de la Cannibal Stage remplacée par la Caverne. Il prévenait également « qu’il n’y aurait plus de Metal extrême ni de HxC à Dour » (sic). Si la programmation dévoilée depuis nous a bien sûr rassurés à ce sujet, ce n’était pas sans se poser quelques questions.
Alex Stevens, programmateur du festival, expliquait dans une interview ce changement ainsi « (…) on voulait une vraie scène rock au milieu du festival. La scène était un peu typée métal et hardcore et le public ne comprenait pas trop quand on y faisait jouer autre chose. On a donc décidé de rassembler tous les groupes de rock qui jouaient dans La Petite Maison, Le Labo et sur la Cannibal Stage sur cette nouvelle scène. ». Un simple rééquilibrage ? Une autre interview accordée à Tsugi nous donne plus d’explications : « On s’est rendu compte qu’avec le Hellfest, le Graspop ou aujourd’hui le Download Festival, trois événements qui se tiennent en juin, tous ces groupes là ne sont plus en Europe en juillet. Il faudrait qu’on paye très très cher pour les faire venir en avion. Et puis le public metal est un public particulier, qui ne vient voir que ça. Or on avait un peu de mal à se renouveler sur la programmation car les groupes ne sont tout simplement pas dans le coin. Du coup, on a décidé de faire une scène de rock dur certes, mais plus ouverte. Il y aura bien sûr du metal avec AmenRa par exemple, mais il y aura aussi The Kills, ou des ambiances plus garage avec Hanni El Khatib. L’idée était d’explorer une version plus large du rock dur, qui peut être aussi appréciée par des gens qui écoutent de l’indie. Le mot d’ordre du festival étant l’ouverture d’esprit, on part du principe que notre festivalier “lambda” apprécie autant écouter The Kills que Trentemoller… Ou que Damso ! ». Un changement brutal, assez mal vu par beaucoup mais qui, en y réfléchissant bien, peut donner une direction intéressante avec plus de places pour des artistes satellites à l’univers Metal au lieu de faire un mini-Graspop avec les mêmes groupes. C’est en tout cas comme ça que je le vois. En attendant, le samedi fait saliver.
La pluie s'est invitée le vendredi... mais la météo restera clémente. Ni trop de pluie, ni trop de soleil.
Revenons-en aux scènes avec la Jupiler Boombox au cœur de la plaine de la machine à feu. Présentée comme le Brooklyn du festival (capacité : 8 500), on y retrouvera en effet pas mal d’artistes hip-hop/rap comme Damso, Alkpote, Kaaris et Kalash Kriminel, Lorenzo, etc. Un Brooklyn très francophone donc qui après minuit se transforme en boite de nuit.
Incontournable main stage du festival, on ne peut pas rater la Last Arena et sa programmation qui commencera fort dès le mercredi soir avec Vald et M.I.A. Les jours suivants c’est NAS, Phoenix, Gucci Mane (qui remplacera la petite soeur de Beyoncé, Solange), Die Antwoord, PNL ou encore Justice qui y fouleront les planches.
Place à la dernière scène et pas des moindres : la Red Bull Elektropedia Balzaal. J’ai pu la découvrir de nuit et… c’est fou. Une rave party géante. Cinq écrans latéraux de chaque côté, un soleil de stroboscope pour le plus grand plaisir des épileptiques, des DJ’s s’y relaient non-stop jusqu'à 4h. Ce n’est pas ma tasse de thé (euphémisme, euphémisme) mais c’est une expérience de s’y rendre vers 2/3h du mat’ et de s’y faire proposer toutes les drogues possibles et imaginables. J'aurais pu faire un article pour Vice...
Le jour
La nuit ... la rave party
Le décor est donc planté. Pour vivre et comprendre Dour je ne m’imaginais pas rester pendant cinq jours sous la Caverne mais me balader de scène en scène, sortir de ma zone de confort. C'est ce que vous aimez chez Horns Up aussi, non ?
