36 Crazyfists + Hewitt + Doyle
Le Trabendo - Paris
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La Boule Noire leur avait tendu les bras - 3 ans après leur dernière venue - mais c’est finalement dans la moiteur ambiante du Trabendo que s’est réfugié l’un des groupes les plus ingénieux de sa génération. Un café frappé en soi, un poil givré et resté trop sagement à potasser ses classiques au fin fond de son Alaska. À cette occasion, les Nordistes de 36 Crazyfists ont pressé leur meilleur nectar sur cette nouvelle tournée à grande échelle, de l’Europe jusqu’aux États-Unis, en n’omettant aucunement de saluer en musique notre bien chère France. Notre pays bien mal représenté dans un espace peinant à se remplir et à occuper les nombreux vides, alors que le brise-glace de 36 Crazyfists s’apprêtait à affûter sa lame sur ses toutes nouvelles compositions.
Et ce sont les franciliens de Doyle qui ont arpenté en premier lieu, ce grand espace du Trabendo. Des glaçons à l’apéro, à en juger leur composition entre métalcore souriant et post-hardcore englué dans un style quelquefois formaté. Assurant sans trop d’effets et d’artifices un set honorable, Sir Conan Doyle ne joue en aucun cas les détectives fouineurs et ne s’écarte en aucune manière des sentiers battus d’un style dans l’air du temps. Le groupe emmené par la voix tantôt fluette, tantôt rageuse de Luki se sort aisément de l’exercice malgré un son sur la brèche et des gimmicks de guitare largement inaudible. Les morceaux « Inject » et « La couturière », arrivant tout de même à largement broder un canevas à midinettes et à jouer la carte de l’efficacité.
Une mise en bouche que confirmera, par la suite, la présence d’Hewitt, fers de lance du renouveau de l’ère post-Nowhere et comprenant un ex-Pleymo, ainsi que deux membres de l’entreprise Sihia déjà à la retraite. Même si le groupe n’a rien d’exceptionnel sur le papier et dans nos esprits, les quatre gars se font un malin plaisir à jouer la carte du rentre dedans et de jeter leur dévolu sur le très en verve « Fastlane », unique survivant du myspace des effrontés. Plus de dynamique de groupe aurait bien sûr été plus approprié, mais les quelques touches de dandy-stoner appuyées, réussissent à surélever le jeu du groupe et à rassurer les ego du batteur et du chanteur, bien connu dans leur univers respectif. On pense notamment à Every Time I Die ou plus étonnamment à Norman Jean, la carrure en moins et le groove en plus.
Mais les vrais artisans du travail bien fait et sans bavures, furent réellement les esquimaux d’Anchorage. Sans faute notes et sans accessoires de tortures, le groupe a enchaîné chanson sur chanson écumant sans foi ni loi les hits endurcis de ses quatre derniers albums. « Only A Year So … » en guise de prélude et nous voici partis pour la petite virée entre amis avec l’énergie fulgurante de « I’ll go until my hearts stops » comme toute bonne entrée en matière se respectant. Égrainant leur matière inflammable, autant sur scène que sur les mines des personnes présentes, 36 Crazyfists affrontent sereinement le passé en allant même jusqu'à interpréter une majeure partie du semi-senior « A Snow Capped Romance ». L’album de la maturité ou le groupe a sorti rien de moins que les brûlants « At The End Of August», « Skin Of Atmosphère » ou encore « Bloodwork » et une rythmique décolleuse de teintures. Voir même jusqu’à inviter une certaine Laura, accompagnant Broke tout au long de l’excellent « Destroy The Map ».
Bien sûr, le groupe n’en oubliera pas ses tout derniers titres, avec la présentation enjouée de son dernier album.
Car avouons-le, outre la qualité intrinsèque de leur dernier iceberg, The Tide And Its Takers se prête une fois de plus merveilleusement bien à la scène, avec une justesse et une autodiscipline strictement nordique. Face cachée de l’iceberg, la galette se reflète dans le miroir des puissants « We Gave In Hell » et « The All Nights Lights » et sa guitare impétueuse.
Aucune demi-mesure dans ce show, reflet parfait des compositions pressées du groupe et autres efforts studios. Le groupe finissant par achever les derniers conscients sur « Felt Through A Phone » ; le rendez-vous avec la lune « Midnight Swim » et le nostalgique « Slit Wrist Theory ». Des exemples parfaits de la beauté des arrangements de 36 Crazyfists et la puissance de feu d’un groupe aussi bon sur platine, que sur la scène.