Doomed Gatherings - Jour 1
Glazart - Paris
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Il fait beau et chaud à Paris en ce mois d’avril pour le commencement de la deuxième édition des Doomed Gatherings. Au programme, dix groupes stylistiquement plus ou moins proches du doom. Cinq groupes par jour, pas de running order compliqué à préparer en décidant qui voir et quelles concessions faire. Ici, tout s’enchaîne, et on a le temps d’aller boire des pintes à 6€ entre chaque groupe.
BONEHUNTER
Romain : Les « Doomed Gatherings » (rappelons-le) commencent donc avec un groupe que j’oserais qualifier de blackened thrash. On a droit à un trio qui me rappelle souvent Toxic Holocaust, aussi bien dans la musique que dans la dégaine de l’un des zicos, arborant cheveux blonds mi-longs et piercing nasal tel un Joel Grind finlandais. Sur scène, ça growle de partout et ça headbangue aussi bien que dans le public. Un bon échauffement des cervicales pour commencer le week-end. Le groupe parvient même à déclencher sans le demander un début de pogo, furtif mais bien présent. Le week-end commence bien !
Dolorès : Bonehunter c'est quand même le groupe qui a le moins de rapport avec le nom du festival mais soit, c'est aussi la preuve qu'on n'est finalement pas spécialement dans un weekend de Doom pur. On se demande simplement s'ils seraient sur l'affiche s'ils n'étaient pas en tournée avec Acid Witch, parce que tout de même, à part le côté gras d'outre-tombe, on est limité pour faire des rapprochements avec les autres groupes de la soirée (et pire encore, du lendemain).
Toujours est-il que de Bonehunter, je n'attendais pas grand chose et je me retrouve relativement surprise devant ce surplus d'énergie qui ouvre à 17h30. Dans le genre thrash à toute allure plus sale que les égoûts de Paris (oui bon, la provinciale en moi se devait bien de faire un clin d'oeil à la capitale), nous sommes servis. Malheureusement, le son, pas tout à fait dégueulasse non plus mais qui peine à garder la batterie à sa place, ne permet pas d'apprécier totalement les particularités du groupe. Les riffs sales et rock'n'roll, le chant éraillé au possible rendent finalement un résultat un peu trop proche du fouillis pour qu'on reconnaisse bien l'identité des Finlandais.
Balin : Quelle étrange idée que d’ouvrir un festival de Doom/Stoner par un groupe influencé directement par Discharge et consorts ?! Si le décalage fut de règle avec le reste de l’affiche, le trio finlandais s’en est pourtant sorti avec les honneurs en ouvrant cette seconde édition du Doomed Gatherings par une demi-heure de Speed/Thrash/Punk à vestes à patch et jeans déchirés. Ne connaissant pas le groupe au préalable, ce sera pour ma part une bonne surprise bien que cela n’ait absolument rien d’original. Pourtant le groupe prend réellement plaisir à jouer et le guitariste se permet même de faire le show (soli à genoux, on harangue la foule le pied sur les retours et j’en passe). Rien de transcendant donc, mais une bonne entrée en la matière qui aura eu le mérite de faire headbanguer une petite partie de l’assemblée grâce à des breaks que n’auraient pas reniés Nekrofilth ou Toxic Holocaust dont la dégaine du guitariste fait grandement penser à Joel Grind !
BLACK ANVIL
Romain : Le black metal, j’y connais pas grand-chose, difficile donc pour moi de véritablement juger la prestation de Black Anvil. La plupart des morceaux s’enchaînent sans interruption sur une scène remplie de fumée bleutée par l’éclairage. Sur le moment, le show me satisfait, même si je sais qu’il ne restera pas gravé dans mon esprit bien longtemps.
Dolorès : Un des groupes que je ne voulais absolument pas louper dans cette journée ! Bien que leur dernier album soit long et redondant, le groupe a tout de même un son tout à fait unique qui me laissait espérer qu'un set d'une quarantaine de minutes pouvait être tout à leur honneur et éviter l'ennui de l'album qui se renouvelle peu.
Pas déçue d'un pouce finalement, puisque c'est exactement ce qui s'est passé. J'ai même été étonnée de redécouvrir des sonorités du groupe, en live, qui ne m'apparaissaient pas forcément sur album. Bien que très tourné Black/Thrash sans prise de risques et assez accessible, la performance laisse se dégager une bonne aisance à tourner les titres à leur avantage. On y retrouve davantage un son Heavy que Thrash, quasiment Doom sur un ou deux passages courts, laissant même très souvent de côté leur principale influence Black. J'oserai presque dire qu'on a eu quelques breaks lointainement Hardcore parsemés dans le set (influence confirmée par l'excellent Until The End et ses choeurs qui m'évoquent directement le genre), qui m'ont fait hausser un sourcil hésitant et surpris mais qui étaient finalement les bienvenus. Finalement, le groupe est si varié que c'est la setlist qui était surprenante, là où je m'attendais à avoir les titres les plus rentre-dedans et Black, alors qu'ils ont choisi de nous présenter des morceaux plus divers.
