REVUE D'ACTU #33 : Portal, Karma to Burn, Timo Tolkki, Vildhjarta, At The Gates...
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
De la noirceur extrême de Portal aux shreds surpersoniques de Timo Tolkki, cette nouvelle édition de la Revue d'actu fait le grand écart ! On y évoque également du mouvement du côté d'AmenRa, un nouvel album d'At The Gates, la montée en puissance de Fractal Universe et moult autres gourmandises saturées. Et malheureusement un détour par la case nécrologie également, avec le décès de Will Mecum (Karma to Burn). Bonne lecture et bonne écoute !
AmenRa
Malice : Un nouvel album des Courtraisiens d'AmenRa est toujours un événement et si rien n'indique à coup sûr que c'est ce qui est teasé par le groupe pour ce 4 mai, les étoiles semblent alignées pour qu'un coin du voile se lève la semaine prochaine sur le successeur de Mass VI. Ce dernier album, plus "accessible", a fait passer AmenRa dans une autre dimension, touchant une audience plus large et tournant plus que jamais, sans pour autant faire de concessions sur une démarche restée authentique. Quatre ans plus tard, après avoir multiplié les concerts événementiels et même proposé une nouvelle tournée acoustique, AmenRa semble enfin décidé à entamer un nouveau chapitre de sa superbe carrière, cette fois sur Relapse Records qui s'est chargé du teaser, et on y sera très attentif.
Timo Tolkki's Avalon
Storyteller : Timo Tolkki, guitar hero de Stratovarius, se taille une carrière solo avec son groupe Avalon. Enfin plutôt Timo Tolkki’s Avalon, juste pour bien montrer que les shredders dans son genre ont toujours eu un petit problème d’ego. Nouvel album prévu pour 2021 et ici nous avons "Master of Hell", premier extrait avec Raphael Mendes au chant. Vous serez bluffés d’entendre à quel point son timbre vocal ressemble à celui d’un certain Bruce Dickinson. Il ne s’en cache pas et en joue, puisqu’il fait des covers de groupes de heavy avec le titre : « et si (Dragonforce / Megadeth / Angra…) était chanté par Bruce ». Le procédé est assez amusant et Tolkki en a flairé le potentiel et l’a intégré dans son équipe de chanteurs aux côtés de James Labrie, de Fabio Lione ou de la star de Youtube Pellek. On voit dans quel trou sans fin l’amour-propre du guitariste est tombé. En dehors de ces considérations qui ne font pas honneur au musicien qu’il est, le titre est un bon morceau de heavy, assez classique mais qui fonctionne bien. On l’écoute avec plaisir, sans penser qu’il va révolutionner le paysage. Le clip est aussi incompréhensible que cliché : une histoire étrange en lien pas très direct avec le titre (un berger, avec un cochon, qui donne un coup de pied dans un caillou…), il n’y a que deux musiciens et des couleurs apocalyptiques. Vous aurez donc compris qu’il ne faut y aller que pour la musique. Suite des événements la 18 juin avec la sortie de The Enigma Birth chez Frontiers Music.
Karma To Burn
Di Sab : Le 29 avril, nous avons appris le décès de Will Mecum, guitariste et dernier membre fondateur de Karma To Burn des suites d’un accident domestique. Avec lui, c’est une partie d’une vision belle et de plus en plus rare du rock au sens large qui disparaît. Une musique sans fioriture, généreuse, jouée par des gens simples. Parce que Karma to Burn c’était ça. C’était descendre des amplis dans une salle moite, les allumer, jouer des riffs, les éteindre, les déplacer de quelques kilomètres et recommencer. En festival ou dans un bar, la dévotion était constante, le cœur y était toujours. On peut ne pas être réceptif à la musique, à cet enchaînement constant de riffs très typés stoner rock (même si Almost Heathen et Wild Wonderful Purgatory sont des classiques du genre) mais l’attitude de Will et de son groupe mérite d’être salué dans toutes les sphères. R.I.P.
