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dimanche 29 avril 2018

Sale Freux + Wyrms + Nytt Land + Catubodua @Lyon

Hôtel de la musique - Villeurbanne

S.

Ce vendredi 20 avril 2018, l’association Ondes Noires Atra Bilis organisait un nouvel événement en terres lyonnaises, avec quatre groupes à l’affiche : Catubodua, Nytt Land, Wyrms et surtout, Sale Freux. Si l’annonce du plateau m’avait quelque peu surexcité, le lieu était tout de suite moins séduisant : l’hôtel de la musique à Villeurbanne, une salle qui a plutôt mauvaise réputation, même si je n’y ai encore jamais mis les pieds.

Il est vrai qu’en pénétrant à l’intérieur, difficile de croire qu’un concert se tiendra ici : “l’espace scénique” (ou plutôt le renfoncement cubique) fait face au hall d’entrée. Niveau décor, c’est le néant, et le jeu de lumières est inexistant (les quelques spots au plafond sont en réalité hors service). Bref, c’est miteux, mais après tout, c’est une soirée majoritairement Black Metal.
Dans un recoin, on peut toutefois apprécier la présence du stand de France d’Oïl Productions et de Transcendance, tenu par leurs gérants respectifs.

Les hostilités démarrent avec Catubodua. Les Rhônalpins ont commencé à faire leurs armes sur les scènes locales, pour défendre leurs premières compos. Le groupe est en effet tout jeune et n’a pas encore de sortie à son actif, même si un EP sera publié en mai prochain. Le quatuor délivre un Black Metal aux influences résolument Pagan, en ne lésinant pas sur les mélodies, assez proches de celles de Drudkh. Ceci dit, les lieux ne se prêtent guère aux épopées victorieuses, même si au milieu du set on daigne enfin éteindre les lumières du hall pour donner au show un peu plus d’intimité. On pardonnera les quelques pains du groupe durant leur prestation et ces semblants d’hésitation qu’on mettra sur le compte de leur jeunesse, surtout que leurs compositions sont plutôt intéressantes et ne demandent qu’à gagner en maturité. Pour conclure, Catubodua nous propose une reprise de Windir, choix assez logique vu leurs influences, mais un peu poussive et osée vu la qualité de l’originale. Les passages en voix claire sont trop discrets en plus d’être faux, mais j’ai ouï dire un certain problème au niveau des retours durant la soirée, alors on restera indulgent.

Setlist :
Chemin des sacrifiés
Mort Blanche
Catubodua
Mère Primordiale
Sagesse Ancestrale
Sognariket Sine Krigarar (Windir cover)

 

 

On enchaîne avec Nytt Land, que j’avais déjà eu l’occasion de voir à Chambéry l’été dernier. Un petit spot bleu accroché au plafond fait office de seule lumière sur la petite scène de l’Hôtel de la musique, plongeant les trois protagonistes dans une quasi obscurité. Des conditions minimalistes pour pouvoir apprécier leurs compositions, baignées dans un ritual ambiant chamanique. Les Russes s’appuient sur des chants féminin et masculin, complètement différents dans leur timbre mais ô combien complémentaires, surtout quand ils sont utilisés en même temps. Le trio est venu défendre ce soir leur nouvel album “Odal” ; d’ailleurs, toute la première moitié du set est réservée à la présentation d’une partie de leurs nouveaux morceaux. L’atmosphère délivrée par Nytt Land se veut intimiste, avec un tempo souvent lent, mais qui s’emballe quand les percussions s’invitent à la partie. Quelques instruments traditionnels viennent parfaire cette ambiance propice à l’évasion spirituelle, où le temps devient une notion abstraite. C’est toujours un plaisir d’assister à leurs prestations si envoûtantes.

Setlist :
Darraðarljóð / The Song of the Valkyries
Ragnarök
Norður / Yule Song
Deyr Fé / The Heritage    
Völuspá     
Drakkar
Hittusk æsir (Völuspá, 7-10)    
Fenris kinder (Völuspá,40-41)
Hailing

 

Le spot bleu est remplacé par un spot rouge. Ce sera ambiance Enfer pour Wyrms. En effet, on change radicalement de climat puisque les Français officient dans un registre Black Metal assez traditionnel. Le quatuor est venu présenter son nouvel album “Altuus Kronhorr - La monarchie purificatrice”, paru en mars dernier chez Ossuaire Records. Sur les sept titres interprétés ce soir, trois en sont issus. Durant la cinquantaine de minutes qui leur est allouée, les Orléanais distillent un Black Metal assez technique et mélodique, tout en étant contrasté dans les tempos, même si globalement, c’est plutôt la déferlante qui l’emporte, avec une bonne présence scénique des musiciens malgré l’étroitesse des lieux. Avant le concert, j’avais par curiosité écouté leur dernier opus, dont l’aura, assez propre à la scène française, m’avait bien séduit. Ce soir, la version live m’a plutôt conquis. A suivre !