Jour 1
Le premier jour ne laissait pas le choix. Trois scènes sont ouvertes : la Last Arena, la Jupiler Boombox et la Dub Corner. Direction donc la Jupiler pour mon premier concert de Dour en compagnie de... Caballero et Jean-Jass, fers de lance du rap belge - qui sera largement mis à l’honneur pour cette édition – ils mettront une sacrée ambiance d’entrée avec des titres qui restent en tête (« La Base », « Sur mon nom ») et une énergie débordante en plus du talent. Puis, direction la Last Arena avec le phénomène Vald que j’avais hâte de voir. Une prestation cinq étoiles (ce début tonitruant avec « Bonjour ») avec pas mal de titres d’Agartha bien sûr ("Je t'aime", "L.D.S.", "Mégadose") mais aussi des titres que je connaissais moins comme « Promesse » vraiment tripant (« Nan, j’me drogue pas, drogue pas, nan, maman, j’me drogue pas »). Vald est vraiment déchaîné sur scène. Je comprend la comparaison qu'on fait souvent avec Eminem au temps de son succès. Seul bémol, ces effets "bruit de pistolet" utilisés non-stop par le MC qui font plus fête foraine qu'autre chose. Par contre, il aurait fallu rater le dernier morceau « Eurotrap » totalement dément pour trouver une place à l’intérieur de la Jupiler Boombox littéralement bondée. Preuve que la réputation du rappeur belge Damso est bien réelle. J’assisterai donc de loin à la prestation du protégé de Booba dont je recommande l’écoute des deux albums aux plus ouverts d’esprit d’entre vous. Son flow, ses paroles, son identité. Il apporte vraiment quelque chose de différent (le gars des Chroniques Sales en parle bien mieux que moi) et il est certain qu’on a pas fini d’en entendre parler. Ce final avec "Macarena" qui me reste encore en tête. Pour le reste de la soirée, j’en profiterai pour me balader, aller à la rencontre des gens. Si je ne suis pas vraiment à l’aise dans ce genre de configuration, je trouve l’ambiance vraiment agréable. En ce mercredi le public n’est pas encore trop nombreux non plus.
L’occasion aussi de faire le point sur les stands bouffe/boisson assez nombreux et variés (paella, kebab, pain saucisse, hamburgers, calamars, etc). Il fallait compter 10 euros pour une plaquette boissons de 4 tickets (une bière = 2 tickets, un soft = 1 ticket) et 11 euros une plaquette de bouffe de 7 tickets (un pain saucisse = 3 tickets, un hamburger = 2 tickets). Certes onéreux (surtout ces pains mitraillettes ou les Dürüm qui recquièrent 7 tickets...) mais dans la "norme" des festivals européens de cette échelle. Les points de vente sont nombreux, et bien que pris d'assaut en soirée, souvent accessibles (cash ou par carte).
Croisant des copains en fin de soirée pendant le show de MIA, je me suis dirigé vers le camping festivalier dont j'avais eu écho des améliorations. Cependant, il fallait bien 40 minutes de marche pour rejoindre ce camping qui m'avait l'air au bout du monde (d'autres formules camping plus proches et plus cozy comme le "Green Camping" étaient proposées) mais je plaignais certains - dont mes camarades de route - pour retrouver leur tente dans cet énorme champ. Heureux sont ceux qui y ont planté un drapeau distinctif...
Florent : Je savais d'avance en arrivant à Dour cette année que je vivrais quelque chose de totalement différent par rapport à mes habitudes musicales. Certes, je ne suis plus vraiment le fanboy de metal qui pouvait répondre sans sourciller « que du metal » à la question « t'écoutes quoi comme musique ? », quelques styles périphériques s'étant désormais fait une large place dans mon quotidien. Il n'empêche que c'est clairement toujours la musique chère à Horns Up qui constitue ma zone de confort et que ce Dour allait m'en faire sortir dans les grandes largeurs, dès ce mercredi et sa journée 100% rap mettant notamment à l'honneur la scène belge.