Dordeduh
Circé : ZSK avait, lors de la précédente revue d'actualité, déjà évoqué le retour de Dordeduh après 9 ans d'absence. Et pour bien marquer ce retour en force des ex-Negura Bunget face à Sur Austru, autre “héritier” de la formation culte qu'est Negura Bunget, les roumains ont semble t-il décidé de lâcher un certains nombres d'extraits en amont de la sortie de l'album. Celle-ci se rapproche pourtant, pusiqu'Har sortira le 14 mai. Les deux premiers extraits marquaient un changement de direction profond vers un black metal plus moderne, plus progressif, délaissant les incantations et les riffs raw pour une approche beaucoup plus Enslaved-ienne. Ce troisième extrait s'axe lui sur des influences beaucoup plus doom, avec une lente progression soutenue par des synthés en fond et sur laquelle viennent se poser des guitares vaguement mélodiques. Une ambiance légèrement cosmique qui peut rappeler par moments les groupes les plus atmosphériques de la scène BM Islandaise mais avec ici une approche résolument plus lumineuse. Le chant gutural de la première moitié laisse également la place à une voix claire très Herbrand Larsen... Avant de finir sur un dernier segment beaucoup plus rentre-dedans qui prend par surprise. Si, comme sur les extraits précédents, j'y trouve quelques longueurs, ce nouveau Dordeduh s'annonce comme un album plus personnel mêlant leurs influences black, prog, doom et folk, et qui sera probablement plein de surprises.
Thy Catafalque
ZSK : On le sait, Thy Catafalque est du genre productif et c’est donc qu’un an et demi après Naiv, un nouvel album (son 10ème !) nommé Vadak nous sera proposé à la fin juin. Après un premier single classique mais toujours convaincant ("Piros-Sárga"), Thy Catafalque a profité du Roadburn Redux pour nous dévoiler en avant-première un second extrait, déjà remis en ligne par son label Season of Mist. Et le moins qu’on puisse dire c’est que nous avons ici affaire à du grand Thy Catafalque. "Szarvas", qui ouvrira l’album, est tout simplement digne des meilleurs openers d’albums du projet, même si c’est un morceau assez court. Le départ électronique est fabuleux, et on prend vite des tournants extrêmes avec un Tamás Kátai qui s’égosille comme au beau vieux temps. Je pense même à un "Csillagkohó" par moments ! Mais malgré tout le morceau se finit de manière plus originale, avec des chants clairs et un solo de guitare inattendu, prouvant que Thy Catafalque a encore et toujours de la ressource. Après un excellent Naiv, on constate que le projet hongrois semble toujours en forme et surfe sur un regain de créativité. On a donc hâte de voir ce que ce 10ème album va nous réserver !
Vildhjarta
ZSK : C’est un moment que l’on attend… eh bien, depuis dix ans, date de la sortie de Måsstaden. Le grand retour de Vildhjarta, un des pionniers du Djent qui avait pourtant dès son premier album pris une direction particulière, celle d’un Djent noir, glauque et dissonant. Un EP était sorti dans la foulée (Thousands Of Evils, 2013) mais depuis, peu de nouvelles de Suède si ce n’est quelques posts énigmatiques toujours à base de « thall ». Toutefois, les choses vont peut-être maintenant s’accélérer… Enfin, c’est déjà ce qu’on avait cru en novembre 2019 à la sortie du single "Den Helige Anden", mais peau de zob. Voilà donc à nouveau un single inédit à se mettre sous la dent, sans aucune annonce d’album concrète quand bien même c’est Century Media qui régale, nous avons juste le droit à une mention encore bien curieuse de « Måsstaden Under Vatten, 2021 ». On va encore devoir attendre pour en savoir plus mais cet imprononçable "När de du Älskar Kommer Tillbaka från de Döda", c’est du lourd. On retrouve tout ce qui fait les particularités du Djent de Vildhjarta, toujours aussi déstructuré, dissonant et parsemé de cassures inattendues, et pétri de cette ambiance mystique et forestière, avec ici des écarts de voix surprenants qui laissent passer quelques mélodies au milieu du kaos. 4 minutes qui font bien plaisir et un énième « retour » du plus bizarre et atypique des groupes de Djent, qui on espère sera suivi d’autres morceaux (allez les gars, au moins un EP quoi…) le plus tôt possible. En attendant, vous pouvez vous (re)faire les stuffs de Stoort Neer (projet parallèle de Calle Thomér qui joue aussi dans Humanity’s Last Breath au passage) pour votre dose de Math-dissonance torturée.
