INQUISITION + MALEPESTE + ALLOBROGIA
Le Brin de Zinc - Chambéry
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Dire que cette date était attendue est un bel exemple d’euphémisme. Un an après avoir accueilli Noctem Cursis, Caïnan Dawn et Himinbjorg, les organisateurs du Under Black Horizons remettent le couvert avec cette fois-ci du calibre international : le désormais légendaire duo d’Inquisition. Avant ce copieux plat principal, deux groupes locaux ouvrent le bal : Allobrogia et Malepeste.
Il est vingt heures lorsque j’arrive devant le Brin de Zinc, en terres savoisiennes. Il y a déjà une foule conséquente massée devant les portes ; et pour cause, toutes les préventes avaient été épuisées avant le jour-J, seules vingt-cinq places restent à la vente, autant dire rien. A peine une poignée de minutes après l’ouverture, toutes furent écoulées. Le rituel aura donc lieu à guichet fermé : 180 personnes dans cette petite salle chambérienne. Beaucoup se demanderont où pourra-t-on caser tous ces gens dans cet endroit confiné. Avant même que retentissent les premières notes, le constat est déjà positif, le public s’est enfin bougé, après les demi-teintes des concerts lyonnais ou stéphanois de ces derniers mois.
Première formation à fouler les planches du Brin de Zinc : Allobrogia. Pas de doute, avec un nom pareil, les chambériens jouent sur leurs terres. En effet, composé de membres de Caïnan Dawn et créé il y a seulement deux ans, le concept de ce projet tourne autour de l’Histoire de la Savoie, avec la particularité d’avoir tous ses textes en Arpitan (ancienne langue locale). Le quintet va nous envoyer pendant près de quarante minutes un Black Metal revanchard, avec une touche pagan. Pour ce faire, le combo piochera dans leurs deux productions actuelles : Sapaudia Nostra, paru l’année dernière et l’EP Catugnatos Rèvolta sorti au début du mois de juillet. A noter parmi la setlist, l’excellente reprise de Further down the Nest II des polonais de Mgla, fidèle à l’originale. Si les premiers morceaux de la prestation d’Allobrogia ont une empreinte très Black Metal, les derniers titres voient s’immiscer une grosse influence pagan, en particulier dans la voix. Se superpose en effet le chant clair d’Avgruun sur la partie vocale éraillée d’Heruforod. Diable ! On dirait du Himinbjorg vieille époque. Inconditionnel des Where Ravens Fly et In the Raven’s Shadow, autant dire que c’est hautement jouissif. Epique et combattif. C’est ainsi que se conclut la démonstration d’Allobrogia, de haute volée !
Setlist : Intro // Alobrozho // Diâblyo // Sapaudiae Nostra // Further down the Nest II (Mgla cover) // Krampen // Catugnatos rèvolta // Y é Epitafa // Outro
Changement de décor avec l’installation des lyonnais de Malepeste. Je commence à bien les connaître, les voyant pour la troisième fois depuis le début de l’année. Préalable indispensable à leur rituel, la scène se voit ornée de bougies, chandeliers, ossements, étendards et fumée épaisse. Un visuel bien rôdé, dans l’esprit de la vieille scène Black Metal. Quarante minutes de musique oppressante et maladive sont proposées par le quatuor, basées sur des ambiances torturées et la plupart du temps mid-tempo, avec cette sensation de suffocation créée à la fois par cette voix étouffée, les riffs et le brouillard ambiant. Malepeste nous plonge dans une atmosphère occulte tout au long de sa prestation, en présentant des titres de leur album Dereliction (paru en 2013) ainsi qu’un titre de leur split avec Krowos sorti tout récemment. C’est ma foi toujours aussi bon, même si quelques longueurs apparaissent sur certains titres. J’aurais bien aimé voir interpréter Cosmic Crypt, dommage ce ne fut pas le cas !
Setlist : Waiting For // Dereliction (White Part) // Hymn for Him // Hymn for the End // Apparition // Dereliction (Black Part) // Metaphysical Delirum
Il est un peu plus de vingt-trois heures. Toute la population metaleuse se masse dans la salle, la température monte d’un cran, l’odeur de transpiration est fortement palpable dans l’air. Ça se bouscule pour être au premier rang, je défends ma place jalousement gardée depuis l’ouverture des portes. Le prix à payer pour être aux premières loges pour accueillir comme il se doit l’incontournable duo d’origine colombienne. Inquisition effectue actuellement une tournée européenne (« Obscure Interstellar Genocides ») du 3 juillet au 30 août. Avant de répandre son venin sur le territoire rhônalpin, nos deux compères ont déjà foulé les sols néerlandais, allemands, danois, britanniques et lituaniens. J’avais d’ailleurs pu les voir il y a quelques mois à Lyon à l’occasion de leur tournée avec Behemoth, leur prestation m’avait scotché dans l’antre du CCO. La mise en scène est très basique, seules deux têtes de bouc trônent sur le lieu de cérémonie. Après le sample d’intro, Dagon et Incubus se présentent au public, ce dernier étant déjà en ébullition. Alors quand résonnent les premières notes de « Force of the Floating Tomb », ça devient vite l’effervescence dans le pit. Mon dos subit d’incessantes attaques par cette foule en délire, filmer et photographier dans ces conditions est un exercice périlleux ; qu’importe, c’est le jeu ! Dagon a beau être seul sur scène, il impose monstrueusement de sa présence. La maîtrise de la guitare est sans faille, produisant des riffs dont lui seul a le secret, cosmiques et puissants ; on ressent clairement les influences et le passé Thrash du bonhomme. Les morceaux s’enchaînent sans véritable répit, avec un groove formidable, tout est emmené de façon fluide. Dix titres joués dont la moitié extraite des deux derniers albums, Inquisition a frappé fort ce soir avec son heure de show.
Setlist : Force of the Floating Tomb // Nefarious Dismal Orations // Command of the Dark Crown // Those of the Night // Embraced by the Unholy Powers of Death and Destruction // We Summon the Winds of Fire (For the Burning of All Holiness) // Desolate Funeral Chant // Master of the Cosmological Black Cauldron // Astral Path to Supreme Majesties // Infinite Interstellar Genocide
Le corps détrempé de sueur à la conclusion de cet événement, il est temps de rentrer, avec un crochet de rigueur au merchandising. Une organisation au poil, une ambiance survoltée pour la tête d’affiche, un public nombreux et un son particulièrement bon, les ingrédients d’une soirée réussie. Curieux et impatient de voir ce que l’Under Black Horizons IV nous réservera…