Un mec qui écrit des trucs.
PUTERAEON. Non mais le nom de ce groupe est quand même trop rigolo quoi. Prononcez ça avec un bon gros accent français dégueu genre Putraéon ma gueule, c'est juste trop craquant. Les mecs ont voulu faire un mashup entre "Putrid" et "Aeon", donc niveau intention ça a de la gueule, en pratique c'est juste le groupe que vous trouverez sur tous les webzines en tapant "PUTE" dans la barre de recherche. Avec un Mr Haterz à côté pour faire joli. Enfin, au fond ça se vaut comme argument commercial, c'est pas moins con que ZZ Top. Mais passé ce patronyme en tous points merveilleux et mirobolant, c'est surtout un putain de groupe de Death à tendances Swedish que l'on a, qui bouffe des morceaux de bidoche d'Howard Philips au petit déjeuner, mené par ce charismatique vieux biker de Jonas Lindblood. Et donc, pour revenir au plus vite dans le vif du sujet, ce troisième opus après les deux monstres "The Esoteric Order" et "Cult Cthulhu"(je garde une préférence pour le second juste parce qu'il y a le monument "Conlaceratus" dessus) a d'office une particularité par rapport à ses deux frangins : ne proposer que de nouvelles compos et ne pas se reposer sur les démos précédentes. Voilà un programme des plus alléchants. Allons maintenant disséquer cette bête innommable.
Bref, maintenant on connaît la routine. Puteraeon fait partie de la tête de file de tous les suiveurs Revival Old Skull mes couilles, et conserve son style intègre. C'est toujours exactement le même esprit, le son de gratte dynamité qui doit tout à Entombed, et l'esprit Lovecraftien tordu à l'ambiance malsaine et pesante qui règne sur toute la durée de l'opus. Les amateurs des deux précédents opus savent de quoi je parle, et je pense que même ceux qui ne les ont pas écouté comprennent ce que ça veut dire et ont une parfaite image mentale de la musique en tête, entre rythmique bulldozer avec riffs qui charclent couplés à des petites notes sournoises de partout et une ambiance brumeuse qui nous fait croire qu'un très très gros truc est en train de se réveiller dans notre dos. Mais... Mais en fait, si il a sur le papier tout pour plaire, "The Crawling Chaos" désarçonne d'abord, puis déçoit purement et simplement. On garde de quoi faire, mais on est en dessous du niveau que l'on peut exiger d'une formation avec un tel CV désormais.
Tout d'abord la production. D'accord le son des instruments est parfait et c'est tout ce qu'on veut. Mais c'est quoi ce mixage ? Pourquoi les guitares sont autant en retrait, pourquoi le chant prend toute la place ? Andy Larocque, on te fait confiance normalement, t'as branlé quoi ? Tu as oublié que les guitares dans le Death c'est quand même important, tu t'es endormi sur la tranche numéro 4 de ta table de mixage pendant l'export ? Merde, c'est pourtant la même équipe que pour les albums précédents, mais ça sonnait pas comme ça du tout avant. Et euh... Et le chant aussi. Jonas a modifié ses growls, bien réduit la profondeur pour sonner plus arraché, plus 90's. Chacun son opinion et ses goûts, moi j'aime beaucoup moins. Et surtout, l'album a un mal fou à décoller, cette "Wrath" d'ouverture affichant quelques lourdes 7 min où le groupe a du mal à vraiment accrocher, et une "In Dreamdead Sleap" qui en chie bien et se casse la gueule dès qu'elle sort autre chose que les riffs groovies comme on les aime. M'enfin, heureusement que ça se rattrape par la suite. Avec en tête "Pickmans Model" qui défonce tout en bon gros canon de Death Suédois de base qui fait remuer la crinière et lever le poing (rah ben là on retrouve le groupe qu'on aimait!) et on a dans tous les sens à peu près tout ce qu'on est venu chercher.
M'enfin voilà. Sur la longueur c'est dur de convaincre pleinement. Parce qu'on se rend compte que "The Crawling Chaos" est un album profondément inégal. Le combo a beau bourriner en fin d'album (incitation au headbang de fou avec "Rotten Aeon"), offrir le traditionnel titre rouleau-compresseur avec ce "Asenath" franchement trop routinier mais ayant de quoi faire mal en live, c'est un goût amer qu'on garde en bouche. Parce que Puteraeon devient totalement quelconque, n'arrive plus à faire la différence avec ses compos en béton armé (si on excepte le quatrième titre dont j'ai déjà parlé qui est pour le coup irréprochable) et rétrograde gentiment en seconde zone beauf avec une science du tube qui se perd et des valeurs ajoutées qui ne compensent pas vraiment les faiblesses nouvellement acquises sur le son et le chant. Et puis faut le dire, cette pochette est sacrément moche. Suffit pas de mettre un sac poubelle sur un calamar dans un cimetière pour en faire un Grand Ancien, sinon on serait bien dans la merde puis longtemps.
Donc, ce nouvel album est-il mauvais ? Non, sûrement pas. C'est pas le mot. Il a un peu chié dans la colle en post-production, mais reste un digne représentant des nouvelles vagues de Death Metal bête et méchant. Seulement, là où ses deux aînés sont de grosses claques méritant l'exposition qu'elles ont eu, ce troisième opus n'est finalement rien d'autre qu'un album de plus rajouté au paysage de la scène, un poil malsain et torturé mais surtout incroyablement routinier, comme balancé à la va-vite sans éclairs de génie, simple compilation des idées griffonnées par des esprits trop productifs qui ont préféré envoyer tout leur matos au plus vite, sans prendre le temps de s'assurer qu'il ait effectivement l'envergure nécessaire. Bref, du Death totalement unilatéral, recommandable car ayant ses moments efficaces, mais quitte à passer du temps sur un des quatorze millions de groupes du genre fleurissant de partout, envoyez vous l'album d'avant, autrement plus épique et inspiré.
Infinipute : Hum, écoutez ceux d'avant, rien d'autre à dire. De bons passages, mais ça rame sur la longueur.
1 - Wrath
2 - In Dreamdead Sleep
3 - Path To Oblivion
4 - Pickmans Model
5 - From The Ethereal Vortex
6 - The Crawling Chaos
7 - The Abyssal
8 - Asenath
9 - Rotten Aeon
10 - Welcome Death