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Redemption a bien compris la recette du succès. Avec un membre de Fates Warning au chant et un invité de prestige sur l'album, le groupe a clairement voulu assurer un bon démarrage à priori pour leur quatrième album. Pochette sobre mais pleine de sens, on sent le côté réfléchi d'un groupe de métal progressif. Car en effet il s'agit bien là de métal prog, Redemption ne renie en rien la distorsion et sait y ajouter une grosse touche technique. Le son est lisse, parfaitement adapté au genre et aux auditeurs potentiels. Pendant un certain temps, le groupe a endossé le rôle de « jeunes premiers prometteurs », et il est grand temps qu'ils décollent cette étiquette et cet album contribue grandement à cette émancipation. Cela dit la parenté avec les ténors du genre est plus qu'évidente.
Et le gros problème dont souffre l'album c'est bien cette parenté très proche avec Dream Theater. Le premier morceau, Peel, en est troublant tellement on croirait une composition de la formation de New York. Et tout ça, des instruments jusqu'à la voix, à tel point que je me suis demandé s'ils ne s'étaient pas trompés sur la pochette sur le nom du morceau sur lequel apparaît James Labrie. Au passage, ce dernier fait une apparition sur le titre Another Day Dies. Rien à ajouter tant la performance est pâle, et son intérêt archi-limité. Il a du mal à se mesurer à Ray Alder qui fait un sans faute sur tout l'album et se permet d'imiter son invité sur Peel, d'avoir des tons à la Ozzy sur Walls et une personnalité propre et éclatante passant du métal aux accents power au rock progressif bien senti. Pour en revenir aux lien avec Dream Theater, on retrouve aussi des plans de batterie qui sont ouvertement pompés sur Mike Portnoy, et quelques parties de clavier qui nous rappellent un certain Jordan Ruddess.
Tout cela est fort gênant pour un groupe qui cherche à se démarquer dans le monde du prog, comme je le disais en introduction. On peut supposer que cela agira dramatiquement sur la durée de vie de Snowfall on Redemption Day chez les fans de la bande à Labrie. Mais les autres pourront aussi trouver leur compte car une autre caractéristique de cet album est sa personnalité propre sur presque la moitié des morceaux. Walls commence avec quelques percussions puis la basse de Sean Andrews explose avant que le reste du groupe ne vienne prendre le relais avec une musique équilibrée entre technique (cf le couplet et la partie qui le précède) et un groove rock qui passe tout seul. Le tout enrobé dans un break métal prog à souhait qui ouvre le bal des soli.
Je parlais aussi de relents power métal sur Leviathan Rising, dans la plus pure tradition à l'Américaine, avec des riffs solides et une batterie qui mène la troupe sur un bon tempo. Un détail qui gâche le morceau : la repompe de Dream Theater sur le rythme de batterie, mais je chipote, car pour se rattraper le bassiste nous sort un petit solo de derrière les fagots, vous m'en direz des nouvelles ma bonne dame ! Fistful of Sand mérite aussi le détour pour son côté énergique même s'il me semble légèrement plus brouillon surtout sur la deuxième partie, on en profite donc un peu moins.
Comme tout album progressif qui se respecte, Redemption termine son œuvre par un morceau long Love Kills Us All / Life In One Day qui a de nombreuses résonances rock prog. On vogue entre démonstration technique et refrains un peu sirupeux. Dommage que le groupe ne se soit pas évertué à créer un tout cohérent et plus centré sur l'émotion. On a plus l'impression d'un collage habile que d'un morceau que l'on a tendance à nommer « épique ». Ce côté guimauve se retrouve sur plusieurs morceaux comme What Will You Say ? et quelques parties de Keep Breathing et font retomber le soufflé de chansons qui portent une réelle qualité musicale, j'en veux pour preuve les soli de Keep Breathing. Cet aspect hauts et bas déstabilise parfois l'auditeur que je suis.
Pour conclure, Redemption sait que le public attend leurs productions au tournant. Ils réussissent à attirer l'œil avec une pochette qui nous fait découvrir un Travis Smith simple et tout en symbole et à attirer l'oreille avec le son à la Hansen. Snowfall on Redemption Day va sans aucun doute plaire aux fans de progressif qui reconnaîtront en eux l'envie de composer une musique qui ne sort pas toujours des rails tracés par leurs grands frères du genre mais qui réussit à faire mouche. Dommage que le sentiment d'hétérogénéité règne sur tout le disque et estompe un peu le plaisir certain que l'on a avec la plupart des morceaux qui renferme une énergie que Redemption aurait tort de ne pas exploiter plus à l'avenir.
1. Peel
2. Walls
3. Leviathan Rising
4. Black And White World
5. Unformed
6. Keep Breathing
7. Another Day Dies
8. What Will You Say
9. Fistful Of Sand
10. Love Kills Us All / Life In One Day