Bliss Of Flesh
Sikkardinal (guitare)
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Entre Svart Crown et Bliss Of Flesh, le Black Death a de beaux jours devant lui en France. Après l'interview du premier cité, il y a quelques mois, c'est au tour de Sikkardinal, guitariste de Bliss Of Flesh de se prêter au jeu des questions réponses.
U-zine : Commençons par une question convenue mais qui pour un groupe Underground comme le tien s'impose d'elle même. En onze ans de carrière, Bliss Of Flesh n'a sorti qu'un album, peux-tu présenter la formation, votre parcours jusqu'ici?
Sikkardinal : En onze ans de carrière, nous avons sorti une rehearsal tape (« Prelude to Bestial Annihilation », 2000), une cassette pro (« Lethal Ceremonies », 2002), un Ep (« Todtentanz », 2004), deux split vinyle (avec BLOODHAMMER , 2005 et ANNIHILATION , 2007) et un album CD (« Emaciated Deity », 2009).
Evidemment, nous aurions pu commencer par graver des CD-R avec une pochette faite à l’imprimante histoire de raconter qu’on a fait un album, mais tu nous excuseras, nous avons préféré en chier et sortir des productions qui ont de la gueule (exception faite de la rehearsal), quitte à devoir attendre.
Le groupe s’est formé en 1999 -2000 et a connu quelques changements de line up parfaitement inintéressants et les choses se sont accélérées pour nous depuis notre signature sur Twilight Vertrieb. La seule chose à retenir, c’est que nous rentrons en studio en juillet / août pour enregistrer notre 2ème album. Nous sommes plus forts que jamais, unis dans l’adversité et nous ne devons rien à personne.
U-zine : Je suis un peu bête et j'aimerais savoir ce qu'il se cache derrière le nom de votre groupe ?
Sikkardinal : Non, tu n’es pas bête mais fainéant car nous l’avons déjà expliqué de nombreuses fois. Ce nom représente la dualité inhérente à tout être humain (Béatitude / Chair) entre son aspiration à la spiritualité et les miasmes charnels que nous avons tendance à mépriser, notamment en raison des fondations judéo-chrétiennes de notre société et des codes moraux qui en découlent. BLISS OF FLESH n’est autre que l’acceptation de ces penchants immondes et honteux qui nous habitent tous sans exception et que nous dissimulons la plupart du temps sous couvert d’hypocrisie et de culpabilité. Nous sommes le chaos dans l’ordre de la vie.
U-zine : Avec le recul, comment présenterais-tu cet album à quelqu'un qui n'a jamais entendu une simple note de votre musique mais éprouve de la curiosité ?
Sikkardinal : Si tu aimes le métal positif, écolo et moralisateur, si tu aimes qu’on te chante la mort mais qu’en live on te dise qu’on t’aime, n’écoute pas BLISS OF FLESH. Cet album est plus qu’une musique, c’est une conviction.
U-zine : J'ai déjà eu la chance de te rencontrer et j'ai du mal à reconnaître le William jovial avec qui j'ai parlé du Sikkardinal à la haine exacerbée d'Emaciated Deity. Selon tes dires, (je n'ai pas encore la chance de vous voir), les lives sont tout aussi violents que votre prestation sur album, te faut-il une préparation particulière pour rentrer dans l'univers particulier de Bliss Of Flesh ?
Sikkardinal : Je te rassure, je ne souffre pas de dédoublement de personnalité et je n’ai pas besoin d’enfiler ma panoplie pour me sentir puissant et libre. D’ailleurs, c’est entre autre pour cela que nous ne nous maquillons pas. Simplement, sur scène, un seul aspect de notre personnalité prévaut : la haine. Qui en a quelque chose à foutre du reste quand tu joues ?
Par principe, je tente d’agir et de vivre sous l’égide de la Raison et ne me présente pas comme un animal asocial. Néanmoins, BLISS OF FLESH donne un sens tangible à ma vie et je détruirai tout ce qui y fera obstacle.
Quand nous montons sur scène, nous ne faisons que nous soumettre à la volonté du groupe et n’avons pas besoin de préparation particulière. Tout le reste devient rapidement et naturellement obsolète.
U-zine : Ton autre groupe Deviant Surgeons a splitté récemment. Appartenir à Bliss Of Flesh demande t-il une implication de tous les instants aux membres ? Une sorte de dévouement ?
Sikkardinal : Nous ne jouons pas par plaisir, ce n’est pas un loisir comme cela a pu être le cas avec DEVIANT SURGEONS, ou comme ça l’est encore avec mon groupe acoustique SuMO. BLISS OF FLESH est pour les 5 membres qui le composent actuellement un sacrifice perpétuel et inéluctable. Cela a déjà, pour tous, ruiné nos vies sociales plus d’une fois. Nous avons également construit nos vies professionnelles autour du groupe. Certains moments sont plus durs que d’autres mais nous n’avons pas le choix.
