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Album

05 avril 2018 - ZSK

Pavillon Rouge

Dynasteïa Klub

LabelDooweet Agency
styleBlack Metal Dancefloor
formatAlbum
paysFrance
sortiemars 2018
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

La France, c’est une des terres du genre Black-Indus avec notamment Blacklodge, Alien Deviant Circus, Neo Inferno 262, La Division Mentale, NKVD, ou encore Herrschaft, The CNK et Diapsiquir à leurs débuts… C’est aussi une des terres du genre très en vogue qu’est la Synthwave, pas spécialement en quantité mais surtout en qualité avec les deux icônes actuelles du mouvement, Perturbator et Carpenter Brut. Et non, je ne vais pas à proprement parler de Pavillon Rouge comme un groupe mêlant Black-Indus et Synthwave car ce n’est pas vraiment le cas, mais il y a quand même un peu de cette essence chez la formation, qui est de mêler Black-Metal industriel technoïde et électro un peu vintage et 80’s. De toute manière, Pavillon Rouge n’est pas né de la dernière pluie, il existe depuis 2007 et s’articule autour du guitariste/programmateur Mervyn, qui s’est au fil des ans entouré notamment de Ben de Sybreed et Kra Cillag de Crystalium. Deux vocalistes qui témoignent bien du pont qu’a fait Pavillon Rouge entre Electro/Indus épique et Black-Metal efficace. Et après Solmeth Pervitine (2011) où le groupe posait déjà un goût pour l’électro plus prononcé que la moyenne du Black-Indus, Legio Axis Ka (2015) a affirmé le son actuel et si particulier du groupe. Si l’on suit les paroles de Mervyn, Pavillon Rouge croiserait des influences telles que Muse, Crystalium, Indochine (qui a donné son nom au groupe d’ailleurs) et la New Wave des 80’s, Blacklodge, Emperor, Hanoi Rocks ou encore Dope D.O.D, Zardonic et Arckanum et surtout Scooter, « maître incontesté du beat ultra puissant et de la punchline peu philosophique » toujours selon Mervyn. Un mélange archi-bâtard mais cohérent, d’un second degré finalement très sérieux (entre la composition d’un morceau « d'un goût exquis » comme "Droge Macht Frei" et le slogan qui tue « Never Stop The Fitness »), qui a donné naissance à l’album assez incroyable qu’était Legio Axis Ka, sorte de Black mélodique technoïde épique, dancefloor et cosmique. Sous le signe de la discipline, de la lumière, de la puissance, de la virilité et de la fraternité, Pavillon Rouge remet le couvert trois ans après. Et quand on voit la pochette du nommé Dynasteïa Klub, on se dit qu’il ne va pas y avoir de revirage musical chez Pavillon Rouge et qu’il va aller encore plus loin dans son Black Metal Dancefloor.

Pavillon Rouge reprend donc pratiquement à la lettre la recette gagnante de Legio Axis Ka. Un Black-Metal mélodique très axé sur les trémolos, une batterie typique du Black-Indus avec des beats technoïdes à foison, bien sûr de nombreux synthés électroniques passant par divers horizons rétro-futuristes, et le chant en français qui ici est assuré par Mu Cephei, Kra Cillag n’étant hélas plus de la partie. Peu importe, Mu Cephei adopte un ton vocal similaire à celui de son prédécesseur, en plus arraché encore. Pavillon Rouge ne perd en rien son identité, on notera tout de même que Dynasteïa Klub se présente comme un peu moins spatial que son prédécesseur, restant plus terre-à-terre c’est-à-dire restant proche du dancefloor. Même les mélodies de gratte mirifiques se font plus rares, on ne retrouvera plus ici les fabuleux moments mélodiques de "Prisme vers l’Odyssée" et "À l’Univers". Pavillon Rouge se recentre donc un peu, et semble déterminé à faire une seule chose, aligner des tubes de Black-Metal dancefloor à gogo. Dynasteïa Klub s’annonce donc comme moins varié que son prédécesseur, mais Pavillon Rouge ne va en rien perdre sa verve, son inspiration et sa volonté de mêler Scooter et Crystalium à chaque moment. Et s’il va moins faire le con sur les anneaux de Saturne, Pavillon Rouge ne va pas abandonner son côté épique. Rien que la fabuleuse intro électronique de "L’Harmonie et la Force" qui ouvre l’album donne déjà le ton. On retrouve bien vite, et avec grand plaisir, toute la classe et la puissance du style de Pavillon Rouge même si les profanes trouveront ça à nouveau trop WTF, même pour du Black-Indus. Mais en deux albums maintenant (et sans compter Solmeth Pervitine), le groupe a créé quelque chose de très singulier, repoussant sur le papier mais entraînant et réussi. On se laisse donc vite emporter par ces trémolos, ces beats ultra-puissants, ces vocaux possédés (accompagnés de chœurs du plus bel effet), cette ambiance rétro-futuriste épique, et cette composante électronique léchée et maîtrisée, pour un morceau d’ouverture déjà convaincant. Il faut toujours rentrer dans le « délire » très sérieux musicalement, mais une fois dedans, « putain c’est génial » comme le dirait Patrick Sébastien imité par Laurent Gerra.

