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Avec Redemption on passe du froid au chaud, entre Snowfall on Judgement Day et son personnage pêchant dans la glace dans un décor de neige et This Mortal Coil et sa pochette rouge feu. Du coup on se demande si pour leur cuvée 2011, les Américains ont décidé de pimenter leur musique et on s'attend à un gros morceau pour leur cinquième album. En tous cas, ils ont décidé de mettre les petits plats dans les grands en mettant derrière les manettes, Neil Kernon qui a travaillé avec Nevermore et Queensryche pour n'en citer que deux. Et puisqu'une équipe qui gagne, ça ne se change pas, les illustrations ont été confiées à Travis Smith, déjà responsable du précédent album. On sent bien les symboles religieux : serpents, homme aux ailes d'ange, le combat du Bien et du Mal pour notre enveloppe charnelle, une des traductions possibles pour le titre de l'album.
Car il s'agit bien de notre condition de mortel dont il est question. Van Dyk, fondateur du groupe, a mené une intense réflexion (et une thérapie) autour de ce sujet lorsque les médecins lui ont annoncé qu'il souffrait d'un cancer. Depuis, il est guéri du mal mais pas des questions qui ont germées dans son esprit alors qu'il faisait face à cette épreuve. Il explique bien volontiers que même si cet album n'est pas un concept autour de sa vie, il en est marqué sans aucun doute. Il suffit de regarder quelques titres de chansons comme No Ticket For The Funeral ou Departure Of The Pale Horse pour s'en convaincre.
On peut à juste titre se demander quelles autres influences ont eu ces événements sur l'écriture de la musique en elle-même. Le premier mot qui vient à l'esprit après quelques titres, c'est la rage. Path Of The Whirlwind commence sur les chapeaux de roue (avec le même plan de batterie sur les premières mesures que sur Peel, titre ouvrant Snowfall...) à tous les niveaux, tout le monde va exploser dans un grand moment de technicité et de puissance. Et les cinq premiers morceaux recèlent tous ces caractéristiques qui font commencer This Mortal Coil sur les chapeaux de roues le tout mené par le chant plus que reconnaissable de Ray Alder.
On sentira même dans la musique une pointe de heavy / power bordant sur le thrash sur certaines parties de Dreams From The Pit et ses soli de fous ! On se croirait presque sur les meilleurs morceaux rentre-dedans de Nevermore avec Noonday Devil. Quel plaisir d'entendre cette basse qui claque et ces riffs super carton doublés d'effets electro ingénieux et pertinents.
Mais ne vous trompez pas vous êtes bien sur un album de métal progressif et même si Redemption a clairement annoncé la couleur en déclarant qu'ils souhaitaient muscler le propos sur cet album, de nombreux détails ne tromperont pas le fan de la première heure. Et la deuxième partie de l'album, plus posée, laisse place à des titres où l'émotion prend le pas sur l'agression. Comme exemple, on peut citer Begin Again, plus technique avec des soli qui viennent se placer comme des parties plus classiques dans le genre et servent à « remplir » la partie centrale de la chanson avec ses alternances clavier / guitare auxquelles les fans sont nettement plus habitués.
Ceci dit la technicité des musiciens est impressionnante et le shred part dans tous les sens sur tous les morceaux. Il faut rajouter que cela faisait longtemps que la sensation de solo « utile » et sans fioritures superflues n'avait pas effleurée votre serviteur. On se laisse porter sans aucun problème et on ne rechigne jamais lorsqu'on sent ces moments de démonstration arriver. On sait que quoi qu'il en soit, la suite ne tournera pas autour de tergiversations musicales mais bien de passages qui accrochent l'oreille.
Puisque tout bon album de prog se doit d'avoir une chanson souvent appelée « épique », Redemption a décidé de se la jouer cavaliers de l'Apocalypse avec Departure Of The Pale Horse. Là , on passe un peu par tous les passages obligés de ce genre d'exercice : intro calme, montée en puissance, passage puissant et fin travaillée avec des nombreuses couches qui tirent chacune dans un sens différent (la batterie reprend le thème de départ, il semble). Bref un exercice bien classique et dans lequel on sent que le groupe a mis une certaine émotion, mais dont l'auditeur ne tire pas vraiment une grande satisfaction.
Si l'on prend un peu de recul après plusieurs écoutes de This Mortal Coil, on sent enfin que Redemption atteint son rythme de croisière, la personnalité qu'ils ont cherché depuis si longtemps. On ne sera pas d'accord avec la totalité de l'œuvre mais on ne peut pas leur enlever cette qualité humaine et musicale. Après avoir acquis un statut d'espoir, ils ont fini par trouver une voie. Et même si les esprits chagrins pourront trouver des ressemblances avec certains ténors du genre comme Dream Theater, on voit qu'eux aussi, dans la tragédie, ont su déterminer une marche à suivre et créer un son qui leur est propre, une sorte de « born-again metalheads ».
1. Path Of The Whirlwind
2. Blink Of An Eye
3. No Tickets To The Funeral
4. Dreams From The Pit
5. Noonday Devil
6. Let It Rain
7. Focus
8. Perfect
9. Begin Again
10. Stronger Than Death
11. Departure Of The Pale Horse