Shining + The Great Old Ones + Plebeian Grandstand @ Le Metronum - Toulouse
Le Metronum - Toulouse
LudwigRGF, chroniqueur et live reporter à dominante Black Metal,mais également Thrash, Death, Grind, Crust et Hardcore, made in Clermont Ferrand!
Arrivée héroïque des correspondants Horns Up au Métronum, salle totalement inconnue pour moi que je découvre avec plaisir. La salle est grande, le bar est large, un espace fumeur est prévu, on est un peu dans une version taille réduite du Bikini, avec une programmation un brin plus UG.
Voici venu le temps de la première bière, Plebeian Grandstand, groupe de première partie ouvre la soirée alors que je cherche désespérément à m'abreuver. Je reste relativement stoïque face à une telle ouverture, bien sûr il nous faut tous une vingtaine de minutes avant d'être vraiment dans l'ambiance. Je remarque du coin de l'oeil un batteur nerveux, inspiré et talentueux, supporté par une base rythmique et un lead guitar qui, sans être exceptionnels savent manier leurs instruments, le chanteur s'avance, reprend son souffle, et s'évertue à ruiner une prestation musciale pourtant bien lancée. Les morceaux s'enchainent, les riffs sont propres, le son est carré, mais on déplore un manque de structure évident du groupe, reste à savoir si c'est intentionnel, auquel cas, c'est loupé les gars désolé, ou si les mecs ont tout simplement oublié leurs fiches de structures en repet. Plebeian Grandstand est donc un groupe amateur, qui pourrait percer en commençant par dégager son (horrible) chanteur à la gestuelle scénique langoureuse et prépubère et en faisant preuve ou bien de plus de concision sur scène, ou alors en assumant franchement le coté destructuré de leur musique.
Arrivent enfin The Great Old Ones... Alors ces lascars là ça fait des années que je les croise et que je les loupe, j'arrive quelque part et ils jouaient toujours la veille, on me propose un covoiturage pour une date et mon boss me garde à bouffer de la paperasse jusqu'à 20h30, enfin on connaît tous la chanson... C'est donc curieux et impatient que je m'avance vers la scène alors que les lumières s'éteignent et que les machines à fumée se mettent à grésiller. Les guitares annoncent le début du set, trois guitares sur scène ça laisse toujours sceptique, soit on a droit à un mur de son colossal et écrasant qui nous fais frire les tripes, ou alors on a droit à une guitare rythmique surmixée, un lead à peine audible et une deuxième rythmique totalement effacée. Là coup de bol l'ingé son fait bien son boulot, mais la jauge sonore de cette salle est encore calibrée pour le thé dansant en hommage à Patrick Juvet de l'après midi.
105 décibel au grand max (mais alors grand grand max), alors que TGOO nous envoie ses riffs de Black Doomisant (ou de Doom Blackisant, me faites pas chier jsuis dans le train pour Dunkerque et j'ai une migraine) qui réclame quand même un volume sonore susceptible de provoquer des acouphènes en cas de larsen mal placé. Bon, faisons fi des bavures "techniques" et parlons un peu du show, aérien, quasi transcendental pour tout dire, 4 musiciens encapuchonnés, statiques, baignant dans une fumée bleutée et délivrant des sons en osmose parfaite avec l'esprit phantasmagorique et cyclopéen de l'oeuvre de Lovecraft, plus qu'un concert, on assiste là à un véritable rituel d'appel aux grands anciens, l'autel dédié à Cthulhu est d'ailleurs bien présent sur le front de scène. Le public est partagé, les connaisseurs apprécient le show à sa juste valeur, alors que les traditionnels curieux, gamins et autres pièces rapportées ne savent pas bien comme réagir et agir, on leur avait pourtant promis de la brutalité... TGOO nous délivre une palette de riffs évoquant par moment Nunfuck Ritual ou Emperor, froids, calculés, traînants et rythmés. Hormis le son tristement bas, leur performance est un sans faute.
Je n'avais pas revu Shining depuis 2008, dans mon souvenir Kvartforth était un connard odieux et agressif, violentant sans vergogne les premiers rangs à grands renforts de crachats, mégot et bouteilles dans la gueule et autres joyeusetés. C'est donc sur la défensive que je m'avance alors que le concert s'apprête à débuter. Le spectacle commence, je m'apprête à redécouvrir Shining en live, outre les changements de line up, c'est un Kvartforth transformé que je vois sur scène, perché, presque sensuel, errant à travers la scène comme s'il flottait, je m'inquiète donc de la qualité du show, de la cohésion entre cette attitude scénique et la musique singulière de Shining. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, voir un combo aussi perché, nonchalant sur scène nous jouer du Shining passe terriblement bien, les divagations du frontman nous avouant encore une fois son amour pour la mort et la malveillance le sourire au lèvre les bras enroulés autour de la tête donne une toute nouvelle dimension à la musique de Shining à mes yeux, une fois dépouillée de son aspect brutal et égocentrique on découvre la facette intellectuelle, sensible et profonde du combo.
Une prestation surprenante, un public pris de court dans un premier temps, puis en parfaite adéquation avec le mouvement pris par le groupe, ceux qui étaient venus pour mettre des mandales auront été déçus, mais en un rien de temps, une transe générale s'empara de la foule qui tressaillait en rythme avec Shining. Mention spéciale pour cette prestation qui pour moi aura marqué ma véritable découverte de l'oeuvre de Shining.