Thy Art Is Murder + Fit For An Autopsy @ Nancy
L'Autre Canal - Nancy
"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
Si vous vouliez voir Thy Art Is Murder en France à l’occasion de sa courte tournée européenne de ce printemps, pas le choix, il fallait aller vers l’Est. Alors qu’il a tourné avec l’Impericon en Allemagne, Autriche et Suisse et qu’il a pointé le bout de son nez à Londres, le groupe australien n’a posé pied en France qu’à Nancy, à l’Autre Canal. Il était donc hors de question pour moi de louper ça, et je sais que certains auraient bien aimé être de la partie, mais la difficulté de trouver un train pour un jeudi, jour de grève en plus… Du coup, la date n’aura pas été sold out avant l’ouverture des portes, contrairement à la plupart des autres dates européennes. Tant pis et dommage surtout, mais ceux qui auront eu la possibilité d’être là, en auront eu pour leur argent. Voilà donc sur les terres nancéiennes le maître du deathcore le plus dark et le plus lourd. Et ce n’est pas tout vu que les Australiens sont accompagnés de ceux qui auront été leurs seconds en termes de « trve deathcore » il fut un temps, les américains de Fit For An Autopsy. Ça promet donc du fat, avec l’ajout de Fractal Universe en ouverture histoire d’élargir un peu la palette et de faire une bonne soirée. L’occasion pour moi de remettre les pieds à l’Autre Canal, et je crois bien que ça fait une éternité… La période covid et les kilos d’annulations qui ont suivi n’ayant pas offert de grandes occasions de se bouger en termes de concert metal.
Fractal Universe
Fractal Universe débute donc sur la grande scène. Et on pourrait croire qu’il s’agit juste du groupe local qui va ouvrir une soirée de metal extrême. D’une certaine manière, c’est le cas, mais rappelons tout de même que le groupe reste sur deux albums sortis sur Metal Blade ! On est donc dans un cran supérieur et Fractal Universe va montrer ses talents en termes de death technique et progressif à ceux qui ne les auraient pas encore vus. Commençant par le duo de hits « Sons of Ignorance » - « Oneiric Realisations », Fractal Universe sait comment accrocher son monde. Bon, même si la salle était déjà assez garnie, le public n’était pas encore chaud pour lancer quoi que ce soit. Ce début de soirée se sera donc fait en toute introspection, à l’image des morceaux plus aérés du dernier album des Lorrains, The Impassable Horizon (« Falls of the Earth », « A Clockwork Expectation »). Des passages plus techniques, feutrés, avec du chant clair et même du saxophone, c’est une première partie qui tranchera un peu avec la lourdeur absolue qui suivra, mais qui ne sera pas dénuée d’intérêt, bien au contraire. Fractal Universe maîtrise son sujet, et l’aura encore montré pendant cette demi-heure qui lui aura été allouée. Un groupe de death progressif intéressant et d’une grande finesse, à découvrir si ce n’est pas déjà fait.
Fit For An Autopsy
Fit For An Autopsy va prendre place et va bien assombrir l’ambiance. Mais je dois faire un aveu. Mon intérêt pour le groupe américain s’est envolé à partir de leur troisième album, Absolute Hope Absolute Hell. Parce qu’il commençait à trancher avec le deathcore écrasant et furibond de ses deux premiers albums, The Process Of Human Extermination et Hellbound. Pire encore, à partir de The Great Collapse, Fit For An Autopsy a terminé son virage vers un deathcore plus doux et très inspiré par Gojira. Depuis, leurs albums ne sont pas mauvais en soi, mais me laissent totalement de marbre. Mais malgré tout, une question se pose et me rassure : en étant confronté au patron qu’est Thy Art Is Murder, Fit For An Autopsy ne va-t-il pas être tenté d’alourdir son propos et de taper dans ce qu’il y a de plus efficace dans son répertoire ? Malgré un départ canon sur « A Higher Level of Hate », morceau le plus dynamique de son dernier album Oh What The Future Holds, la réponse est non. Fit For An Autopsy s’est plus étendu sur des morceaux relativement mélodiques de ses 3 derniers albums (« Savages », « The Sea of Tragic Beasts »…), terminant même sur du chant clair. Mais malgré tout, le charme a opéré. Pourquoi ? Parce que le groupe a quand même une certaine science pour balancer à chaque occasion des breakdows triple épaisseur, c’est ce qu’on attendait aussi et ça marche du tonnerre. Avec un son bien dodu, qui paraissait pourtant faible au début (surtout par rapport au set de Fractal Universe juste avant), mais qui s’est distingué par sa grande propreté et sa force de frappe façon « explosion sonique de basses ». On notera aussi la prestation XXL de Joe Badolato au chant, et on aura quand même eu le droit à un sacré enchaînement issu de Hellbound, « Do You See Him » et « Thank You Budd Dwyer », avec leurs breakdowns dévastateurs. Bon, j’avoue s’ils avaient joué en plus « Tremors », je me serai peut-être retrouvé en slip devant la scène, mais ils ne sont pas allés jusque là (et moi non plus du coup).
