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jeudi 3 avril 2025

Gorgoroth + Aeternus + Death Rattle + Archaic @Paris

Petit Bain - Paris

Varulven

"The sound of falling, when the pictures are moving"

La fin du mois de mars me voit retourner à ma salle parisienne favorite, pour une nouvelle soirée anniversaire d’un groupe culte de black metal norvégien. Après Kampfar en octobre dernier, c’est au tour de Gorgoroth de venir déchaîner les Enfers sur la barge Petit Bain. Pour célébrer leurs 33 ans de carrière, Infernus et ses mercenaires sont accompagnés de leurs compatriotes d'Aeternus, mais aussi de deux petites surprises éloignées du black metal ; les Américains de Death Rattle et les Hongrois d’Archaic, qui œuvrent respectivement dans le groove et le thrash metal. Un plateau qui a de quoi surprendre, compte tenu du thème nostalgique de la tournée et de l’aura old school et culte des deux co-têtes d’affiche. Voyons donc si tout cela a porté ses fruits…

Crédits photos : Catherine Do de Detox Photograpy

 

Archaic

C’est avec Archaic, groupe de thrash metal hongrois, que commencent les hostilités. Apparemment invités par Gorgoroth, le quatuor présente un thrash assez moderne, proche des derniers albums de Testament. Si le thrash pur et dur n’est pas vraiment ma tasse de thé dans sa forme old school, il l’est encore moins dans son approche plus moderne. Le groupe a beau montrer une très belle énergie et nous balancer des riffs massifs à tour de bras, je reste globalement assez hermétique aux groupes ayant une approche uniquement basée sur la rythmique et le coté compact de la musique. Sans surprise, je n’ai jamais réussi à rentrer suffisamment dans le concert pour y trouver quelque chose d'intéressant. Tant pis, c’est la vie.

 

Death Rattle

Avec ce que je viens de dire plus haut, je ne m’attends pas à être plus positif sur Death Rattle. En officiant dans un groove metal typiquement américain dans la veine Pantera/Lamb of God, on pouvait craindre une suite de clichés du groupe de tough guys qui veulent juste casser des bouches avec leurs gros bras. Et… c’est un peu cela. Death Rattle a toutes les caractéristiques du style : gros riffs bien groovy, attitude d’entertainers et moshparts de bûcherons. Mais tout en parvenant à y ajouter une certaine attitude décontractée et amicale, qui amène un peu de fraîcheur dans un groove metal qui carbure (un peu trop) à la testostérone. Et c’est ce compromis entre comportement plus détendu et musique faite pour la bagarre qui fait que cela fonctionne sur moi. Cela rend Death Rattle appréciable pour ce qu’il est : un groupe simple, qui ne s’embête pas de chichis et qui fonce droit devant.

Setlist :
Immersed in The Black
Order Within Chaos
Sentenced to Hell
Malthusian Dependency
Love and War
The Darkness

 

Aeternus

Le pari de mettre deux groupes « modernes » en ouverture d’une tournée black metal fut osé, il faut le dire. Et s’il a fonctionné en partie, grâce à l’énergie positive dégagée par Death Rattle, on est tout de même contents de revenir à des choses plus sombres et souterraines. Souterrain est le bon adjectif pour parler de la musique d’Aeternus. Du groupe emmené par Ares, je connais surtout les deux premières sorties, l’EP Dark Sorcery et l’album Beyond the Wandering Moon. Soit leur facette la plus ouverte, offrant un mélange entre froideur du black norvégien, lourdeur du death et quelques incursions rampantes proches du doom. Et alors que le death metal se taille désormais la part du lion sur ses derniers disques, on le ressent aussi sur la scène de Petit Bain.

