Live reports Retour
jeudi 7 mai 2015

Arcturus + Vulture Industries + Kraków + Seven Impale

L'Ubu - Rennes

Dolorès

Non.

 

Si la salle de l'Ubu semble avoir été conçue par un mec complètement ivre tant sa disposition est incompréhensible, il faut avouer que j'y ai toujours noté deux points forts, même excellents : le son et la lumière. Cette date proposée par Garmonbozia n'y manque pas, et je retrouve un son aussi appréciable que pour la dernière date où j'ai fait le trajet (Bölzer & Vassafor en février dernier), et des lumières encore meilleures qu'au Ferrailleur de Nantes, une salle pourtant plus importante.

 

Seven Impale

J'arrive alors que Seven Impale semble avoir déjà commencé, mais à ma grande surprise je ne m'en rends compte qu'une fois que j'entends des applaudissements retentir. Eh oui, ce que je pensais être de la musique d'ambiance dans le bar est en réalité le groupe qui joue. Cela donne déjà un indice, on est bien loin d'entamer la soirée par quoi que ce soit d'extrême. En effet, Seven Impale nous a proposé un peu plus d'une demi-heure de Prog/Jazz/Rock bien énergique et complètement perché du début à la fin. Si ce n'est pas forcément ma tasse de thé à écouter chez moi, on a eu droit, ici, à une prestation extrêmement propre et carrée, les musiciens se surpassant tous, se concurrençant presque. Bien que le chant clair ne m'ait pas conquise, on notera particulièrement les jeux du bassiste et du saxophoniste qui ont été la cerise sur le gâteau de cette prestation courte mais intense. Les gars ont l'air aussi heureux que nous d'être là, et le montrent tant sur scène (attitude qui prête à sourire du claviériste) que dans la fosse lors des concerts suivants. A noter que le groupe n'est pas tant que ça étranger aux styles qui vont suivre dans la soirée, en ayant fait produire leur premier album par Iver Sandøy (Kraków, mais aussi Enslaved par exemple). Un nom à retenir, qui fonctionne en tout cas à merveille en ouverture.

Kraków

Seul groupe dont je n'avais aucune idée de ce à quoi m'attendre, Kraków semble très vite séduire le public qui devait, peut-être, attendre une poussée un peu plus extrême pour aller crescendo vers Arcturus. Il se trouve qu'on a là une transition bien appréciable. Bien que Kraków joue un Post-Metal parfois assez violent, la majorité des titres se trouvent être assez aériens et assez accessibles. Il est assez intéressant de voir le groupe défendre son identité, autant à l'aise sur des morceaux qui penchent plus du côté du Doom, que sur ceux qui sonnent presque Pop. Malgré cela, entre un groupe aussi coloré et chaud que Seven Impale, et la folie furieuse de Vulture Industries, le groupe a tendance à donner un gros effet de ralenti à la soirée, en évoluant dans un monde un peu à part, plus lourd et plus lancinant. Kraków ne m'aura conquise que lors de son dernier titre, proposant une montée en puissance phénoménale, tout en invitant le saxophoniste de Seven Impale à venir investir la scène dans quelques minutes d'apocalypse et de virtuosité. Malheureusement, il faut avouer que la plupart des riffs manquent de punch, que la batterie a tendance à rester mesurée, et on attendrait un peu plus d'explosions lorsque l'atmosphère dont ils imprègnent la salle ne suffit plus à tenir l'auditeur en haleine.

Vulture Industries

Ne les ayant toujours pas vus sur scène et ayant depuis des années un énorme coup de coeur pour leur premier album "The Dystopia Journals", je suis plus qu'heureuse d'enfin avoir l'occasion d'assister au phénomène. En plus de se marier à merveille avec Arcturus, le groupe marque le début de la seconde partie de la soirée. Non, on ne passe pas aux choses sérieuses, mais plutôt à une seconde moitié de soirée où les groupes n'ont plus aucun sérieux. Pour ceux qui ne visualisent pas Vulture Industries, on pourrait les qualifier d'Avant-Garde Metal, légèrement influencé Black Metal mais dont la particularité est d'être complètement taré et théâtral. Imaginez cinq personnages en chemise et pantalon noir, dont la moitié sont pieds nus sur scène, où l'un d'entre eux nous accable de ses excès de folie pendant presque une heure. Entre Metal rythmé, musique de cirque et inspiration prise chez Danny Elfman, il s'agit maintenant de se retrouver envoûté ou non.
Il semble qu'une bonne partie des présents n'ont pas vraiment apprécié le groupe, qui reste quand même bien trop étrange et marginal pour réussir à conquérir tout le monde. Ce sera l'inverse pour moi, puisque Vulture Industries passe au rang de meilleure prestation de la soirée pour ma part.
Je ne sais pas ce que le groupe doit rendre en festival, sur une grande scène par exemple, mais cette ambiance très fermée et intimiste donne un véritable sens au jeu de scène du frontman qui nous transmet toute sa démence par ses paroles et ses gestes, au passage un excellent chanteur qui saura redonner un peu de vie et de sourire à la fosse en interagissant constamment avec, ou en se mettant à jouer du tambourin avec une telle conviction qu'on se croirait transporté en plein asile.
Inquiétant, ennuyeux pour certains, remarquable et très prenant pour d'autres, le groupe aura tout de même été jusqu'au bout de son idée pour réussir à présenter une majorité de titres tirés du dernier album en date, "The Tower". On n'aura malheureusement que "Grim Apparitions" du premier album, alors qu'un petit "A Path of Infamy" ou "Pills of Conformity" auraient été les bienvenus.

 

Arcturus

On finit la soirée avec plus d'une heure d'Arcturus, une heure où on finit par s'habituer à voir Vortex les mains dans les poches, une heure où on verra passer des titres correspondant à toute la carrière du groupe. Il faut dire qu'après le set dynamique et taré au possible de Vulture Industries, Arcturus semble presque timide et bien plus sain d'esprit. Néanmoins, après les avoir vus une première fois au Hellfest 2012, il s'agissait pour moi d'une valeur sûre. Ne reste que le temps de se réhabituer à l'univers du groupe, d'apprécier la puissance et la maîtrise vocale de Vortex (que j'ai pourtant tendance à haïr dans Borknagar, comme quoi), ou encore la tenue style cosplay/vampire/World of Warcraft du guitariste qui, pourtant, a un jeu excellent et un sourire collé au visage du début à la fin.
A mon grand étonnement, "La Masquerade Infernale" est plutôt bien représenté, par "Painting My Horror" et "The Chaos Path" notamment. Malheureusement, le passage d'un album à un autre rend la setlist et la performance assez inégales, passant parfois du coq à l'âne. Bien que j'aie par exemple été totalement heureuse d'entendre mon titre favori, "Raudt Og Svart" du premier album, il faut avouer qu'il était assez à part dans le concert et a participé à rendre la prestation moins cohérente. Peu de choix parmi le nouvel album, ce qui en ravira certains et en décevra d'autres, mais Arcturus prend tout de même le temps de passer par l'entre-deux, avec "Hibernation Sickness Complete".
Vortex semble un peu déçu de voir autant de gens et si peu réussir à chanter ce qu'il faut lorsqu'il le demande (et finit par plus espérer en vain que réellement demander). Néanmoins, le groupe assure le show sans défaut, et chacun montre beaucoup d'entrain et participe à assurer un concert dynamique, chaleureux et extrêmement maîtrisé. 



Remercions Garmonbozia pour leurs dates merveilleuses ainsi que pour l'accréditation. Encore une soirée forte en émotions et une occasion de passer sur Rennes, on reviendra !

Photos