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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Nightwish

Imaginaerum

LabelNuclear Blast
styleMetal Symphonique
formatAlbum
paysFinlande
sortiedécembre 2011
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

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Que dire ? Comment débuter…
Inutile aujourd’hui de partir vers de longues contrées métaphoriques en guise d’introduction ou afin de poser le contexte, vous n’en avez de toute façon ici rien à faire. L’objet même de la chronique devient délicat à l’heure où, de toute manière, la très grande majorité d’entre vous avez déjà probablement écouté l’album à l’effigie de cette page.
Dès lors, que vous proposez de plus ? Un track by track ennuyeux dont vous n’aurez que faire ? Non. Une chronique exhaustive ? Mouais…
Il serait bien plus sympathique, et prenant, de tenter de lier complètement musique et concept, d’unir ces deux éléments n’en faisant ici qu’un, et qui mènera très prochainement à l’aboutissement final d’"Imaginaerum" ; à savoir le tant attendu film éponyme. Nightwish n’avait encore jamais été sur tant de fronts à la fois, mais semble posséder aujourd’hui les épaules suffisamment solides pour tenir de main de maître un projet aussi titanesque et, quelque part, de prime abord très prétentieux.

Tuomas Holopainen, plus que jamais monstrueusement fier de son œuvre, donne enfin naissance au successeur du tant décrié "Dark Passion Play", premier album post Tarja Turinen qui avait évidemment divisé les fans de la première heure tout en ouvrant le groupe à un succès inattendu et démentiel pour un album qui, plus de quatre ans plus tard, s’est écoulé à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde (quintuple platine en Finlande, et d’autres en pagaille dans le monde entier).
Après un succès aussi éblouissant, ce septième opus serait évidemment attendu de tous, scruté par des millions d’oreilles, de fans et de détracteurs, surtout avec un concept aussi ambitieux et une attente qui n’avait jamais été aussi longue entre deux albums.
C’est maintenant chose faite…et les avis se veulent plutôt dithyrambiques, bien que quelqu’un y voient encore des choses à redire, notamment au niveau du chant d’une Anette Olzon ayant énormément progressé, mais n’étant de toute façon plus le centre d’attraction du groupe. Plus que jamais, Nightwish a mis en œuvre des moyens colossaux pour aboutir au résultat final, et il est aujourd’hui loin le temps où les lignes vocales, à l’instar de "Wishmaster", formaient le sillon des compositions. Le chant n’est plus qu’un instrument comme les autres, utilisé lorsque les morceaux en ressentent le besoin, et on retrouve énormément de longs paysages musicaux, des intermèdes instrumentaux ou de grandes plages instrumentales pour laisser libre cours à la fabuleuse participation du London Orchestra et de son chœur (utilisé pour les BO du Seigneur des Anneaux ou de Pirates des Caraïbes pour ne citer qu’eux…).

"Taikatalvi" lance parfaitement le disque, loin des débuts en fanfares des opus précédents. C’est tout d’abord le son d’une boite à musique qui est remontée, puis une ambiance féérique, et le chant accueillant et parfaitement conteur de Marco, en finlandais, qui nous accueillent. Les portes du monde d’"Imaginaerum" s’ouvrent progressivement à nous, la flûte évoque déjà le dépaysement de ce « Neverland » faisant ouvertement penser au syndrome de Peter Pan dont Tuomas est plus ou moins atteint (phrase à prendre avec des pincettes) et du magnifique "Big Fish" de Tim Burton, dont l’influence suinte partout, dans le scénario, les visuels et la musique qui rappelle inévitablement la patte magique de Danny Elfman. "Storytime", premier single, se veut plus basiquement du pur Nightwish, au refrain accrocheur, au riff simple et soutenu par une caisse claire martelée lors des moments forts comme le fait si bien Jukka. Forcément, la puissance et la justesse des orchestrations impressionnent encore plus que sur "Once" et "Dark Passion Play", qui repoussaient déjà beaucoup de limites. Il n’y a objectivement plus vraiment de différence entre la dimension symphonique de Nightwish que celle que l’on trouve chez les grands compositeurs de bande originale de film actuelle (Hans Zimmer, Howard Shore, Danny Elfman, John Williams…), à cela près que l’on aurait ajouté ici des instruments rock et des lignes vocales. Comment ne pas succomber dès les premiers instants de ces chœurs somptueux sur le pont ? N’y avait-il pas que sur le morceau fleuve "Ghost Love Score" que l’on était à ce point soufflé ? Si un single est déjà capable de cela…que peut donc nous réserver l’album dans son intégralité…

