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Invariablement, un phénomène de mode reste un élément éphémère d’un espace temps, plus ou moins espacé entre son commencement et son anéantissement, bien souvent dans les gouffres d’un oubli lamentablement collectif (tout autant que celui qui l’avait porté en haut de l’échelle).
Non sans une certaine animosité, voir même haine des plus radicaux, le metalcore fut et restera probablement à jamais un style banni des puristes, couplant une simplicité d’accès à une efficacité souvent vaine et superficiel, sans profondeur ni maitrise technique servant de support à une musicalité en berne. Les exemples sont si nombreux que les citer paraîtraient futile, en cette période d’expansion générale du mouvement…
Les plus braves parviennent à sortir d’une masse nauséabonde en s’adonnant à un mathcore explosif, technique et schizophrénique hérité des géniaux The Dillinger Escape Plan ou Protest the Hero, eux même très fortement influencés par le géant suédois Meshuggah. Les plus emprunts de mauvaise foi iront même jusqu’à dire que Meshuggah est l’instigateur de toute cette scène…mais ceci est une autre histoire.
Malgré cette agitation, les plus gros labels ne tarissent pas d’éloges sur ces jeunes loups aux dents longues, aussi jeunes que leur public, et donc un gage d’avenir (les labels oublient probablement la volatilité des fans de cette tranche d’âge). C’est ainsi que Architects, dès son second disque, déboula sur le monstre Century Media, aux côtés d’Arch Enemy, Nevermore, Dark Tranquillity, Aborted ou autres Firewind…
Cependant, "Ruins" avait alors quelque chose en plus, une certaine personnalité…une rage exacerbée…une créativité des plus intéressantes. Dans le sillage d’un Lamb of God survitaminé et ôté de ses vocaux insupportables, d’un Caliban plus ouvert ou d’un The Black Daliha Murder moins black, les britanniques d’Architects intégraient des éléments progressifs et hypnotiques tirés d’un Gojira alors en pleine explosion médiatique…et Architects s’élevait au dessus de la masse.
Suite à un "Hollow Crown" dans la même veine mais sans surprise, "The Here and Now", quatrième opus de la formation (toujours aussi « méchée ») s’annonçait comme point d’ancrage définitif à la personnalité concrète du combo. A moins que personnalité ne soit pas le terme adéquate au milieu de cet océan opiniâtre et boueux dont ils ne finiront finalement pas par s’extraire…
Riff brise-nuque, chant éraillé très maitrisé comme précédemment mais surtout une voix claire bien plus clean et adolescente que par le passé, symbolisée par le refrain et le pont (ridicule…) du premier morceau "Day in Day Out".
La production est aux petits oignons, puissante et terriblement efficace, au détail prêt qu’elle ne sert de support qu’à un vide consternant. "Learn to Live" s’enfonce dans un metal teenagers des plus insipide, sans créativité ni ambition, sans émotion ni envie, suivant le même sillon inlassablement utilisé par de multiples groupes ces dernières années, et délaissant l’aspect hypnotique, lourd et même parfois maladif de ce qui avait été le point fort de ses débuts (bordel mais c’est quoi ce refrain mièvre à la Still Remains ? Ce pont sur arpèges dégoulinant de caramel et de sucre liquoreux ? Ces pseudos chœurs ambitieux faisant penser à une auto-parodie de Queen couplé à un Bullet for my Valentine atrophié ?).
Si Architects retrouve parfois une verve salvatrice dans ses instants les plus brutaux, notamment dans "The Blues" sous acides auquel on regrettera toujours les interventions claires inutiles, surtout que Sam Carters (non, ce n’est pas le même que dans Urgences…) est bien meilleur dans ses vocaux hurlés, crus et arrachés, que dans des clairs trop banals et impersonnels, souvent vides, pour sortir d’un quelconque autre chant clair. "Stay Young Forever" (évoquons la profondeur des titres…) évolue également dans cette optique plus violente, aux relents parfois de Machine Head, laissant même entrevoir de nouveau ces riffs tournoyants, répétitifs et tranchants comme à la bonne époque de Ruins, tout en sachant que ça ne dure malheureusement que trois minutes (durée moyenne des morceaux).
Architects réussi tout de même le prodige de pondre une horreur sans nom (enfin si…"An Open Letter to Myself"), pseudo ballade tentant maladroitement de pompé un U2 s’accouplant difficilement avec un Muse bandé et perdu dans le noir (mais qu’est-ce que je fous là nom de dieu ? ??), essayant de véhiculer un énième déchirement intérieur au final grâce à une alternance vocale raté (les chœurs annihile complètement le potentiel de dualité entre les hurlements et le clean…).
Les britanniques ne sont désormais ni plus ni moins qu’un groupe de plus dans la masse si énorme et grouillante de groupes de musique qui, visiblement, n’apporteront jamais rien musicalement ou artistiquement. Ils sont aussi transparents que peut l’être le jeune musicien n’ayant d’autre ambition que de faire une musique basée sur une attitude et non une âme…"The Here and Now" est vide…techniquement convenable, parfaitement produit et distribué par un cadors des labels…mais ça n’en fera jamais un disque écoutable, et encore moins un dans lequel on choisirait d’investir les maigres deniers dédiés à l’achat d’albums. Des sorties bien plus primordiales nous attendent…des régularisations seront toujours possibles…mais promouvoir ceci serait un peu comme scier un peu plus la branche sur laquelle l’industrie musicale est assise…chose qu’elle fait elle-même admirablement bien…avec tellement de ferveur..
1. Day in Day Out
2. Learn to Live
3. Delete, Rewind
4. BTN
5. An Open Letter to Myself
6. The Blues
7. Red Eyes
8. Stay Young Forever
9. Heartburn
10. Year in Year Out / Up and Away