L'occasion de découvrir les deux scènes les plus fréquentées du week-end et les seules qui seront ouvertes pour ce premier « demi-jour » - la Last Arena, qui n'a rien à envier aux Mainstage des grands festivals classiques, et la Jupiler Boombox qui accueillera la majorité des artistes rap à commencer par l'excellent concert de Caballero & Jean-Jass. Le souci est que quand deux scènes seulement sont ouvertes sur un site qui en compte d'ordinaire... huit, la surcharge est inévitable et Damso, à coup sûr un des artistes les plus attendus du week-end, blinde la Jupiler au point qu'en revenant du (génial) concert de Vald, impossible d'y mettre les pieds.
Reste que déjà, un constat : cette ambiance « tout sauf metal », si elle est une première pour moi, est assez rafraîchissante. Public jeune, souriant, enthousiaste, communicatif, pas prise de tête : où sont passés tous mes clichés de jeunesse sur Dour et ses festivaliers kékés ? Probablement quelque part entre mes écoutes en boucle de PNL et The Midnight et mes concerts de black metal. La diversité, mamène.
Malheureusement, des obligations professionnelles m'empêcheront de réellement profiter d'une deuxième journée que je passerai en grande partie à bosser... sur place. Comment ? Grâce à la superbe salle de presse du festival de Dour, qui met à disposition des reporters (professionnels ou pas) trois ordinateurs en libre utilisation et du wi-fi, en plus d'un très large espace confort intérieur et extérieur avec sièges, transats, bar, café, prises et, sur des valves, contacts des groupes disponibles pour interviews. Juste fou. Une autre dimension qui ne parle pas forcément au lecteur lambda ici mais pour bosser dans le milieu, je vous le dis : on est comme des coqs en pâte.
Ce qui, d'après les échos qui nous viennent, n'est d'ailleurs pas forcément le cas des festivaliers « normaux » : longue, très longue marche jusqu'au camping (parfait pour encourager la consommation sur le site, hors de prix comme partout), sanitaires répugnants, fouilles ubuesques – bref, si Dour a de l'avance sur la concurrence dans pas mal de domaines, le festival devra peut-être revoir sa copie au niveau du confort du festivalier.
Jour 2
Nostalmaniac : L’échauffement du mercredi m’aura permis de me lever tôt le jeudi. Je n’avais pas de programme en tête, juste commencer par le set de Monolithe Noir prévu au Labo à 13h. Un artiste atypique au passé pop qui évolue dans un registre électronique que je connais mal mais j’aime assez son univers sombre et son souci du visuel qui gravite autour. Sur scène, le bonhomme assez discret joue avec sa machine, gère les contretemps et enchaine avec brio. Un set immersif malgré trop de light.
Du côté de la Caverne, j'ai pu voir Rendez-Vous qui navigue entre post-punk et new wave. Difficile de ne pas penser à The Cure mais au delà de la comparaison le groupe est réellement efficace sur scène et ses mélodies font mouche. On remarque que le son sous la Caverne - et ça restera le cas sur les cinq jours - est vraiment très bon.
Dans un registre plus punk affirmé mais toujours aussi british, IDLES balance un set mordant, caustique. Nerveux mais maitrisé. Il faut dire que le charisme du chanteur Joe Talbot apporte beaucoup à leur prestation qui ne laisse pas insensible.
Je délaisse par la suite La Caverne pour assister au concert unique de Bruxelles Arrive qui rassemble la crème du rap belge actuel (Roméo Elvis & Le Motel, Caballero & JeanJass, De La Fuentes) pour une heure de set vraiment mémorable.
J'irai me perdre ensuite à la Jupiler Boombox pour le show de Kaaris. Et Kalash Kriminel. Car oui Kalash Kriminel inaugure le concert et fait 4-5 morceaux avant l'arrivée de Kaaris. Je ne suis que très peu emballé par son flow. La partie de Kaaris est plus inégale ("Poussière", quelle horreur) mais je me contente du petit moment de satanisme avec le fameux "Tchoin" efficace quoi qu'on en pense.
Je passe ensuite la soirée au Labo avec le très bon duo israélien Red Axes. Leur électro/deep house se mélange avec des influences world music et des beats sombres. Hypnose de sons avant de finir la nuit dans le brouillard...
