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Album

22 juin 2016 - Michael

Architects

All Our Gods Have Abandoned Us

LabelEpitaph Records
styleMetalcore
formatAlbum
paysGrande-Bretagne
sortiemai 2016
La note de
Michael
8/10


Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

En 2014, les Britanniques d’Architects sortaient leur sixième album studio intitulé Lost Forever // Lost Together qui nous avait convaincu par son intensité et sa richesse. Sans relative faiblesse et doté d’une production convaincante, il avait permis aux natifs de Brighton d’assoir un peu plus leur réputation dans la scène metalcore internationale, et de se hisser aux côtés des mastodontes du genre. Il faut dire que dans un milieu aussi concurrentiel, où le nivellement se fait généralement par le bas, Architects a su tirer son épingle du jeu avec un son et un style propre et particulièrement reconnaissable.

Mais il ne faut pas oublier que le groupe a par le passé connu des hauts et des bas. On peut notamment penser à la sortie du très fade The Here And Now qui avait succédé à l’excellent Hollow Crown. Si bien que lorsque le groupe a annoncé la sortie d’un nouvel album après deux ans passés à écumer les salles de concerts d’Europe et du monde entier, l’attente était tout aussi grande que la peur de voir le groupe se vautrer. Et, à la vérité, ce septième album intitulé All Our Gods Have Abandoned Us, bien que guère révolutionnaire, s’inscrit dans la droite lignée du précédent et vient continuer le travail de sape engagé par le groupe.

Dès l’écoute du premier titre, Nihilist, on comprend que cet album n’est pas l’occasion pour le groupe d’innover, mais simplement de peaufiner une musique qui le porte toujours de plus en plus haut. Mais un peaufinage qui peut par moment dérouter : non seulement l’album est un peu moins direct et accessible que son prédécesseur, mais il contient moins de passages catchys. Un peu plus de complexité dans les structures donc, les titres étant portés par des riffs relativement techniques et parfois alambiqués.

On comprend également que les grands maux du 21ème siècle sont à nouveau une source d’inspiration pour le groupe, et d’une haine et d’un désenchantement criés avec encore plus de vigueur par Sam Carter dont la prestation tout au long de l’album connait un nouveau pic. On pense notamment au titre d’ouverture Nihilist et sa diatribe contre la religion ou à Downfall, titre particulièrement véhément à l’encontre du système politique Britannique, comme avait pu l’être le titre Gravedigger dans le précédent opus. Mais Sam Carter nous surprend également sur le titre All Love Is Lost avec des passages plus remplis d’émotions que de haine pure.

A vrai dire, ce All Our Gods Have Abandoned Us est un album davantage sombre que les précédents opus et rempli d'émotions diverses, combinant atmosphères pesantes et paroles résolument tristes voire défaitistes (All love is lost, Gone With The Wind) chantées avec plus ou moins de hargne, même si le groupe semble toujours ouvrir la porte à un éventuel futur meilleur (Phantom Fear). Le travail de composition trouvant son apogée dans la très mélodique Memento Mori, longue de huit minutes, et qui demeure à ce jour le titre le plus abouti d'Architects pour ce qui est de la composition.

A cette écriture intelligente s’oppose néanmoins des riffs de guitare un peu convenus. L’accordage très bas n’aidant certes pas, mais on aurait aimé plus de variation et probablement un peu plus d’originalité. Sam Carter a su faire évoluer son chant et ses paroles au fil de sa carrière, tout comme d’ailleurs le jeu de basse particulièrement agréable et bien pensé comme sur Downfall par exemple. Les guitares de T. Searle et A. Christianson peinent en revanche à décoller et l’on termine l’écoute de cet album sans avoir le moindre riff en tête et avec le constat d’une guitare qui accompagne le flot sans apporter réellement sa pierre à l’édifice. De quoi suffire à passer un excellent moment à écouter ce très bon album très travaillé, mais qui déçoit un peu quand on voit à quel point le groupe est capable de proposer des riffs de qualité (Gravedigger en était l’exemple parfait).

Quoi qu’il en soit, Architects frappe fort avec cet album intense à tous égards. Nul doute que le groupe assoit encore davantage sa place parmi les meilleurs groupes du genre. Compte tenu du talent certain du groupe en live, on a déjà hâte de les voir sur scène interpréter ces nouveaux titres.

1. Nihilist
2. Deathwish
3. Phantom Fear
4. Downfall
5. Gone With The Wind
6. The Empty Hourglass
7. A Match Made In Heaven
8. Gravity
9. All Love is Lost
10. From The Wilderness
11. Memento Mori

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