SUNNATA
Romain : Après mise en condition, je suis fin prêt à découvrir le show des « prêtres de la weed », car ainsi sont-ils décrits dans le flyer de l’évènement. Si je ne m’étais pas vraiment arrêté sur ce quatuor polonais après l’écoute de quelques morceaux studio (la faute à une production ne m’ayant que moyennement plu), ici la formation a su me séduire dans les premiers instants. Malgré des effets lumineux parfois un peu trop agressifs à mon goût, la prestation du groupe fut juste incroyable. Bénéficiant d’un son plus qu’excellent, le combo enchaîne les riffs d’une lourdeur pachydermique les uns après les autres sans sourciller. C’est puissant, c’est bien fait, le concert fut une énorme claque, sans conteste le meilleur de la journée, voire du week-end. J’en suis déçu ne parvenir à retrouver les mêmes sensations en écoutant l’unique album du groupe. Sinon, on a encore une fois au Glazart la possibilité de discuter avec les zicos sur le stand de merch, et quand ces zicos sont aussi sympas et ouverts, on ne peut qu’être contents.
Dolorès : Il s'agit de la seule performance que j'ai préféré écouter d'une oreille peu attentive, étant très peu friande de Stoner lorsqu'il prend trop de place en première raison, et n'ayant pas été retournée par mon écoute du groupe quelques jours avant de me rendre au concert. Cela n'avait pas l'air mauvais, j'aurais d'ailleurs peut-être changé d'avis en me dirigeant vers les premiers rangs car l'ambiance avait l'air plutôt bonne et le son assez massif.
Balin : Ayant fait délibérément l’impasse sur Black Anvil dont le style hybride BlackThrash/Sludge/Crust Relapse Records ne m’attire pas du tout, c’est en touriste complet que je me place devant la scène pour Sunnata. Groupe polonais inconnu au bataillon auteur de son premier album paru l’an passé, je ne savais pas absolument pas à quoi m’attendre. Et bien ce fut une excellente surprise ! Bénéficiant d’un excellent son (ce qui sera quasiment toujours le cas ce week-end !), le Stoner/Doom des polonais est des plus efficaces. Riche en effets en tout genre, certains riffs directement hérités de Sleep vont littéralement assommer l’assemblée tandis que d’autres, plus « originaux » pour le style, apportent des nuances qui feront que ce concert passera à vitesse grand V. Pour la petite histoire, le riff d’un des derniers titres m’a presque fait penser à un beat de The Prodigy, c’est dire ! Toujours est-il que ce fut une excellente découverte live, à tenter sur album désormais !
TOMBS
Romain : Je pensais avoir le temps d’aller me remplir l’estomac avant l’entrée sur scène de Tombs, foulant le sol français pour la première fois ce soir.. Pas de chance, j’ai sous-estimé la durée de la queue et de la cuisson des ingrédients de mon burger, et je loupe donc le début du set. Bref, j’assiste tout de même à la moitié du show du quatuor, qui malheureusement met du temps à me convaincre, sûrement à cause de l’onde de choc Sunnata encore trop récente. Du coup, même si tout a l’air très carré, j’assiste à une prestation qui me paraît en deçà de ce que j’ai déjà pu voir dans la journée.
Dolorès : On est sans doute en présence de la petite curiosité du samedi soir avec Tombs. Si j'ai principalement été attirée par ce groupe pour ses influences et ses titres quasiment Post-Punk qui ont l'air de n'avoir rien à faire parmi le reste des compositions, le reste du groupe est aussi tout à fait digne d'intérêt. De cette influence, on ne retrouve que quelques structures en écho à Killing Joke et, bien évidemment, la basse pas mal mise en avant, mais le set se contentera principalement de restituer leur facette Post-Metal Extrême assez particulier.
Faut tout de même avouer que ça rend très bien sur scène, peut-être même mieux que ce que je connais du groupe qui a tendance à donner un ensemble très carré mais pas assez prenant. Là, ça groove presque, les différents chants s'alternent assez bien, même si le claviériste (à l'allure relativement douteuse (pardon)) n'aura pas la chance d'avoir un volume assez haut pour que je me permette d'en juger. Il en va de même pour les claviers qu'on aura du mal à distinguer de l'ensemble car le son était loin d'être le meilleur pour Tombs, malheureusement, bien que la performance générale soit restée correcte en dépit de ce souci, et même bien appréciable.
Balin : Connaissant très peu mais ayant apprécié les quelques titres écouté sur le net, je n’ai vu que la fin du set donc je ne m’attarderai pas trop sur le sujet. Pour en avoir parlé avec pas mal de monde, les avis divergent à propos de leur Post-Black lorgnant sur le Sludge/Doom par moments. Personnellement j’ai bien aimé les deux derniers titres, il faudra donc que je me repenche dessus en studio.