Aeternus distille durant ses huit morceaux des riffs suffocants qui dégagent une atmosphère profondément occulte. On baigne alors dans un fourmillant magma atrabilaire pendant tout le show, dans lequel on distingue tout de même des nuances. À travers la majesté solennelle des extraits de ...And the Seventh His Soul Detesteth, qui évoquerait presque une version épurée d’Immolation. Mais aussi et surtout grâce aux touches épiques du petit dernier Philosopher, sublimées par des arpèges et des mélodies plus aériennes, sans en perdre leur sombre nature. Sombre nature qui est entretenue par ce que dégagent les musiciens sur scène. Un mélange de sérénité, d’autorité et de décontraction qui montre tout le professionnalisme, la mesure et la justesse de la formation norvégienne, qui aura su remplir son rôle de co-tête d'affiche. Et raviver ainsi mon envie de creuser davantage sa discographie.

Setlist :
Raven and Blood
There's No Wine Like the Bloods Crimson
Existensialist Hunter
There Will Be None
Hedning
The Confusion of Tongues
World Bleak Nepotism
Sworn Revenge

 

Gorgoroth

Bien qu’ayant construit mon intérêt pour le black metal autour des scènes scandinaves, et notamment la classique seconde vague norvégienne, j’ai pendant longtemps négligé Gorgoroth. Hormis la période Gaahl, j’avais une certaine réserve quant à l’intérêt du reste de la discographie, et ne voyait ces premières œuvres que comme celles d’un énième groupe norvégien enfermé dans un carcan satanique et blasphématoire désormais trop étriqué. Comme je me trompais. Derrière cette idée reçue, se cachait en réalité des albums qui combinent plusieurs ingrédients de ce qui a fait le sel du black metal norvégien il y a plus de 30 ans. Un côté éraillé et viscéral pour Under The Sign of Hell et Destroyer, mais aussi low fi et éthéré d’un Antichrist et d’un Pentagram. Une redécouverte tardive certes, mais suffisamment importante pour donner l’envie de voir ce qu’ Infernus et les autres avaient encore sous le pied en 2025.

Alors oui, c’est vrai. On ne peut nier le caractère quelque peu « démodé » et « has been » typé des années 90/2000 des Norvégiens quand on voit arriver des quinquagénaires maquillés et cloutés à n’en plus finir. Et constater que l’âge se fait sentir à quelques occasions sur certaines parties les plus véloces. Mais, passé ces petits détails, c’est l’efficacité des morceaux qui finit par primer sur tout le reste. Pour faire honneur au label anniversaire placardé sur l'affiche, le groupe de Bergen revisite tous ses albums, à l'exception de Ad Majorem Sathanas Gloriam.

Gorgoroth parvient à compenser un certain stoïcisme scénique par une puissance à la fois maîtrisée et chaotique. Un chaos sous contrôle caractérisé par le vocaliste Hoest, éternel remplaçant d'Atterigner en live ; il arrive à susciter déférence et effroi lors de chaque cri qu'il vocifère. On a donc droit aux différentes facettes de la formation à travers ces quatorze titres. La furie haineuse de "Revelation of Doom" et"Destroyer", l'énergie rock'n'roll d'"Aneuthanasia" et "Cleansing Fire", la nostalgie folkisante de "Bergtrollets Hevn" et "Gorgoroth" font toujours mouche en nous décrochant les cervicales. Avant que, surprise, deux extraits d'Incipit Satan ne déboulent pour nous achever de leur brutalité assassine. En un peu plus d'une heure, Gorgoroth aura montré que, malgré son manque d'intérêt depuis 15 ans en studio, il n'était pas encore prêt à se laisser enterrer sur les scènes de l'Europe entière. 

Setlist :
Bergtrollets Hevn
Aneuthanasia
Gorgoroth
Katharinas Bortgang
Revelation of Doom
Forces of Satan Storms
Ødeleggelse og undergang
Blood Stains the Circle
​Cleansing Fire
Destroyer
Incipit Satan
Krig
Kala Brahman
Unchain My Heart!!!

 

Un grand merci aux groupes pour leurs prestations et à Garmonbozia pour l'accréditaion. 

Et à Catherine Do de Detox Photography pour m'avoir permis d'utiliser ses photos.