Chronique Retour

Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Kylesa

Time Will Fuse Its Worth

LabelProsthetic Records
styleSludge/Stoner/Crust/Metal Psyché
formatAlbum
paysUSA
sortieoctobre 2006
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

« When does the tunnel fucking end ? »

2006, c'était l'année ou jamais pour Kylesa de décoller enfin. C'est avec cet album, en tout cas, que j'ai découvert le groupe et aussi parce qu'il a tourné avec Baroness début 2008. Pourtant, sur le moment, je n'ai pas su percevoir le potentiel du groupe en dehors des deux premiers morceaux bien massifs et ravageurs, « What Becomes An End » et « Hollow Severer ». Il a fallu que Static Tensions et surtout Spiral Shadow sortent pour que je puisse définitivement juger le groupe à sa juste valeur, elle d'une figure incontournable de la nouvelle vague du mouvement Sludge au sens large du terme avec Baroness.

Néanmoins, de comparaison il ne peut y avoir entre les deux groupes de Savannah. Les buts sont assez éloignés pour ainsi dire. Baroness est un groupe spirituel qui recherche avant tout la beauté dans sa musique au travers de mélodies alors que Kylesa est une formation beaucoup plus rageuse et qui possède des influences Punk/Crust bien plus ancrées et recherchant davantage la mélancolie, la tristesse, le brut de décoffrage.

Time Will Fuse Its Worth n'est pas aussi violent que l'album éponyme. On sent déjà que le groupe grandit de plus en plus et au delà dela musique bien hargneuse de ces précédents albums, il y a une recherche de plus de spiritualité qui se confirmera sur les albums suivants. A ce titre, Time Will Fuse Its Worth a tout de l'album charnière mariant les racines ravageuses avec une certaine grâce, voire même une grâce certaine. Une grâce qui se ressent aussi bien sur les introductions des morceaux par une musique assez douce - aussitôt contredit par une noirceur absolue dans l'ambiance - que dans la pachydermie des riffs d'une intensité incroyable. Cette violence du Crust et la lourdeur du Doom avec par dessus une grosse pincée de psychédélisme donnent à cet album un sentiment de souffrance par la suffocation. La crasse rentre par le nez et infeste nos poumons. Deux choix s'offrent à nous : Se battre comme Laura Pleasants et Corey Barhorst et gueuler du plus fort qu'on puisse pour évacuer cette crasse nous envahissant ou bien accepter son sort comme Phillip Cope et se lancer dans un chant plaintif à la limite du romantisme. Plus sérieusement, cette combination est aussi une idée remarquable renforçant d'un coté la violence et l'intensité de la musique et de l'autre, donnant un aspect humain fortement introspectif, triste et alarmant. Il y a du spleen dans le chant de Phillip.

Pour revenir sur l'intensité de la musique, j'aurais pu également parler des deux batteries mais à vrai dire, sur cet album, elles ne sont pas vraiment mises en valeur comme dans le futur. Si on ne le sait pas, on peut très bien ne pas se rendre compte même si sur « Intermission » et « Outro », on peut finir par le comprendre. Cependant, je pense que leurs cotés tribal et brut viennent de là. Au delà de ça, Kylesa a enfin le son qu'il mérite. Un son massif, un son suffoquant, un son qui rend bien hommage au travail du groupe sur Time Will Fuse Its Worth qui sonne bien plus "professionnel" que ses précédentes sorties.

Comme dit plus haut, Time Will Fuse Its Worth est l'album charnière du groupe, non pas au niveau du succès, mais bien au niveau de sa remise en question musicale. Tout est plus réfléchi et mieux produit, c'est aussi le début d'un sans faute niveau créativité jusqu'à Spiral Shadow pour le moment (on attend une prochaine mouture avec impatience).


Avec Kylesa, la crasse rime avec grâce.

1. Intro
2. What Becomes an End
3. Hollow Severer
4. Where the Horizon Unfolds
5. Between Silence and Sound
6. Intermission
7. Identity Defined
8. Ignore Anger
9. The Warning
10. Outro

Les autres chroniques