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Kylesa, c'est le fameux groupe aux deux batteries, au criard qui est ; en l'occurrence, une criarde et à qui l'on doit l'un des plus gros buzz de l'année 2009 avec Static Tensions qui avait connu un succès bien mérité. Le groupe a fait le choix d'enchainer très vite en allant de tournées en tournées et en sortant un album à peine un an après Static Tensions. Spiral Shadow sort en octobre 2010 mais n'apparaît pas comme un album surfant sur le succès d'estime de Static Tensions mais est une nouvelle fois avec Kylesa une belle prise de risques.
Les amateurs de la rage Hardcore du groupe auront de quoi être déçus. Plus le temps passe et plus Kylesa s'assagit. Les breaks invraisemblables de Kylesa ou de To Walk A Middle Course ont totalement disparus. La poisse des premiers opus a foutu le camp même si, pour autant, la production n'est pas dénuée d'âme et si Kylesa n'a pas perdu son identité à travers ses riffs lancinants, le son brut et les mélodies. Laura Pleasants, elle, ne crie quasiment plus à l'exception de la fin « Forsaken » et de « Cheating Synergy ». Non, désormais, la demoiselle chante et chante même très bien (à vérifier en live). Elle a une manière toute à elle de faire passer les émotions en chantant assez lentement comme pour hypnotiser l'auditeur. Et cela marche dans une musique où Kylesa a fait le parti pris d'effacer les influences les plus brutales du groupe (Crust, Hardcore) pour rendre sa musique plus psychédélique que jamais. Le résultat étant qu'on ne se laisse pas aussi facilement séduire par Spiral Shadow que par Time Will Fuse Its Worth ou Static Tensions et les premières chansons destructrices, très faciles à écouter. Les premières écoutes de Spiral Shadow s'apparentent à une semi-déception car nous nous retrouvons déstabiliser et hormis un « Don't Look Back » fédérateur et très inspiré qui a tout pour devenir l'hymne de Kylesa, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Mais grâce à ce tube, on s'oblige à revenir cet album pour le plaisir de retrouver le titre 5. Sauf qu'à force, la magie fait son effet et on est charmé par des titres plus calmes mais également beaucoup plus subtiles qui ne laissent entrevoir leurs potentiels qu'au fil des écoutes.
En fait, sur les albums récents, Kylesa avait deux facettes emboitées. Des morceaux bourrins, lourds et catchy et des morceaux plus lents et moins immédiats misant plus sur l'ambiance comme avec la deuxième partie de Static Tensions. Spiral Shadow reprend donc là où Static Tensions se terminait mais en poussant le concept d'ambiance un peu plus loin. Pour le style, on peut difficilement parler de Sludge qui n'est qu'un élément parmi d'autres d'un Metal Psychédélique bien crasseux. La rage et la rébellion ont laissé place à la mélancolie et à un certain mal de vivre que Laura et Phil Cope n'ont aucun mal à exprimer avec leurs chants respectifs.
Les influences ont changé. Hardcore, le groupe ne l'est plus du tout. Metal, c'est indéniable sur la lourdeur des leads de guitares et les intonations dans les voix (« Tired Climb », « Crowded Road » ou « Drop Out »). En revanche on retrouve des éléments propre aux années 80 et 90. Je pense au mal de vivre des scènes Post-Punk et New Wave (Killing Joke et Joy Division en tête). Si la parenté est évidente sans pour autant définir clairement Kylesa comme jouant de ces styles, sur « Back And Forth » et « Dust », le groupe ose franchir le pas qui l'en séparait.
Back And Forth » est un titre Post-Punk comme on n'en fait plus. A la fois simple mais raffiné et toujours subtil.
« Dust » est sans doute le titre le plus calme de l'histoire du groupe avec une grande importance donnée aux mélodies qui viennent créer une ambiance noire et vide mais qui a de quoi fasciner et montrer que Kylesa a encore de belles choses à proposer pour le futur.
« Don't Look Back » est un titre plein d'espoir mais qui cache toujours un mal de vivre. Il rappelle le milieu des années 90 avec des groupes de Rock très mélancolique comme The Smashing Pumpkins ou Nada Surf qui ont composé les hymnes des adolescents meurtris de l'époque. Nul doute que ce titre aurait eu le même succès que « Bullet With Butterfly Wings », « Creep » ou « Popular » s'il avait eu la chance d'exister un peu plus médiatiquement.
Kylesa n'est pourtant pas devenu un groupe pour minettes comme pourrait laisser présager mon paragraphe précédent. C'est un groupe qui prend des risques, laissant des fans sur le carreau qui malgré une recrudescence des mélodies n'aura jamais qu'un succès d'estime. Album plus calme et signature chez Season of Mist ne signifie pas forcément album moins bon.
Tout ceci, pour m'amener à conclure que Kylesa est toujours aussi régulier depuis trois albums qui sont tous différents mais tous aussi bons les uns que les autres sans que je parvienne vraiment à en détacher un. Kylesa a sa personnalité et sort de très bons albums mais sans pour autant crier au génie car, POUR MOI, il n'a pas encore sorti son chef d'œuvre.
C'est aussi un groupe qui grâce à ses influences pourtant bien digérées, nous permet de nous replonger dans nos vieux souvenirs et de redécouvrir les perles du passé que nous avions injustement oubliés. D'ailleurs, en ce moment, je redécouvre la mélancolie et la beauté de The Smashing Pumpkins. Rien que pour cela, cet album mérite d'être écouté.
01. Tired Climb
02. Cheating Synergy
03. Drop Out
04. Crowded Road
05. Don't Look Back
06. Distance Closing In
07. To Forget
08. Forsaken
09. Spiral Shadow
10. Back and Forth
11. Dust