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S’il y a un charme que j’ai toujours su admirer chez Nightwish, c’est celui de faire chanter gracieusement des enfants. Après « Dead Boy’s Poem », « The Poet and The Pendulum » inaugure en toute beauté ce dernier album tant attendu mais aussi à l’origine de nombreuses polémiques. Après l’éviction de Tarja, il est certain que la sortie de « Dark Passion Play » allait provoquer une flopé de remous. Ceci étant dit, je ne vais pas m’amuser à descendre cette chanteuse sous prétexte qu’elle n’est pas Tarja mais je ne vais pas non plus l’encenser sous prétexte qu’elle a été approuvée par le groupe, Tuomas et sa bande ne sont pas des tout puissants. Autant dire que j’ai essayé d’aborder cet album à la fois d’une oreille neuve mais aussi en prenant en compte certains éléments passés, notamment en ce qui concerne le niveau instrumental.
Comme je l’annonçais, l’intro du premier titre (qui est de taille imposante pour ouvrir un album, pas moins de 14 minutes) me laissait espérer des compositions conséquentes. Je retrouvais ici ce mélange de finesse et de grâce propre au groupe. Un cd qui me touche dès les premières notes est, en général, plutôt bien partit. Force m’est de constater que cette affirmation n’est pas toujours valable. Qu’elle ne fut pas ma déception lorsque tomba le refrain de « The Poet and The Pendulum » ! Je ne m’attendais pas à me retrouver face à une musique si effondrée en terme d’émotions. C’est le problème principal de « The Poet and The Pendulum » et de l’album en son ensemble. Autant certains titres sont vraiment intéressants (et bizarrement, ce ne sont pas forcément ceux de Tuomas), autant d’autres sont vides de toute saveur. Déjà sur Once, ce schéma commençait à se faire sentir, ici, le groupe ne s’enfonce que plus profondément dans cette direction. Ca me laisse perplexe sur le successeur de cet opus…
Des titres comme « Bye Bye Beautiful », « Eva », « Sahara » et « For The Heart I Once Had » font mal au coeur lorsqu’on se dit qu’ils viennent de Nightwish. Où sont passés les chefs d’œuvre digne d’un « Ghost Love Score », d’un « Pharaoh Sails To Orion » ou d’un « Wishmaster » ? Douloureux…
En revanche, quelques compositions méritent de l’attention et sont même de très bonne facture. « Master Passion Greed » témoigne d’un reste de puissance et d’influence heavy chez les finlandais (Sans oublier un Marco hargneux et efficace au chant). Visiblement, ils peuvent encore sortir autre chose que des bribes de métal noyées sous un ensemble symphonique pompeux. Loin de moi l’idée de blâmer l’utilisation d’un orchestre, au contraire, je préfère ça à un synthé playschool mais il ne faudrait pas que Tuomas oublie qu’il gère un groupe de métal. Il n’est pas encore compositeur pour les grosses productions d’Hollywood ! Ou alors, si c’est le chemin qu’il souhaite emprunter, qu’il change carrément de registre et qu’il travaille sérieusement. J’entends déjà ceux qui vont me dire que je suis mauvaise langue, que Tuomas a du talent, qu’il a bien le droit d’évoluer, blablabla…Oui, je suis entièrement d’accord ! Evoluer est une chose admirable mais le problème réside dans l’impression que Nightwish veut proposer du neuf tout en restant dans le vieux. Lorsqu’on écoute « Dark Passion Play », on sent que le groupe veut aller plus loin mais il n’empêche qu’on retrouve toujours le même type de structuration, les mêmes riffs saccadés, etc. Quitte à innover autant le faire jusqu’au bout ! « The Islander », composé par Marco, suivi de « Last Of The Wilds » (une instrumentale) sont d’ailleurs vraiment fabuleux et changent radicalement des autres morceaux. On repart au cœur d’un doux voyage et on se laisse transporter au son des instruments parfaitement harmonisés. Ca pour moi, c’est du Nightwish ! Ce savoureux mélange de fraîcheur métallique et d’errances symphoniques utilisées à bon escient! De même, « 7 Days To The Wolves » à la fois mélodique et prenant par sa puissance reste un excellent morceau. On y entend un break comme Jukka sait si bien les mener sur ses tomes, des rythmiques bien appuyées et des orchestrations présentes mais pas gonflées à bloc, c'est-à-dire une composition équilibrée. La fin de l’album rehausse donc le début et me laisse espérer que Nightwish peut encore nous faire rêver.
Je parle, je parle mais je n’aborde pas le sujet phare : la nouvelle chanteuse. Je n’ai vraiment pas envie de rentrer dans ce débat sans fin, surtout qu’à la base le chant féminin n’est pas mon fort. Cependant, ce serait livrer une chronique incomplète. Anette Olzon n’a certes rien à voir avec Tarja. Son répertoire est bien plus rock que lyrique et je pense que, techniquement parlant, elle a encore du travail à fournir. Sans établir aucune comparaison avec l’ancienne chanteuse mais en n’écoutant que sa prestation, je trouve que sur beaucoup de morceaux elle n’a pas assez d’intensité pour une musique qui se veut « grandiose ». Desfois, on sent que la demoiselle doit forcer pour obtenir une certaine justesse et atteindre des hauts paliers. Cependant, je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle est mauvaise. Pour l’instant, je me contente de constater qu’elle n’est pas forcément dans son registre et gérer tout ce qui lui tombe sur la tête en si peu de temps doit lui compliquer sérieusement la tache. Puis, une amélioration n’est jamais impossible. On en a vu des pires prendre de beaux envols alors pourquoi pas…Je préfère donc attendre le prochain cd avant d’affiner mon jugement.
Somme toute, il me faut bien terminer sur ce « Dark Passion Play ». Je ne vais pas dire que c’est nul, ce serait mentir et faire preuve de mauvaise foi. Nightwish a un talent musical qu’on ne peut plus nier. Je crois que le mot adéquat est déçu. Je suis sure que même avec Tarja au chant, cet album m’aurait laissée sur ma faim. Je pense juste qu’il est temps pour nos amis finlandais de faire un choix sur le chemin qu’ils veulent prendre et d’arrêter de faire de l’entre deux. De plus, la participation plus fréquente de Marco et Emppu dans l’élaboration de la musique serait à mon sens plus que bénéfique pour ne pas perdre la fibre heavy du groupe qui est, à mon avis, capital à sa survie. J’attends donc patiemment la prochaine production pour me fixer quant à l’avenir de Nightwish…
1.The Poet and The Pendulum
2.Bye Bye Beautiful
3.Amaranth
4.Cadence of Her Last Breath
5.Master Passion Greed
6.Eva
7.Sahara
8.Whoever Brings The Night
9.For The Heart I Once Had
10.The Islander
11.Last Of The Wilds
12.7 Days To The Wolves
13.Meadows of Heaven