Setlist :
Tyrannique Fist Fucking
Les Viviers du Diable
Ximoayan
Filii Dei
Mehxôhorr
Les Abysses de Mélancolie
Dysgenic Imperial Vortex

 

 

Alors alors...Celles et ceux qui me suivent savent que Sale Freux occupe une place vraiment à part dans mon esprit. C’est un projet qui me touche, là où ça fait mal...les textes, les mélodies et l’univers tout entier me prennent aux tripes. Certes, la venue tant espérée de Dunkel sur nos terres rhônalpines me faisait brûler d’impatience, mais j’étais également anxieux à l’idée de voir ses morceaux en version live, avec un public. Si le Black Metal est quelque chose de très introspectif, la musique de Sale Freux l’est encore plus...s’abreuver de ses vers croassés et subir ses compositions déchirantes...tout cela se fait seul face à soi-même.

Le groupe a prévenu au préalable : pas de photos, ni de vidéos. A l’image de sa musique, il vomit sur le monde du m’as-tu vu. Ce n’est pas plus mal, on profitera davantage du set.

Il est environ 22 heures. Deux lumières blanchâtres sont posées à même le sol, de chaque côté de la scène, éclairant par-dessous les musiciens prêts à délivrer leur bile à l’assistance. Tout démarre sur “Edelweiss” et “Freux Follet”, tirés de l’Exil. Sur ces deux premiers morceaux, j’éprouve des difficultés à rentrer dans le set...sans doute ce temps d’adaptation nécessaire pour accoutumer l’esprit à la configuration live...ou plutôt la sensation que Dunkel n’avait pas la voix suffisamment chaude. Néanmoins, la bonne surprise vient de la qualité du son et d’une restitution fidèle des compos originales par les musiciens. Sur la fin du deuxième morceau, une corde du guitariste lâche, ce qui génère un interlude involontaire, le temps de remplacer son instrument. En attendant, le bruit de la pluie, samplé, est joué en boucle, jusqu’à tout ce que tout rentre dans l’ordre. Il introduit en effet “Averse de plumes”. C’est précisément à cet instant que je vais entrer pleinement dans le show. Il faut dire que ce titre renferme une mélancolie extrême, restituée à la perfection, voire même mieux que dans l’original. C’est maladif, on sent tout le côté tragique de l’histoire dans l’interprétation de Dunkel, lui qui a les plumes d’un corvidé scotchées à sa main droite.

J'enterre l'oiseau noir sous un ciel maussade,
Je l'arrose de mes larmes dans la terre crade.
Mon visage dans mes mains pleines de crasse, je pleure,
Sous une averse de plumes peu à peu je meurs

Le climat ne va pas en s’arrangeant sur “Vogue la galère” : le vocaliste répand toute sa rancoeur sur l’assistance. L’extrait des Noces Rebelles parvient même à accentuer cette sensation de malaise. “"Adieu, vat !" et vogue : Vogue ma galère !”. Pour enfoncer le clou, Sale Freux décide d’enchaîner avec l’un de ses titres les plus bouleversants : “Un saule”. Sur son tempo mid-tempo, les riffs vous fusillent le moral, les vocaux vous enfoncent plus bas que terre. Quelle ambiance sinistre. Pour finir le set, le combo nous réserve deux morceaux de leur premier album Subterraneus, cette époque où le caractère glauque était prépondérant sur la mélancolie qu’on connaîtra plus tard. “Funèbre ente” illustre tout à fait ces propos, avec ses riffs glaciaux et sa basse assommante. Mais que dire...que dire de l’épilogue “Rats des champs”. S’il est introduit doucement avec son rythme lent et mélodique, après les trois premières minutes l’atmosphère s’alourdit brusquement. Dunkel vocifère un “le Black Metal ce n’est que le passé”. A partir de là, on gagne en solennité et le titre part véritablement.

Je m'évade dans ma prison sans couleurs
Et profite alors pour écrire sur la douleur

Quelques individus alcoolisés entament un pogo, je les repousse avec ardeur. Rien ne viendra troubler mon état hypnotique. Diantre, ces mélodies qui lacèrent le cerveau et ces accords noirs versés ça et là. Le malaise atteint son paroxysme. Derniers croassements de Dunkel jusqu’aux ultimes notes, on entend le micro jeté à terre, synonyme de fin du set. Quel final, quelle démonstration, quelle leçon !

Setlist :
Edelweiss
Freux follet
Averse de plumes
Vogue la galère
Un saule
Funèbre ente
Rats des champs (Rural Black Metal)

[Pas de photo ni de vidéo à la demande du groupe]

 

La soirée finit ainsi en apothéose. On notera d’ailleurs l’excellente affluence avec près d’une centaine de personnes, chose assez rare pour cette salle mais qui se justifie par le fait que la tête d’affiche n’avait encore jamais fait le déplacement jusqu’en Rhône-Alpes. Soulignons aussi que le son était finalement plutôt bon.
Merci à tous les acteurs de cet événement.

Revivez une partie de la soirée avec 6 vidéos :

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