Thy Art Is Murder
Thy Art Is Murder arrive enfin, et je pense qu’à vue de l’ambiance qu’il pose en intro (bon, passé le morceau pop wtf pour nous faire patienter), entre lights d’apocalypse et pied de micro morbide, on sait à quoi s’attendre. Le groupe débarque et on sent qu’il n’est pas pour rigoler, à l’image d’un CJ McMahon encapuchonné et menaçant. Et ça ne plaisante effectivement pas, le début est sans concessions : « Reign of Darkness » - « The Purest Strain of Hate ». Boum. Deux gigantesques tubes (avec la participation du public pour les punchlines iconiques), et c’est déjà la branlée. Et alors que le groupe enchaîne sur l’inattendu « Vile Creations », je commence à me poser une question. La suite répondra donc à une info que j’avais visiblement zappée : oui, le groupe va jouer son cultissime album Hate, en intégralité et dans l’ordre, à l’occasion de ses 10 ans. Alors ça, ça fait plaisir. Déjà parce que ça reste leur meilleur album, et que c’est l’occasion d’entendre des bangers peut-être oubliés par le temps comme « Infinite Forms » ou « Dead Sun ». Des parties ultra véloces, des breakdowns fat, tout y sera, et là aussi on notera la prestation de CJ McMahon autrement plus violente et grasse que sur disque, avec des grunts particulièrement sévères, ce qui est même déroutant au début ; mais rajoute encore au côté dark du groupe qui balancera donc Hate d’une traite, sans temps mort si ce n’est un petit mot pour dire salut et un autre pour remercier les premiers groupes. Gros son (dans les mêmes conditions que Fit For An Autopsy), lights excellents (même s’il ne fallait pas être épileptique par moments, ‘viewer discretion is advised’ comme ils disent), tout était réuni et Thy Art Is Murder a tenu ses promesses. Sans chichis, le groupe a sauvagement ébranlé l’Autre Canal (qui s’y est donné à cœur joie au niveau des slams depuis le premier morceau de Fit For An Autopsy d’ailleurs) et a confirmé son statut de monstre de trve deathcore.
Naturellement, en tant que tête d’affiche le groupe avait du temps pour aller au-delà de Hate et s’est présenté pour un rappel histoire de proposer quelques pistes de ses 3 albums suivants. Mais stupeur : alors que le groupe venait de démarrer « Death Squad Anthem », la disto est tombée en panne au bout de quelques riffs, laissant place à une situation un poil gênante. Un peu hébété, le groupe prendra alors le temps de régler ses problèmes de son, avec philosophie et bonne humeur malgré tout. Sans clic pour terminer le set promis, Thy Art Is Murder lancera alors une paire de morceaux pour terminer, en version « raw » mais finalement sans fausse note, avec le fédérateur « Holy War » et le très méchant « Puppet Master ». C’est vrai qu’on en aurait aimé plus, et avec le recul peut-être qu’un set amputé de certains morceaux de Hate pour laisser place à d’autres tubes des trois derniers albums aurait pu être encore plus satisfaisant. Mais le choix a été fait et Thy Art Is Murder n’a pas eu besoin de plus pour convaincre, à coups de deathcore bien evil comme il faut. Il fallait donc être à Nancy pour fêter cet anniversaire, mais les regrets vont s’estomper bien vite : le groupe nous a annoncé que son nouvel album était bouclé, pour une sortie en septembre suivie d’une tournée en octobre. Alors la session de rattrapage, c’est pour bientôt, et il ne faudra pas louper la prochaine venue sur scène des patrons du deathcore de la HAINE.
Big up à Metal Ride pour l'organisation!