A la manière de Napalm Death, Agnostic Front sort désormais un album tous les 3-4 ans, histoire de pouvoir légitimement sillonner le monde en long, en large et en travers et jouer dans toutes les villes d’Europe dotées d’une SMAC et de plus de 1 000 habitants. A la différence de Napalm Death, la cuvée 2015 des parrains du Hardcore New Yorkais n’est pas excessivement réussie.
Pourtant, cela semblait bien parti : au vu du titre de l’album ainsi qu’à sa pochette (moche, mais ça semble être une constante chez Agnostic Front), votre serviteur s’attendait à un opus thématique, ou du moins cohérent où la mort du rêve américain serait retranscrite par une succession de riffs agressifs et de chœurs puissants. Vous l’aviez rêvé, ils ne l’ont pas fait.
En effet, l’album part dans tous les sens, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Après une intro chaotique, à base de sirènes et de voix enregistrées qui rappellent beaucoup le Ministry de l’époque « présidence Bush », on se retrouve avec un melting pot de tout ce qu’a proposé le groupe en 33 ans de carrière. Batterie ultra carrée (et linéaire) au tempo rapide, riffs qui lorgnent tantôt vers le punk, tantôt vers le crossover, chœurs fédérateurs, lyrics archi pétés sur New York, le passé, la police et la scène Hardcore, Melting pot qui frise parfois avec l’auto plagiat, le break d’Only in America rappelle un peu trop le refrain de My Life my way tandis que Test of Time est construite exactement comme Dead to me. Triste. A côté de ces redites, plus ou moins grossières, on trouve tout de même des nouveautés : 4 chansons font moins d’une minute, chansons où Miret débite ses couplets à une vitesse impressionnante avant qu’un break ne calme le jeu et qu’une ultime accélération achève le tout. Ces pistes évoquent la reprise de Policia par Sepultura ou bien le Thrashing’s my business and business is good de Municipal Waste. Sauf que dans le cas d’Agnostic Front, cela ne prend pas pour moi, il manque un petit quelque chose, celui qui te donne envie de tout retourner. Et c’est le problème principal de cet album : le public reste cruellement sur sa faim. La faute à une production moins massive que par le passé (le son de Warriors aurait été fort bienvenu) ? Sûrement. C’est bien la peine d’avoir Erik Rutan au mix ! Rajoutez à cela un tracklisting qui l’handicape carrément (la première piste vraiment bonne est en…7ème position) et vous obtenez un album loin d’être satisfaisant dans son ensemble.
Après, ne soyons pas trop négatifs ; cet album renferme néanmoins son lot de bonnes surprises : Social Justice et ses chœurs titanesques, le fédérateur Never Walk Alone (où les chanteurs de Sick of it All, d’H20 et de Madball participent) ainsi que A Wise Man avec son début lancinant, assez original pour du Agnostic Front. Globalement d’ailleurs, la 2nde moitié de l’opus est plus intéressante que la première et se tient. Roger Miret reste Roger Miret et livre ici une bonne performance vocale. Il réussit même à rendre Just Like Yesterday acceptable alors que c’est un putain de cliché sonore.
Pouvons-nous en vouloir à Agnostic Front de ne pas proposer un album ultra solide dans son ensemble avant de repartir en tournée? Non, parce qu’on s’en fout. The American Dream Died propose quelques pistes qui enrichiront parfaitement leur setlist composée à 75% d’indéboulonnables, mais cela n’excuse pas cet album au mieux paresseux (le groupe donne cruellement l’impression de se reposer sur ce qui a fait sa réputation) et au pire carrément chiant. Mais bon, sans rancune, merci des 4-5 bonnes chansons, et la prochaine fois, si possible, moins de teasers (merci Nuclear Blast) et plus de giroflées à cinq pétales. Par avance, merci.
Tracklist :
01 Intro
02 The American Died
03 Police Violence
04 Only In America
05 Test Of Time
06 We Walk The Line
07 Never Walk Alone
08 Enough Is Enough
09 I Can't Relate
10 Old New York
11 Social Justice
12 Reasonable Doubt
13 No War Fuck You
14 Attack!
15 A Wise Man
16 Just Like Yesterday