C’est pour cela que je te disais que nous sommes plus forts que jamais car nous sommes 5 sur la même longueur d’onde.
U-zine : Ca va bientôt faire deux ans que Emaciated Deity est sorti, je suppose que vous prévoyez de sortir un nouvel album pour bientôt ? Des informations, là dessus ?
Sikkardinal : Les compos sont pratiquement toutes achevées et nous rentrons en studio en juillet / août. L’album devrait sortir en cette fin d’année ou début d’année 2012. Nous sommes impatients d’enregistrer car les nouveaux titres nous plaisent énormément. Nous prenons également notre temps afin de rajouter quelques bonus à l’ensemble et d’offrir un album dont nous sommes fiers. Comme tu l’as très judicieusement souligné, nous avons mis 11 ans pour sortir un album, ça ne choquera personne qu’on prenne le temps de peaufiner le 2ème.
U-zine : Comment le voyez-vous ? Allez-vous essayer de pousser votre concept encore plus loin ou alors il n'y aucune raison pour que votre recette qui vous plait tant ne change ?
Sikkardinal : Nous ne réfléchissons pas en termes de recettes et nous n’en avons rien à foutre de l’attente du public. Nous faisons ce que nous voulons. Sur ce 2ème album, ce qui me motive réellement, c’est que Pandemic a su pleinement y trouver sa place et nous a énormément apporté sans dénaturer l’ensemble. En ce qui concerne notre orientation, « Emaciated Deity » portait principalement sur l’avanie humaine, le prochain album se tournera davantage vers l’expiation.
U-zine : Pour un petit groupe comme vous, réaliser une vidéo c'est déjà quelque chose mais alors une vidéo de qualité qui retranscrit parfaitement votre musique, il faut avoir des moyens ou des opportunités. Comment le projet est né et comment avez vous réussi à le mener jusqu'au bout ?
Sikkardinal : « C’est bien plus souvent dans les petites choses que dans les grandes que l’on connaît les gens courageux » disait Baldassare Castiglione, et ça vaut pour les groupes. Nous avions depuis un long moment envie de réaliser un clip qui nous permettrait d’aborder notre musique sous un angle visuel. Lorsque nous jouons, un univers bien défini se dessine dans notre esprit et il nous a semblé pertinent de tenter de retranscrire cette esthétique. Nagash l’avait parfaitement fait dans l’élaboration du visuel de l’album par exemple. Evidemment, si nous nous percevions comme un « petit groupe », nous ne ferions jamais rien.
En ce qui concerne les moyens, nous n’en avons pas (le clip nous a coûté en tout près de 1300 euros, ce qui est dérisoire) et quant aux opportunités, la seule dont nous disposions est que Nicolas CHAUSSOIS, artiste infographiste touche-à-tout, est un très bon ami. Il s’est occupé du découpage des scènes, des prises de vue et du montage video à partir des idées que je lui ai couchées sur papier. Pour ce qui est des décors et ustensiles, nous avons tout fait nous-mêmes et ça nous a pris beaucoup de temps et d’énergie. Nous avons construit différentes cellules où chacun des 7 cercles du Purgatoire pourrait être représenté. Les acteurs sont des amis qui ont gracieusement accepté de se prêter au jeu et que nous avons maltraité durant deux jours.
Ce projet a été exténuant mais terriblement enthousiasmant. De plus, le résultat final est à la hauteur des sacrifices, nous sommes donc comblés.
U-zine : Le choix de la chanson éponyme, aussi excellente soit-elle, n'a pas posé un problème à cause de sa longueur ?
Sikkardinal : Si. Ce format est bien trop grand pour être diffusé sur des chaînes comme MTV ou même sur des samplers. Mais là encore, on s’en fout, on préférait concevoir une vidéo cohérente nous laissant le temps de retranscrire notre univers au détriment de la diffusion. Le morceau choisi devait impérativement être « Emaciated Deity » car il est représentatif de l’essence du groupe et permet également la transition vers le 2ème album dans sa thématique. Au final, la chanson s’est même révélée trop courte par rapport à nos idées de départ.
U-zine : Vu qu'il y a assez peu de chances qu'on se rencontre de nouveau dans un village du 27, vous avez des projets de petites tournées pour que je puisse enfin vous voir sur scène ?
Sikkardinal : Nous revenons justement du festival le Menhir Chevelu, ce qui était notre dernière date avant notre entrée en studio. Nous reprenons les concerts à partir d’octobre, notamment avec une date à Paris puis une tournée qui devrait se mettre en place. Nous nous reverrons, je ne m’inquiète pas à ce sujet.
U-zine : Merci à toi pour la découverte du groupe et pour ta disponibilité pour l'interview. Je te laisse le mot de la fin.
Sikkardinal : C’est moi qui te remercie pour ton intérêt et ta patience.
Humiliation Suffering Climax
Merci à ce cher Will.