Pavillon Rouge va donc tenter d’enchaîner des morceaux bien remuants, au sein d’un album plutôt homogène mais avec différents équilibrages ici et là. Cela va du tempo soutenu de l’hyper épique "Le Rayonnement du Temple Nouveau" à forte emphase mélodique, au plus puissant "Notre Foi Brûle Encore" avec un départ bien bourrin qui aboutit à un refrain fédérateur. Résolument tubesque, Dynasteïa Klub cherche à être plus accrocheur que Legio Axis Ka, bien que le groupe continue à travailler son art histoire de ne jamais paraître trop basique. Cela marche plus ou moins, le morceau-titre est peut-être un peu trop classique ainsi que "Notre Foi Brûle Encore" (malgré de beaux moments mélodiques), mais Pavillon Rouge est en réussite sur des pistes comme le très dark et efficace "Ô Légions, Ô Triomphes" où le mélange Electro/Metal montre toute sa perfection (avec une intro Dark-Electro très croustillante), le super entraînant "In Aenigmate" avec des excellents beats et trémolos, ou encore le final épique et salvateur "Ad Augusta" où l’on se laisse emporter par les lignes vocales plus claires et les sons électro plus rétro (quelle magnifique intro !) tout autant que l’on tape du pied. Dynasteïa Klub se permet tout de même quelques écarts avec là aussi plus (le 100% électro et très moderne "Dans l’Ailleurs Absolu", très bon avec des samples qui font mouche) ou moins (le plus décalé et très mélo "Bodhisattva" avec un chant différent - serait-ce une des « reprises » dont Pavillon Rouge a le secret ?) de réussite. De toute manière le bilan est plus que satisfaisant pour cet album qui ne fait jamais honte à Legio Axis Ka, le groupe réussit encore une fois à ne pas sonner kitsch ou ridicule malgré ses influences incongrues, bien que cela reste subjectif et il ne fait nul doute que certains trouveront encore cette mixture insupportable à leurs oreilles. Mais Pavillon Rouge trace sa route, avec son style si particulier et très fignolé, qui parvient à nous faire monter sur leur dancefloor maléfique avec une poignée de beats mortels, de trémolos bien sentis, de synthés envoûtants et de chant bien fédérateur, au sein de pistes relativement mémorables. Le seul vrai problème de Dynasteïa Klub, c’est que l’effet de surprise est passé, et comme le style n’évolue pas vraiment, on pouvait s’y attendre un peu. Legio Axis Ka, plus spatial et peut-être plus marquant, reste donc au-dessus pour le moment. Mais Pavillon Rouge continue à se poser comme un OMNI dans la scène Black-Indus, son style demeure déroutant mais excitant comme jamais, et du moment qu’on arrive à se faire entraîner sur ce dancefloor Black-Metal improbable, on va danser toute la nuit sur les meilleurs moments de ce très bon album épique et puissant. Never Stop the Fitness !

 

Tracklist de Dynasteïa Klub :

1. L’Harmonie et la Force (6:43)
2. Ô Légions, Ô Triomphes (5:11)
3. Dynasteïa Klub (4:18)
4. Le Rayonnement du Temple Nouveau (5:02)
5. In Aenigmate (5:29)
6. Bodhisattva (3:55)
7. Notre Foi Brûle Encore (5:16)
8. Dans l’Ailleurs Absolu (4:13)
9. Ad Augusta (5:41)

 

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