Fractal Universe
ZSK : Ooooh Fractal Universe… tu es la fierté de la Lorraine… bon avec Deficiency mais Fractal Universe va tout de même signer son deuxième album chez l’illustre Metal Blade le 25 juin prochain. The Impassable Horizon devra entériner la qualité de son prédécesseur Rhizomes Of Insanity (2019) et on peut déjà dire qu’on a confiance dans le quatuor pour franchir ce cap. Avec ce premier single "A Clockwork Expectation", on constate déjà que les choses ne bougent pas. Fractal Universe donne toujours dans un Tech-Death à la Obscura très aéré. Ce qui surprend d’ailleurs, outre cette intervention fulgurante et inattendue du saxophone en bout de course, c’est que le chant clair est nettement privilégié, et comme à l’époque de Rhizomes Of Insanity, il faut repasser par un petit temps d’adaptation. Fractal Universe pratique donc toujours un Tech-Death-prog très raffiné, toujours très qualitatif, et assez personnel dans son côté plus doux même si les influences sont évidentes. On a donc déjà hâte d’entendre la suite et de voir jusqu’où les Lorrains vont parvenir à se hisser !
At The Gates
ZSK : Pour un groupe qui initialement ne souhaitait pas sortir d’album studio après sa reformation, on va mine de rien arriver à 3 albums en 8 ans… Bref, les portes vont à nouveau se réouvrir le 2 juillet prochain, avec un The Nightmare Of Being qui va succéder au correct To Drink From The Night Itself (2018) qui lui-même succédait à l’excellent At War With Reality (2014). Et ce premier single, bardé d’une intro assez interminable, montre que pas grand-chose ne change du côté d’At The Gates. On est toujours dans un registre assez enlevé et mélodique, même si des riffs plus lourds/Death ou plus tranchants/Thrash se font bien sûr entendre. Du pur At The Gates, sans aucune surprise, pas passéiste mais pas franchement moderne non plus. Seul bémol, Tompa ne semble pas très en voix pour le moment, et ça risque d’être rédhibitoire sur un album complet. Le soufflé est peut-être retombé depuis la sortie d’At War With Reality - album qui n’avait pas fait l’unanimité non plus ; reste à voir si At The Gates - avec un seul des frères Björler désormais - restera inspiré pour livrer un album correct avec au moins quelques bons morceaux, et plus si affinités. Ça serait déjà sympathique pour un groupe qui a dépassé les 30 ans d’âge…
Night Crowned
ZSK : Restant sur un très bon Impius Viam sorti l’an dernier, Night Crowned ne chôme décidemment pas vu qu’un an et demi après sa sortie, les Suédois vont déjà lui donner un successeur. Hädanfärd sera donc attendu en bacs le 9 juillet, toujours via Noble Demon. Et voici une première mise en bouche avec "Nattkrönt" pour, vous l’aurez peut-être remarqué et compris, un album qui aura la particularité d’être entièrement interprété en langue suédoise. Pour la musique, rien ne bouge, nous sommes toujours en présence d’un Black/Death assez rapide et agressif mais malgré tout très mélodique. C’est d’ailleurs sur ce point que ce single se démarque, car après un départ il faut le dire un peu bordélique, dès que les leads se pointent, le véritable potentiel et les talents de Night Crowned se font bien sentir. Outre le Metal extrême néanmoins efficace, le groupe réussit déjà à nous emporter grâce à ces mélodies gracieuses et ces trémolos à couper le souffle, à l’image déjà d’un magnifique morceau comme "Unholy Path" sur l’album précédent. A noter aussi la présence de voix claires plutôt convaincantes, même si ce n’est pas une nouveauté pour le groupe. Bref, pour les amateurs de pur Metal suédois, c’est une sortie à suivre de près.
Portal
S.A.D.E : Il y a des groupes qui fascinent autant qu'ils effraient. Dans mon cas, les têtes de liste de cette catégorie sont Gnaw Their Tongues et Portal. Avec ses allures de musique venant d'un autre monde, noir et grouillant, le death metal dissonant et expérimental des Australiens réveille en moi terreur et obsession. Et le premier extrait dévoilé par le groupe pour préparer le terrain de son prochain album, Avow qui sortira le 28 mai prochain toujours chez Profound Lore Records, démontre que cela n'est pas près de changer. La masse sonore est toujours aussi dense et compacte, difficile à lire tant les couches et notes déferlent. L'asphyxie est continue d'un bout à l'autre du titre, tout du chant à la production est conçu pour vous étouffer. D'autant plus sur la dernière partie où le tempo se fait plus lent mais où l'étreinte maléfique de The Curator et ses comparses ne faiblit pas un instant. Pas de grand changement à l'horizon avec ce premier extrait, mais une nouvelle confirmation de la constance des Australiens dans les arts obscurs et hostiles.