Dans l'équipe car il était là avant.
Sale Freux revient en 2015 avec son Black sale et rural, accompagné de Crèvecoeur, son nouvel album. Suite à l’arrêt des productions autre que Peste Noire sur le label La Mesnie Herlequin, où était sorti l'excellent l'Exil, son précédent album, Dunkel a pris le choix de l'autoprod sur cet album. Se passant même de la traditionnelle distribution chez Dernier Bastion pour tout faire lui-même.
C'est donc dans un retour aux sources en DIY que sort ce nouvel album, recueil de titres composés entre 2011 et 2012 et aux paroles écrites entre 2013 et 2014, le tout dans une ambiance de tristesse et d'accablement. Car ce qui ressort de son écoute est un profond spleen, chaque chanson est teintée de l'humeur noire inhérente à la rupture amoureuse tragique. Cet état fait qu'il arrive dans ma sélection d'album à écouter quand tu t'es fait tej comme le dernier des inutiles, classé à côté de Posthume de Wormfood. Mais, ne t’attends pas à du réconfort lors de son écoute, car tout ce que tu obtiendras sera un glaviot bileux, noirâtre, au milieu de ton visage, de toute façon déjà bien trop laid.
La batterie, d'une configuration sans toms, se contente de battre le rythme, ce qui laisse plus de place aux guitares et au chant, ce qui permet ainsi aux ambiances cafardeuses de s'installer. Les riffs, tantôt crasseux, tantôt emprunts d'amertume, sont soutenus par moments par une guitare sèche dont les partitions imprègnent l'album d'une grande mélancolie (Octobre, Les Jours Sans pour ne citer qu'eux). Sur ses parties vocales, Dunkel est égal à lui-même, celles-ci se rapprochant plus des croassements d’un corbeaux que d'un véritable chant. Ce qui, non seulement, justifie le patronyme de Sale Freux, mais permet d'insuffler à la tristesse ambiante un peu plus de fiel et d'aura lugubre. Au milieu de cette brumaille on retrouve tout de même des passages à la limite du dansant (Irancy). Comme si, ayant marre d'avancer dans le tunnel sans y voir la lumière au bout, on décidait de s'y arrêter, s'enivrer et danser là jusqu’à en crever.
Les titres sont longs. Hormis l'intro et l'outro, rien ne tire en dessous des 7 minutes, avec même une pointe à 16 pour Vesper, ce dernier soir où je me noircirai comme un corbeau, pour un total de 67 minutes. Certains pourraient s'en plaindre, argumentant que cela se traîne dans des longueurs, mais ceux-là sont des cons. L'album passe avec facilité, comme une lame sépare les chairs. Crèvecoeur est une dépression en musique, les titres s'étirent comme ils le doivent afin de poser leur atmosphère et nous entraîner dans leur douce lypémanie .
Le Sale Freux 2015 est un excellent cru, qui en vieillissant deviendra sûrement plus acre et rance, mais n'en sera point moins meilleur. Ça sent la terre, le spleen et le sang ; le Black Metal des rats des champs comme il doit toujours l'être.
1.La pluie du matin réjouit le pèlerin
2.Sois ton propre oiseau
3.Irancy
4.Les jours sans
5.Drache
6.Octobre
7.Crèvecœur
8.Vesper, ce dernier soir où je me noircirai comme un corbeau
9.La pluie du soir séduit le cafard