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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Norther

Death Unlimited

LabelSpinefarm Records
styleDeath metal mélodique
formatAlbum
paysFinlande
sortiemars 2004
La note de
U-Zine
7/10


U-Zine

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En 2004, les finlandais de Norther sortaient déjà leur troisième album en 3 ans. Surfant sur la vague de death mélodique qui inondait l’Europe à partir d’Helsinki, le groupe avait fait un début de carrière en fanfare, notamment grâce à un Mirror of Madness qui avait été globalement bien reçu par la critique. C’est tout juste un an après qu’il nous revenait avec un Death Unlimited qui, s’il n’a pas très bien vieilli, continue de me faire vibrer (ce qui est le cas de tous les albums de la période collège/lycée, il est vrai).

A l’écoute du single éponyme de l’album, on aurait en effet pu espérer un album très rentre-dedans, très thrash. D'autant plus que l'on sait pertinemment que la combinaison thrash + death mélodique peut faire des ravages (Hate Crew Deathroll en est la preuve). Mais à l’exception de ce titre plutôt bien trouvé, le groupe va surtout nous offrir une musique légèrement ralentie faisant la part belle aux mélodies.

Ce qui est certain, c’est que le groupe a fait un effort particulier de composition sur certains titres. L’atmosphère de cet album et ses paroles, plus tristes les unes que les autres, colorent vraiment les titres. Surtout, on ne sombre jamais dans l’écueil de cette entreprise qui est la mièvrerie, si chère à Sonata Arctica. On aurait tout à fait pu imaginer, comme c’est parfois le cas, une inadéquation totale entre les paroles du groupe et leur musique. Ce genre de cocktail étonnant où la musique vous fait virevolter pendant que le chanteur vous exprime son mal-être et qu’il n’a qu’une hâte : mettre fin à ses jours. Ici, rien de tout ça. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un œil aux paroles du meilleur titre de l’album à savoir Nothing et de l’écouter. Elle commence par :

Every day the pain comes back again
The grief that tightens it's grip, day by day
Loneliness it haunts me, makes me cry
Feels like the world has abandoned me
I'm weak, I'm nothing, just a shadow of my life


Avec, en refrain :

“These tears are nothing without you
I'm nothing without you”
.

Le tout sur une musique mid-tempo pesante, une voix de Petri puissante et des accompagnements et des leads au clavier jouant des gammes mineures. On est dans ce que le death metal mélodique (on pourrait contester la classification pendant des heures, convenons de celle-ci) finlandais nous offre de mieux : un metal froid, triste, presque mélancolique et terriblement efficace. Et c’est ce que Norther, à l’époque, faisait presque à la perfection. Réussir à combiner une musique dynamique avec des nappes de claviers et un jeu de guitare aiguisé, et des paroles dignes de James Blunt. Le titre Going Nowhere est dans la même veine. Ce n'est pas parfait mais le message est véhiculé.

Malheureusement, tout n’est pas si rose et comme à l’accoutumée, le groupe ne va pas nous offrir un modèle d’homogénéité. A coté de ces titres excellents comme ceux précités ou encore A Fallen Star et ses vocals plutôt bonnes ou encore The Cure et son riffing un peu plus groovy, le groupe nous offre quelques titres plats, terriblement plats comme Chasm ou encore Hollow et Day of Redemption. Ces titres souffrent des mêmes maux, à savoir un manque de puissance flagrant, des riffs très génériques et une combinaison guitare/clavier qui montre un peu ses limites. Là où certains titres remontaient la pente de par leur atmosphère, ou leur vélocité, d’autres peinent vraiment à convaincre. Et c’est un doux euphémisme.

Surtout, si le jeu de guitare est globalement à l’avantage des finlandais avec des soli courts mais efficaces et quelques riffs bien pensés, les lignes de batterie sont d’une platitude sans précédent. D’une manière générale, je n’ai jamais vraiment apprécié le travail de Toni Hallio. Son jeu est tout aussi synthétique et mécanique que celui d’un simulateur quelconque. Aucune variation, aucune prise de risque.

Pour faire simple, cet album a des éclairs de génie (comme l'instrumentale Beneath). Quelques titres bien pensés à l’atmosphère très travaillée. Et d’autres qui nous rappellent que le groupe a toujours été sur courant alternatif. De plus, et il faut bien en parler ici, le groupe a surement quand même un peu lorgné sur les combinaisons guitare/claviers de leur compères de Children of Bodom dont cet album a largement été accusé d’être inspiré.

L’album suivant, Till Death Unites Us aura permis au groupe de réparer quelques unes des faiblesses de cet album, le manqué de puissance notamment, en apportant quelques titres plus agressifs. Mais cette période constitue d’ores et déjà le déclin de la musique du groupe. C’est avec un léger pincement au cœur que je repense à la suite de la carrière des finlandais. Le départ de Petri, le suicide musical avec l’arrivée de voix claires tout sauf inspirées et d’un death mélodique insipide et déjà entendu. La descende aux enfers pour un groupe qui aura fait son effet en son temps. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et il nous reste quelques excellents titres pour se rappeler qu’il y a quelques années, ce groupe pouvait envoyer du lourd.


1. "Nightfall"
2. "Deep Inside"
3. "Death Unlimited"
4. "Chasm"
5. "Vain"
6. "A Fallen Star"
7. "The Cure"
8. "Day of Redemption"
9. "Beneath"
10. "Hollow"
11. "Nothing"
12. "Going Nowhere"

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