U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Only Talent Production défriche les espaces sonores et s’en est aller régaler les quais de seine avec une affiche audacieuse à la prise de risque certaine. On saluera chaudement l’initiative avec la venue des excellents The Fall of Troy à la rhétorique facile et à la dextérité singulière, épaulés par deux agréables rencontres d’avec les écossais de Twin Atlantic et les luxembourgeois de Mutiny On The Bounty. Véritable colloque international prêt à délier les langues, le concert de ce soir se prêtait d’ailleurs plus à l’échange de sensations, de vibrations musicales qu’au troc de beignes en tous genres devant un parterre de spectateurs bien attentifs. Une vigilance quasi-religieuse devant la richesse sonore déployée entre les quatre coins de la salle.

Appelés sur le pont et à la barre, les Luxembourgeois de Mutiny On The Bounty se sont chargés en bons moussaillons de faire tanguer un tant soit peu le Batofar avec leur Math rock exercé haut les cœurs. Set équilibré et hautement pétillant par l’apport orchestral des guitares, MOTB aura eu le mérite de réveiller les fonds de cales et s’imposer comme un parfait challenger aux formations déjà bien implantées sur le domaine du rock cérébral et singulier. Débutant son set par le vigoureux et sautillant « Call Me Cheesus », on s’époumonera volontiers sur le titre pour suivre les participations – quelquefois limites, des différents vocalistes. Rythmique aiguisés et sens accru de la mélodie, MOTB assure sans trop en faire et a contribué à poser les bases d’une atmosphère luxuriante dans un Batofar refait pour l’occasion.

Quelques passages psychédéliques plus tard (en référence aux écrans géants ayant décidé de nous gratifier d’animations décolorées du plus mauvais effet) et les Ecossais de Twin Atlantic rejoignent le ponton pour ce qui pourrait ressembler à la meilleure surprise de cette date. La lumière en moins, les signataires de l’écurie Red Bull s’en sont allés nous délivrer un set puissant, mené par les accents cosy et branchés de Sam McTrustky. On pense immédiatement à la verve de Biffy Clyro ou encore à Thrice pour les déhanchements sonores de la majorité des musiciens. Premier passage en France, on repart sous le bras avec le martelé « Lightspeed » ou encore « What Is Light ? Where Is Laughter ? » plus mélodique mais rempli de bons sentiments de la part d’une formation que l’on tardera pas à partager sur tous les bons réseaux sociaux.

Mais ceux qu’il ne fallait rater sous aucun prétexte furent bien les Américains de The Fall of Troy, fidèles au bon goût et à la rime riche. Si sur piste, à l’image de son dernier opus In The Unlikely Event, le groupe sait se faire digne représentant d’un style qu’ils ont contribué à façonner de leurs dix doigts, l’étape du live reste un moment fort et une véritable messe acoustique. « More Dance » qu’il disait ! Thomas Erak abat les cartes autant que les notes sur le mouvant « Panic Attack », tandis que ses deux compères suivent la mesure dans une unité soudée et appliquée. Les chansons et les petits mots doux filent à grande vitesse tout en apportant leur lot de joies et de bonheur à voir une formation évoluée hors des sentiers battus (« Wacko Jacko Steals The Elephant »). L’apothéose atteignant son comble sur la pépite de renom que forme « FCPREMIX » repris en chœur par tous les magnats du troisième volet de Guitar Hero. La touche de couleur parmi tant d’autres ayant permis à quelque uns (Thomas le premier) de démontrer leur talent d’équilibriste sur la fameuse poutre de la péniche. Reste que le jeu de ce trio n’est pas science mécanique tant ces derniers apportent du cœur à l’ouvrage et prenne du plaisir à enchanter chaque soir leur auditoire. Chapeau bas à la dextérité et l’humilité rassemblées.