Par soucis de logique, nous évoquerons les chansons chronologiquement, afin de coller le mieux possible au concept. Après la découverte justement de ce monde, "Ghost River" se fait rapidement bien plus menaçante et violente, mettant en scène le côté le plus démoniaque du ‘sieur Marco Hietala. Le refrain, sombre à souhait, rappelle les différentes émotions qui altèrent la vie des hommes, et l’influence des uns sur les autres. Que serait la lumière sans l’ombre ? L’amour sans la haine ? La beauté sans la laideur ? Les sensations de peurs qui émanent d’une Anette paniquée face à un Marco très ténébreux, plus qu’agressif, sur le refrain, sont parfaitement retranscrites dans la musique. Le riff d’Emppu est bien plus épais, proche d’un "Romanticide", et on retrouve énormément de cuivres, apportant noirceur et drame à la musique…avant qu’une chorale d’enfant ne reprenne le refrain. A la fois extrêmement beau et sombre, la voix des enfants, à laquelle se mêlent ensuite les chants conjugués du barbu finlandais et de la belle suédoise conférant une dimension épique déjà démesurée et une émotion à couper le souffle. Nightwish ne recule devant rien et, tel un alchimiste, mélange les saveurs et les atmosphères dans un ensemble cohérent touché par la grâce.

Quel est cet air ? Du jazz ? Que se passe-t-il…les finlandais muent, le temps d’une composition ("Slow Love Slow"), dans une ambiance piano bar des années 30. L’on imagine sans peine Anette, assisse sur une chaise haute, vêtu de noir, chantant à la manière d’une chanteuse noire, autour de ses musiciens classiques. Un rythme latent, sensuel et charnel s’élève dans les airs. Quelques chœurs lointains, mais très discrets, font d’éparses apparitions, tandis qu’un solo d’arpèges souffle sur la composition.
Nous sommes bien loin des "I Want my Tears Back" ou "Last Ride on the Day" qui forment le lien avec le passé du groupe, puisqu’ils s’inscrivent quant à eux parfaitement dans la droite lignée des anciens albums. Si le premier reprend l’ambiance celtique d’un "Last of the Wilds" avec un refrain entêtant et enjoué parfait pour les concerts (où Marco s’y montre une nouvelle fois très mélodique, preuve de l’incroyable travail vocal réalisé sur cet album), le second retrouve le côté le plus metal symphonique « traditionnel » (si ce mot peut aujourd’hui être attribuer à Nightwish). D’une production sensationnelle (l’impression de puissance qui émane de ces chœurs est juste incroyable), Anette est plus que jamais à l’honneur et passe en revue ses capacités vocales tout en étant montrant le chemin parcouru en quatre longues années d’efforts et de concerts. Jamais elle n’avait montré autant de hargne dans son chant, très rock et à l’antithèse complète de Tarja. Il suffit d’entendre la façon dont elle s’arrache littéralement sur le final, tandis que Marco susurre quelques mots derrière, à peine audible (on découvre une foule de détails au fil des écoutes si l’on prend la peine de se concentrer sur la production).

