Un mec qui écrit des trucs.
Hé beh, sacrée arlésienne que celui-là. Annoncé depuis un bon moment comme sortant bientôt, reporté de genre un an et demi sur sa date de sortie faute de label / pochette / trucs, ce nouveau Pavillon Rouge a eu le temps de se faire désirer. Faisant suite au terrible Solmeth Pervitine sorti il y a maintenant quatre ans, cette cuvée 2015 revient donc nous foutre quantités de photons psychédéliques dans les esgourdes le 20 Avril très exactement (probablement pour commémorer la naissance d'une des grandes idoles du siècle passé) et a intérêt à remplir ses promesses. Qu'est ce que nous réserve donc un groupe de badass Black Metal Astral Electro Light machin avec un nom issu d'une des plus grosses blagues de la musique française ? Eh bah, depuis le temps que je l'écoute, au vu des dizaines et dizaines de fois qu'il est passé sur ma platine, "Legio Axis Ka" remplit tout son cahier des charges et même au-delà. Asseyez vous, prenez la pilule rouge et la pilule bleue, faites passer le tout à la couleur d'une vodka orange et foncez vers l'extase. Hey ouais, ça c'est de l'introduction chargée en références de qualité qui pète hein ?
C'est pas compliqué. Depuis que j'ai mis mes oreilles sur ce nouvel album, j'ai un mal fou à retourner au précédent. Alors qu'il défonce sa race et contient plusieurs hits éternels hein. Mais ici on a une version upgradée. On en prend toujours plein la gueule, c'est toujours le style précédent pratiqué dans sa plus pure expression, mais en ayant tout doublé, avec d'aussi gros tubes, encore plus épiques, plus mélodiques et plus fédérateurs. Pour ceux qui ne connaissent pas, Pavillon Rouge joue une sorte de Black Indus assez à part dans le milieu, délaissant toute coloration Black Metal pour se diriger vers l'astre solaire, fourmillant de bidouilles électros et beats en tout genres pour baigner dans une ambiance lumineuse proche des derniers Samael version camé mais en gardant une hargne bien autre et moins martiale, et un travail sur les guitares lead éblouissant. Et si vous avez rien compris, allez écouter par vous-même, parce que bon, un genre aussi particulier ne s'apprivoise pas comme ça et donne à retordre pour mettre des mots dessus (testez même le premier EP, avec le chanteur de Sybreed et faisant sonner comme évidentes les influences Indochine éponymes). Et puis merde. Plutôt que me lire pendant 5min, passez plutôt 5min à écouter "Prisme Vers L'Odyssée", ça plantera infiniment mieux le décor.
En un premier titre, en l'espace de quelques dizaines de secondes, on est catapulté dans un univers. Mécanisé mais lumineux, le chant Black très caractéristique de l'ex-CrystaliumKra fournissant l'unique quota d'humanité de cette boule d'énergie positive transcendantale machin bidule. Cinématographique, positif, speedé, furieux, et avec surtout un travail mélodique proprement hallucinant (mais merde ces leads de guitares finales si simples mais porteuses d'émotions intenses et prenantes). Et ça s'arrête pas. Le tube Droge Macht Frei (pas celle du Stoner, cela va de soi) fait lever le point et scander son titre sur fond de riffs épiques et de feeling Heavy crisant sous les stroboscopes, en opposition à la plus torturée Perdre le Jour qui sonne oppressante mais perce finalement vers la lumière d'une manière plus industrielle que d'habitude. De toute façon, toute la première partie de l'album est un sans-fautes. Mon petit chouchou est sans concurrence viable le martial et surpuissant Mars Stella Patria avec ses guitares flamboyantes qui s'écoute une main sur le cœur et l'autre tendue vers les cieux. Bref, ça casse des gueules bien comme il faut, on se sent pousser des ailes, irradié de psychotropes, on se laisse porter par ce mélange de genres inédits, par cette coloration nouvelle et surprenante donnée à une musique désormais balisée. Mais c'est là que le souci numéro 1 de l'album apparaît : il est de bien trop courte durée.
En fait, il est scindé en deux parties. Totalement irréprochable jusqu'à "Droge Macht Frei", il se stoppe soudain, "Kosmos Ethikon" retentit et on part dans l'OST de SF hallucinogène pure et simple. Instrumental électro des mieux branlés, il laisse sa place à "Notre Paradis" pour le coup lancinant et astral, les cris Black déchirant l'espace étant le seul élément nous sortant de la transe, et par la suite on retrouvera encore un interlude et une outro samplée. On a eu six premiers morceaux irréprochables pour une grosse demi-heure de musique, on a pris une baffe monumentale, en revanche dans les cinq pistes restantes il n'y a presque plus rien. Seule cette "Klux Santur" qui se fait plus astrale et froide que le reste, renouant un peu avec les colorations Black Metal jusque là délaissées, mais n'est en aucun cas un morceau à mettre dans le Top de l'album. Donc voilà. Déception relative mais quand même présente. C'est pas grave parce qu'on a quand même une durée conséquente et on prend sévère dans les veines et le cervelet tout au long d'une première partie assez conséquente, mais la longueur sur la fin est dommageable. Un demi-point de moins juste pour ça, sinon on tapait le 9/10 de porcasse.
Dans tous les cas, foncez. Tous autant que vous êtes. Auparavant gros outsider totalement à part dans le paysage Metal non seulement français mais même Metal en général, Pavillon Rouge frappe ici un gros coup et transforme l'essai. Malgré un dernier tiers d'album qui se barre un peu trop dans le vide sidéral, on se fait bien enchaîner la gueule, et on découvre un groupe qui en veut toujours plus, qui pousse son concept jusqu'au bout et offre un niveau de composition impressionnant, avec un travail sur les guitares qui met sur le cul. Bref, une des grosses grosses sorties françaises de la première moitié de l'année, pour petits et grands. ALLEY ALLEY DROGE MACHT FREI !
Tracklist :
1 – Prisme vers l'Odyssée
2 – L'Enfer Sait, L'Enfer se Souvient
3 – Mars Stella Patria
4 – Aurore & Nemesis
5 – Perdre le Jour
6 – Droge Macht Frei
7 – Kosmos Êthikon
8 – Notre Paradis
9 – Legio Axis Ka
10 – Klux Santhur
11 - Outro