Jour 3
Florent : Après un jeudi qui s'est terminé sur le médiocre concert de Kaaris pour ma part, mon festival ne commencera au final réellement que le vendredi... avec encore du rap au programme, Alkpote, « le prince du sale ». Bon, c'est bien drôle (Pyramides, Sadisme & Perversion et Amsterdam city gang font le taf), mais le vrai empereur du sale, c'est dimanche avec Lorenzo, désolé. On va donc aller se remettre un peu sur les rails avec un concert électrique, enfin : celui de Cocaine Piss, quatuor liégeois de punk/garage dont j'entends dire le plus grand bien en live. Le groupe s'est, il faut dire, forgé une réputation depuis un petit temps maintenant, notamment son énergique frontwoman Aurélie qui, d'emblée, fait honneur à sa réputation de pile électrique. Le souci, c'est que moi qui ne suis déjà pas fan du son garage, je vais tout bonnement faire une réaction allergique à ce chant particulièrement crispant. C'est bien simple : je fuis le Labo (la scène « expérimentale » du festival), trop lentement pour empêcher mon acouphène d'évoluer en Magneton. On est là tellement loin de ce que j'apprécie que je ne peux même pas émettre d'avis objectif : Cocaine Piss pourrait encore avoir donné le concert de sa vie que je ne m'en serais pas rendu compte tant c'est à l'opposé de ce que je recherche en écoutant de la musique.
Nostalmaniac : La musique de Cocaine Piss est à l'image de leur nom : cradingue et survoltée. Le groupe belge emmené par Aurélie Poppins jouit d'une bonne réputation live et il ne faudra pas longtemps pour comprendre pourquoi. L'énergie, bordel. C'est punk, rapide, incisif. De quoi mettre en jambe pour le reste de la journée. Je ne connaissais pas du tout leur répertoire. Les morceaux sont simples mais redoutables avec ce côté noisy/crasseux et le chant destroy à tendance aïgue d'Aurélie. Le concert se termine avec elle au milieu du public brayant dans son micro. Et pouf, elle disparait. Le show est terminé. Sans concession.
Florent : On est un peu plus dans ma came avec All Them Witches et son stoner rock psyché typé seventies qui me permet de dépuceler une « Caverne » (la scène metal et assimilés) que je fréquenterai surtout le lendemain. Le combo du Tennessee vient tout de même de sortir avec Sleeping Through the War son quatrième album et on le sent bien en place, notamment sur le plan technique (niveau charisme, on a vu mieux, mais est-ce ce qu'on demande à un groupe de stoner?). Quelques parties de claviers particulièrement bien torchées apportent un côté rétro qui, s'il est devenu un gimmick un peu lassant ces dernières années, reste agréable quand il est bien fait. Les soli de Ben McLeod sont également précis et très réussis et on ressort de là sans avoir vécu un concert mémorable, certes, mais avec le sourire. Le stoner, voilà bien un style qui colle à l'esprit Dour...
Nostalmaniac : C'est à l'approche de Dour et avec l'album « Dying Surfer Meets His Maker » (2015) que j'ai appris à découvrir le combo originaire du Tennessee, All Them Witches. Leur rock psychédélique et hypnotisant m'a rapidement séduit. Avec pour backdrop l'artwork de leur dernier album (qui devait avoir une dimension 3D sous substance illicite), le groupe propose une musique planante transfusée d'influences bluesy (en même temps quand on baigne dans l'univers musical de Nashville...). La prestation du groupe est sobre et met en avant ces effusions de riffs psyché et de mellotron. Un moment d'évasion gâché par quelques gars qui tentérent de lancer... un circle pit. Il faut le voir pour le croire. Une tentative de circle pit sur du rock psyché. Bref, à l'approche de la fin du set résonne les premières notes du magnifique et obnubilant "Blood and Sand / Milk and Endless Waters" avec sa narration qui me donne les mêmes frissons qu'un bon vieux titre des Doors. Un set envoûtant maîtrisé du début à la fin qui me laisse sur un petit nuage.