Loin de ces passages plus lumineux, "Scaretale" transforme l’espoir en cauchemar en nous plongeant dans les affres des rêves les plus noirs des enfants. La représentation cauchemardesque que peuvent se faire les enfants des monstres…
La chorale enfantine refait surface, marqué par le rythme ternaire de la valse mais aussi du cirque. Une grande symphonie prend rapidement le relai, extrêmement puissante et écrase tout sur son passage, mêlant orchestre, chœurs, double pédale et gros riff pour alourdir le tout. Anette prend le rôle de la sorcière, incarnant littéralement de son empreinte vocale un personnage maléfique et pernicieux. Son interprétation impressionne autant qu’elle surprend, encore une fois dans cette sensation qu’elle se défonce à 300 pour cent, sans retenue et sans le caractère hautain de son illustre prédécesseur. Le passage central, narratif, rappelle inévitablement une nouvelle fois Burton, avec l’esprit d’un Monsieur Jack sous acides…
Tout cela mènera aux contrées magnifiquement belles d’"Arabesque". Intermède instrumental de trois minutes, il est pourtant l’un des plus forts moments du disque, avec un énorme travail des percussions et une atmosphère tribale et ethnique très puissante, enchanteresse, rappelant le travail de Howard Shore.

Il sera impossible de passer à côté de "Song of Myself", morceau de bravoure de quatorze minutes servant d’épilogue au concept, grand moment d’émotion dédié au poète Walt Whitman, dont Tuomas est adepte. Divisé en deux grandes parties, il débute d’un metal symphonique hautement épique, des plus impressionnants aux explosions dantesques, parmi les plus « grosses » de l’album et amené à être des moments forts des concerts à venir. Anette y est impériale une fois de plus, alternant ses différentes facettes et donnant tout ce qu’elle a. La seconde partie rappelle ce qu’avait réalisé Stratovarius sur un morceau comme "Back to Madness", à savoir de longs passages poétiques, à l’instar d’une litanie mélancolique sur un fond de piano et de violon très mélancolique et triste. Les personnes les plus proches des membres de Nightwish y laissent, tour à tour, quelques mots, comme un ultime hommage pour un album qui ne fait décidément rien comme les autres.
Le morceau éponyme reprendra les grands thèmes symphoniques des différentes compositions, dans un ensemble grandiloquent, grandiose mais empreint de sensibilité, de beauté et de poésie…l’album se referme comme il s’est ouvert, comme dans un rêve, dans un univers légèrement embrumé, comme un conte…

Tout est fini…seul reste le souvenir d’un très grand moment passé et la volonté de replonger dedans à nouveau, encore et encore, jusqu’à une satiété qui ne semble pas prêt d’arriver.
Il sera simplement bon de préciser quelques petites choses erronés que l’on peut lire ici et là. "Imaginaerum" n’a rien d’un disque expérimental, comme il est bon de le dire. Il puise simplement son inspiration dans de multiples genres, et se veut d’une richesse salutaire et incroyable, mais jamais le terme « expérimental » ne convient à la démarche artistique du groupe. Il ose simplement repousser les limites de la musique symphonique, prenant ici clairement le pas sur le metal, à tel point qu’Emppu à sincèrement dû s’ennuyer sur certains morceaux, où sa participation est plus que réduite, ou minimaliste. Mais "Imaginaerum" est un tout, un concept et possède une âme forte…peu importe qu’il y ait peu ou pas de guitare, que les symphonies prennent le pas sur le metal, qu’il y ait au final parfois peu de chant pour laisser de longues plages instrumentales s’installer…peu importe comme nous tenons là un très grand disque, une œuvre avec un grand « O », composée par un artiste avec un grand « A ».
Le voyage ne fait que commencer…vous êtes invités à le continuer avec la tournée qui se prépare…

1. Taikatalvi
2. Storytime
3. Ghost River
4. Slow, Love, Slow
5. I Want My Tears Back
6. Scaretale
7. Arabesque
8. Turn Loose the Mermaids
9. Rest Calm
10. The Crow, the Owl and the Dove
11. Last Ride of the Day
12. Song of Myself
13. Imaginaerum

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