Protest The Hero + The Chariot + The Human Abstract + From Dying Skies + A(e)end Tomorrow
Le Batofar - Paris
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Only Talent Production nous a gâté et régalé en cette soirée d’excentricités sonores, propice aux diverses expérimentations et élucubrations délivrées par les cinq groupes présents sur la scène du Batofar. Qui peut le plus, peut le moins disait le vieil adage. Oui, mais il aura fallu faire un choix parmi les prestations énervées et un poil surjouées de A(e)end Tomorrow, la vitalité ordonné de From Dying Skies, la maîtrise de The Human Abstract ou encore les prestations scotchantes et tape à l’œil de The Chariot et Protest The Hero. Ces deux derniers groupes ayant incontestablement illuminé la soirée à coup de riffs désœuvrés pour les uns et de compositions salvatrices pour les autres. Vous l’aurez compris, autant d’éclectisme qu’il convient de mentionner afin de faire le tri sur une date plénière mais plus qu’étendue dans le temps.
Et les premiers à avoir tenté de faire tanguer le rafiot furent les membres de A(e)nd Tomorrow, sympathiques roublards débarqués de leur coin sans grande prétention. Une scène éclairée et les cinq semblent avoir repéré de la lumière pour développer une joyeuse marmelade de metalcore lorgnant la plupart du temps vers un screamo sans grande mesure. L’énergie est là, moins l’efficacité pour des titres vus et revus et constituant la principale carte de visite de la formation. Un titre comme « My Poison », dernier morceau joué ne fait que propager la douleur assénée et l’on aurait mieux aimé retrouver les rythmiques d’Atreyu que le groupe aime tant citer au rang d’inspiration.
Changement de décor et de public pour l’arrivée des Nordistes de From Dying Skies, prouvant que le Nord peut être aussi un territoire de créativité ne se limitant pas à certains films. Pour le coup, la formation se fait fort d’une énergie communicative (« Death Is For Blue Eyes ») et libère ses atouts grâce à la puissance et la régularité des voix de Thomas. Moins sur les parties de François, en proie à des problèmes techniques l’ayant stoppé dans son élan par la suppression de sa voix claire. Même si l’on reste dans des standards de Screamo avec des cordes rappelant Underoath, BlessTheFall, voir même l’univers Aiden, From Dying Skies sauve ses meubles de l'inondation grâce à ses compos plutôt bien montés même si on leur préférera leurs versions enregistrées.
La suite de la soirée fut de toute autre mesure avec la venue exclusive de The Human Abstract. Même topo, même combat avec un son à la limite de la correctionnelle et un ingé-lumière en proie à de violentes somnolences, qui n’aura tout de même pas gâché notre plaisir face à des perles telles que « Crossing The Rubicon » ou encore « Mea Culpa » jouée sur le fil du rasoir. On retrouve alors toute la dextérité et la perspicacité et le chant aliéné-aviné-énervant de Nathan Ells, chanteur fort d’un maniérisme exacerbé ayant rencontré Jared Leto un beau soir de pleine lune. Sonorités néo-classique, univers brassant autant d’images que de notes jouées parfois dans une cacophonie et c’est une demi-salle salle qui s’échauffe la voix avant d’attendre la déferlante The Chariot.
Ayant bénéficié d’un buzz enjôleur à la sortie de The Fiancée, The Chariot remet le couvert et autant dire que les cinq trublions sont plus que remontés à l’aube de Wars And Rumors. Piles électriques montées sur ressorts, la formation nous a servi un set sur-vitaminé à la hauteur de nos espérances en enchaînant les cabrioles d’usage avec l’homme-orchestre Jon Kindler, ainsi qu’un hardcore endémique grâce à la participation du titre « Snot Each Other ». Set foutraque, The Chariot est un groupe à libérer avec précaution de peur que ces derniers vous sautent à la gorge et vous secouent les esgourdes avec virulences.
Clôture du (long) spectacle avec le retour des Canadiens de Protest The Hero après une date de haute volée au cours de la deuxième édition du Never Say Die Tour. L’occasion de voir le groupe s’affirmer plus longtemps sur scène, contrairement à leur dernière prestation chimérique et rachitique en terme de durée. Sur cette fermeture, les membres du groupe tiennent le haut du panier et ont loisir à développer leur univers à la frontière du post-hardcore salvateur et du heavy foutraque. Les Mr. Propres de la rythmique (les prestations de The Chariot et de Protest étant des exemples en matière de tenue de rythme) enchaînent leurs standards avec « Palms Reads » et même leurs vieilleries sur « No Stars Over Bethlehem ». Toujours dans un bon esprit et le caractère professionnel en prime, Protest The Hero justifie à eux seuls la tenue de cette date amenée par le chariot de la peur dans un univers toujours avantageux et une vraie force de représentativité sur scène.