Petit passage ensuite au bar Jack Daniel's avec son jukebox à l'intérieur et ses danseuses blondes. C'est très beauf dans l'esprit et même si l'idée du Jukebox Metal est sympa, les mêmes titres (System of a Down, Metallica, Iron Maiden, Judas Priest) tournent vite en rond et les danseuses n'ont pas l'air d'y comprendre grand chose. Dixit le mec qui sirote un Jack coca en photographiant ça avec son Coolpix.
Florent : Après un bref tour au Dub Corner et ses rastas blancs remuant la tête sur du reggae (scène qui a la particularité d'accueillir peu d'artistes jouant de très longs sets plusieurs fois au cours du festival) vient le moment pour moi de vivre un de ces moments-banane qu'on ne peut connaître qu'en festival : celui d'entendre, au détour d'un passage au très sympathique concert de Two Doors Cinema Club et sa pop-rock dynamique, quelques titres qui ont bercé mes parties... de FIFA. Totalement inattendu mais tellement fun de me retrouver à fond sur l'irrésistible « I can talk », que je connaissais par coeur sans même savoir qui en était l'auteur.
De pop-rock british, il en est encore question avec The Kills qui fait à peu près la même musique que 150 autres combos du style – pas ma tasse de thé, vous l'aurez deviné : à mes yeux, c'est clairement le genre au sein duquel seul le haut du panier a de l'intérêt. Un peu comme le black atmosphérique, héhé.
Et le haut du panier, ce week-end, en termes de rap, il est occupé par le légendaire NAS, probablement un des noms les plus connus de cette affiche au final plutôt chiche en vraies grosses têtes d'affiche (M.I.A. la veille, euh... comment dire?). Une bonne claque typée 90ies que va nous mettre l'homme aux huit disques de platine et 25 millions d'albums vendus, dans son survêt' rouge tellement old-school qu'en regardant autour de toi, tu t'attends à voir CJ et sa mif' kiffer comme à Grove Street (comment ça, je pars loin?). Le meilleur son du week-end sur la Last Arena et, probablement, une des meilleures presta'.
Nostalmaniac : La dose de gros hip-hop old school est fournie par NAS qui va jouer de nombreux titres de ses premiers albums (Illmatic, It Was Written, Stillmatic) ponctués d'hommages à Prodigy, Bob Marley ou encore Michael Jackson. Je retiendrai surtout l'excellent "N.Y. State of Mind" et son sample jazzy mais aussi la présence d'un vrai batteur sur scène pour ceux qui aiment critiquer le côté fake de beaucoup de rappeurs qui se cachent derrière leur MC à tout faire.
Florent : Ces trois (déjà!) premiers jours se concluent par un set qui me prend totalement par surprise : celui de Crystal Castles et son électro épileptique tellement jouissive que je me retrouve sans y prendre gare... à la barrière. De quoi me prendre ma dose de beats et de lights sans devoir attendre le set nocturne de Pendulum vers 3h du matin, ce dont je n'aurais tout bonnement pas été capable. Parce que le week-end sera long, mamène.
Nostalmaniac : Après ces trois jours de concerts avec un minimum de guitares mais un maximum de découvertes, je ressens vraiment Dour comme une expérience qui se renouvelle chaque jour et s'intensifie chaque nuit. Impossible de faire un programme et de le suivre de A à Z. A moins d'errer seul, mais à Dour tu n'es jamais seul. Bon, déjà parce que quand t'as mon look on va tout te proposer, de la Crystal meth au poppers. Si tu veux t'isoler un minimum, tu peux flaner au Bar de la petite maison dans la prairie dont l'entrée est filtrée pour que l'endroit ne soit jamais bondé et c'est plutôt réussi. J'en reparlerai. En attendant, le samedi est la journée que nous attendons le plus avec une alléchante programmation sous la Caverne (Oathbreaker, Alcest, Amenra, etc) qui va nous emmener tard dans la nuit avec le set de Perturbator. A suivre...
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Crédits photos : Horns Up