ACID WITCH
Romain : Voilà le moment tant attendu par beaucoup de personnes présentes ce soir dans un Glazart plein à craquer, beaucoup n’étant d’ailleurs venus que pour ce groupe. Comme Tombs, c’est la première fois qu’Acid Witch joue devant le public français. Pourtant, bien que n’existant « que » depuis 2007, la formation des ricains a su se faire une place importante et reconnue dans le milieu doom/death. Et si c’est l’originalité qui a permis à Acid Witch de se démarquer, pour moi la construction des différents morceaux interprétés ce soir reste souvent assez similaire. Toutefois, la playlist plait à un public visiblement comblé par la prestation. On notera qu’étrangement la voix de Slasher Dave est bien différente des versions studios, beaucoup plus aiguë. C’est donc le quatuor qui met fin à cette première journée de concerts après un rappel réclamé en chœur par une grande majorité de la salle.
Dolorès : Le moment tant attendu, la salle déjà bien remplie avant le début du concert et un groupe qui se fait désirer par quelques fans impatients. Voilà l'état des lieux avant que l'atmosphère ne prenne une autre teinte lorsque retentissent les premières notes de clavier. Finalement, cette petite heure de set passe en un éclair, avec un son juste assez sale pour garder l'esprit du groupe. On retrouvera tous les morceaux attendus sans en laisser vraiment de côté, autant ceux de Stoned (Trick Or Treat, Sabbath Of The Undead...) que du premier (The Black Witch, Swamp Spells, Witchblood Cult...). Bien évidemment, impossible de passer à côté du tube Evil, présent sur le split avec Nunslaughter.
J'attendais vraiment avec impatience qu'ils nous présentent leur nouvelle reprise de 45 Grave, "Party Time" car je ne m'attendais pas à ce qu'Acid Witch reprenne quoi que ce soit de ce groupe que j'apprécie énormément et je n'ai pas été déçue, ni par la performance, ni par le public qui semblait avoir quelques connaisseurs de ce titre de 1983.
Il était quelque peu difficile d'anticiper l'attitude qu'auraient les Américains sur scène, il se trouve que les interventions du bassiste entre chaque titre sont les bienvenues, décrivant une atmosphère et un thème en quelques mots avant d'annoncer quel morceau va être joué, laissant les fans jouer aux devinettes le temps de quelques secondes. On aura également droit à Slasher Dave qui se dote d'un déguisement assez ridicule le temps de Trick Or Treat, contrastant avec son air mi-méchant mi-perché qui dure tout le temps du concert. Cela n'enlève rien à ses performances vocales qui sont loin d'être décevantes, et il assure tout de même assez bien même s'il a l'air d'être à l'ouest à quelques instants.
Bref, en résumé leur Horror/Doom Metal ne perd pas du tout de son charme une fois sur scène, le clavier kitsch et les thèmes horrifiques sont à l'honneur et il suffit de ne pas avoir peur du ridicule pour entrer totalement dans leur jeu.
Balin : Ok, j’adore Ufomammut mais Acid Witch était vraiment la principale raison de ma venue ce week-end. Fan du groupe depuis la sortie de Witchtanic Hellucinations en 2008, il me tardait depuis lors de voir ce que leur Horror/Death-Doom’n roll sous acide donnait en live ! Et je n’étais visiblement pas le seul pour leur première venue en France. Et je n’aurais qu’un seul reproche à faire de tout le live, le son du synthé qui était un peu trop sous-mixé. Certains me diront qu’ils avaient trouvé le son un peu approximatif, pour ma part ce fut une heure de folie. Quasiment tous les titres que j’attendais y passèrent, avec principalement The Black Witch joué en rappel, mais également Swamp Spells ou Witchblood Cult du premier album, Midnight Mass de l'EP éponyme ou Evil tiré du split avec Nunslaughter. Pourtant la part belle sera faite à Stoned, deuxième opus de la formation avec des titres comme Witchfynder Finder, Sabbath of the Undead, Stoned to the Grave, Trick or Treat (et le petit déguisement kitchou du 'sieur Slasher Dave) ou encore l'énorme Metal Movie Marijuana Massacre Meltdown qui regroupe tous les centres d'intérêt du groupe. A noter également la reprise du groupe 45 Grave, Party Time, bien kitch collant parfaitement à l’univers du groupe. L’attitude scénique était telle que je l’espérais, possédée, horrifique et rock'n roll à la fois, avec une fumée quasi constante et un Slasher Dave aux allures de gobelins sous acide. Vous l’aurez compris, votre serviteur a adoré. Vivement qu’ils reviennent en Europe !
C’en est donc fini pour cette première journée de concerts qui fut visiblement bonne pour la grande majorité du public présent. Rapidement le sujet de discussion principal n'est plus de savoir quel concert était le meilleur mais connaître le lieu où l’on va picoler. Certains décideront de profiter de l'after-party du Glazart et ainsi d'une courte nuit de sommeil avant de s'en reprendre plein les oreilles le lendemain.
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