
Conférence de presse Heavy Weekend @Paris
lundi 28 avril 2025
Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Mardi 19 avril, Horns Up a assisté à la conférence de presse du Heavy Weekend, menée par Matthieu Drouot, président directeur général de Gerard Drouot Productions. L'occasion pour la presse d'en savoir plus sur cette deuxième édition du festival qui se déroulera les 6, 7 et 8 juin prochains au Zénith de Nancy, mais aussi plus largement sur le positionnement du festival dans le paysage français. L'occasion également pour notre rédaction d'analyser un peu plus en détail ce nouveau venu sur le marché.
Un complément, pas un concurrent au Hellfest
Sans grande surprise, il a été grandement question du Hellfest lors de cette conférence de presse. Lorsqu'un gros festival se créé, les comparaisons avec le plus gros festival metal français sont légion et, rapidement, se pose la question du positionnement par rapport au monstre clissonnais. Sur ce point, Mathieu Drouot a joué la carte de la transparence – et de l'évidence – : le Heavy Weekend n'a pas vocation à concurrencer le Hellfest mais à compléter l'offre de festivals français, laquelle est en pleine expansion.
Et, à vrai dire, on comprend aisément ce positionnement : à côté des festivals que l'on pourrait appeler full service (campings, animations, programmations denses, etc.) qui pullulent en France (Hellfest, Motocultor¸ Xtreme Fest et Sylak pour ne citer que les plus gros), il paraît évident que le Heavy Weekend a sa carte à jouer dans un registre différent. En offrant « seulement » 12 concerts en trois jours dans un cadre plus confortable, il a de quoi séduire ceux que 40 concerts par jour rebutent, tant à cause du rythme que des choix que cela impose. De même, en programmant des groupes assez mainstream, il ne vient pas siphonner le public de festivals heavy metal aux affiches plus pointues et underground (Courts of Chaos, Pyrenean Warriors Open Air, pour ne citer qu'eux).
Pour l'heure, en tous cas, Matthieu Drouot a confirmé que le Heavy Weekend n'a pas vocation à grossir. La production cherche exclusivement à pérenniser le format, d'autant plus que le festival a été déficitaire la première année. Cette volonté se manifeste par la flexibilité du positionnement temporel du festival, qui pourrait à l'avenir changer de weekend au gré des tournées des groupes disponibles. D'après les dires de Matthieu Drouot, tout au plus le festival ne se retrouvera jamais le même weekend que le Hellfest et, idéalement, pas les weekends qui le jouxtent, pour d'évidentes raisons. En revanche, Matthieu Drouot le confirme : la ville de Nancy n'a pas été choisie au hasard mais pour la qualité de son zénith, en plus d'un amour personnel pour la région du Grand-Est. En somme, donc, nous avons eu la confirmation que le Heavy Weekend a bien vocation à y rester.
Une ouverture en dehors du heavy, pour rajeunir le public
Comme son nom l'indique, le Heavy Weekend est dédié au heavy metal. Mais on sait bien que heavy veut tout et rien dire. Pour cette année 2025, il semble clair que la ligne du festival est globalement demeurée la même : faire venir des mastodontes et newcomers de la scène heavy metal (Powerwolf, Saxon, Europe, Battle Beast, Adrien Vandenberg, Wings of Steel) et des genres approchants, tels que le hard rock (Europe, Nothing More) ou metal progressif (Dream Theater, Vanden Plas). Une affiche solide tout juste entâchée par le choix d'Iron Maiden d'opter pour les Eurockéennes, au grand désarroi de Matthieu Drouot. On peut le comprendre, à vrai dire, surtout à une époque où fréquents sont les fans de metal qui boudent les festivals généralistes programmant des gros groupes en raison des prix pratiqués et des affiches très hétérogènes qui ne leur conviennent pas.
Cette orientation très heavy de la programmation n'est toutefois manifestement pas gravée dans la roche. La journée du dimanche met ainsi en lumière une certaine ouverture vers des genres relativement plus modernes, comme le neo avec la grosse tête d'affiche du weekend, Slipknot, qui sera accompagnée pour l'occasion par Mass Hysteria et Rise of the Northstar. Un gros coup qui rend fier l'organisateur, marqueur d'une volonté non dissimulée de rajeunir l'affiche après une première édition portée par des têtes d'affiche établies mais particulièrement vieillissantes.
Autre tendance de fond assumée par Matthieu Drouot, faire de plus en plus la part belle à des groupes français. Deux représentants cette année, actant d'une tendance qui devrait a minima se maintenir dans les années qui suivent.
Des indices pour la programmation de 2026 ? Rien n'est mis sur le papier pour l'heure, si ce n'est que Manowar ne sera pas de la partie à en croire Matthieu Drouot, amusé, en réponse à une question en ce sens d'un confrère.
Des améliorations apportées à la première édition
Bien que portée par une structure plus que rompue à l'organisation de concerts, la première édition du Heavy Weekend n'a pas échappé à certaines critiques organisationnelles, comme tout nouveau venu qui essuie les plâtres. Interrogé notamment sur le nombre insuffisant de toilettes, Matthieu Drouot a indiqué que toutes les critiques remontées ont été prises en compte et que le nouveau site serait plus adapté à un public metal qui, à la vérité, a des habitudes de consommation différentes de certains autres publics. Il a également été mentionné que les accès PMR seraient davantage fluidifiés pour parvenir au meilleur accueil possible, étant précisé que les plateformes sont extrêmement bien placées sur le site contrairement à certains autres festivals, permettant à toutes les personnes concernées d'assister aux concerts dans les meilleures conditions.
Préoccupation grandissante dans la scène, la question des violences sexistes et sexuelles a également été évoquée. L'occasion pour Matthieu Drouot d'indiquer que le sujet est pris très au sérieux par l'organisation mais que, certainement en raison du format du festival, ils n'en ont pas eu signalement et qu'à ce jour il n'est pas prévu de faire intervenir des tiers ou des équipes spécialisées.
Enfin, question épineuse s'il en est, le prix des billets a été évoqué. Matthieu Drouot a indiqué que tout le monde était conscient du prix demandé pour trois jours – au demeurant en ligne avec le marché, quand on sait qu'il fallait près de 100 euros juste pour voir Slipknot il y a quelques semaines à Paris… – mais que le festival agit pour le rendre plus accessible en prévoyant notamment un tarif pour les étudiants et les moins de 30 ans, ainsi que des tarifs préférentiels pour les grands groupes.
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C'est après une session acoustique de Vanden Plas que cette conférence de presse s'est terminée. Exercice de style maîtrisé et volonté affichée de faire du Heavy Weekend un acteur majeur des festivals d'été. L'essai sera donc à transformer dans quelques semaines, devant les yeux de Horns Up qui ne manquera pas de vous gratifier d'un live report.
Remerciements à Gerard Drouot Productions, à Olivier Garnier (Replica Promotion) et à Yann Charles (photos).